Bien avant d’être Président de la République, François Mitterrand a connu une carrière de ministre sous la quatrième République. Une période durant laquelle sa vie, privée comme publique, est très mouvementée. Quant au contexte politique, il se situe au croisement de deux guerres liées à la décolonisation : Indochine, puis Algérie. Un épisode de quelques années qui aura permis à Mitterrand de peaufiner son sens tactique et son discours politique.
Un album tout en dialogues, à l’ambiance rétro noir et blanc d’une grande précision de trait et de nuances de gris. Patrick Rotman, historien des gauches et analyste de la génération "Mai 68" ne ménage pas Mitterrand : coureur de jupons maladif, calculateur, imbu de lui-même, aux limites du cynisme... En bon rocardien passé par l’extrême-gauche, l’auteur présente un futur Président en carnassier du pouvoir. Les faits sont réels, évidemment, des rendez-vous secrets dans les arrières-salles à ce vrai-faux attentat incroyable survenu en 1959 (affaire dite de l’Observatoire).
Entre les tonton-dolâtres [1] (Jacques Attali, Jack Lang, le chanteur Renaud) qui alimentent la légende [2] et ce récit à charge, reste le mystère d’un homme politique au charisme particulier, littéraire accompli et leader de la gauche incontesté dès les années 1970. Les pages sont parfois un peu denses, et le dessin de Jeanne Puchol ne réussit que rarement à saisir Mitterrand. Il en devient plus romanesque, et même plus statufié.
(par David TAUGIS)
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[1] Tonton était le surnom donné au président par son service de sécurité, repris ensuite par Le Canard Enchaîné puis par les sympathisants socialistes. Renaud utilisa ce surnom pour sa chanson consacrée au président.
[2] la France a fêté les 40 ans de son accession à l’Élysée en mai 2021.