Militant politique, Samuel ? Même pas. Trainant son malaise, sa solitude et ses complexes dans des groupes violents, il passe le temps en tentant d’effrayer les braves gens, et si possible les Arabes et les Noirs. D’autant que sa petite bande de néo-nazis s’agite dans de minuscules périmètres ou l’adversaire est rarement supérieur en nombre. Musicien confidentiel, Sam joue évidemment du "rock identitaire", et boit sans modération.
À force de chercher le coup d’éclat, cette provocation qui lui rapporte un misérable galon dans la hiérarchie fasciste, il se trouve mêlé à une affaire de meurtre. Prison, rejet de la famille. La descente aux enfer commence...
C’est bien sa propre jeunesse que décrit David Cenou, qui, de retour de l’armée, a rejoint le mouvement skinhead bordelais. Les partis mentionnés, les noms de groupes, l’organisation, les infiltrations au FN et dans les manifs, tout cela sonne juste.
Un petit bémol tout de même : le dessin, qui se cantonne à une esthétique fanzine, et les voix-off présentées en narratifs un peu trop élégants au regard du personnage qui s’exprime, un oisif peu lettré et sans finesse.
Si la France n’est pas le pays le plus inquiétant en matière de racisme militant [1], un tel travail aiguille la vigilance citoyenne, et tout en dressant un portrait pathétique de ces groupuscules, prouve à quel point ils sont manipulables et au bout du compte, désespérés.
(par David TAUGIS)
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