Dans un futur lointain, les réserves énergétiques de la Terre ont été épuisées. Les humains partent trouver de nouvelles ressources minérales aux confins de l’univers. De nombreux vaisseaux cargos sillonnent le cosmos à la recherche d’astéroïdes dont les minerais sont ensuite extraits sur la station spatiale New Bedford, avant d’être renvoyés sur Terre. Un jeune informaticien, Ismael, cherche à s’engager sur un de ces vaisseaux. Après avoir fait la connaissance de Queequeg, un harponneur expérimenté, il s’engage avec lui à bord du Péquod. Aux commandes de l’astronef, le capitaine Achab est réputé pour être le meilleur chasseur d’étoiles. Cet homme n’a qu’une seule obsession : retrouver "Moby Dick", la gigantesque comète blanche qui, jadis, a détruit son vaisseau, le laissant seul rescapé de son équipage, avec une jambe en moins et le visage défiguré. Depuis lors, sa revanche personnelle envers cette comète prime sur tout le reste...
Lorsque Melville publia Moby Dick en 1851, les critiques américains accueillirent le livre comme une vulgaire bluette saupoudrée d’exotisme. Résultat : le fiasco. En deux ans, l’odyssée du capitaine Achab ne dépassa pas les 2 700 exemplaires... Heureusement, le temps a permis de faire émerger ce chef-d’œuvre de la littérature mondiale.
L’œuvre, roman d’aventures réaliste, renferme une série de méditations sur la condition humaine. Tout au long de ses pages, la chasse à la baleine est une grandiose métaphore de la quête de la connaissance. Certes, le roman de Melville est philosophique, mais il est également tragique. En dépit de son héroïsme, Achab est condamné et peut-être même damné.
L’adaptation de Jean-Pierre Pécau (Nash, Zentak, Arcanes, Little Blade) est assez fidèle et son postulat de départ (remplacer les baleiniers par des vaisseaux spatiaux et la baleine blanche par une comète) est cohérent. Le scénariste engage le lecteur dans un fantastique et périlleux voyage. La transposition du livre à la bande dessinée est aussi réussie, dans son genre, que l’adaptation cinématographique de John Huston.
Le graphisme du croate Zeljko Pahek explose littéralement, notamment lorsqu’il s’agit de dessiner le cosmos et les stations orbitales. Certaines cases sont époustouflantes. Par contre, le recours à l’informatique pour dessiner (coloriser ? déformer ?) les astéroïdes crée une rupture graphique avec le reste de l’album. Les couleurs appliquées directement sur les crayonnés sont de qualité inégale. Mais l’ensemble vaut tout de même le détour.
Les auteurs et l’éditeur ont la bonne idée de nous proposer la fin de ce diptyque dès le mois de septembre. Si l’œuvre originelle ne fût reconnue que tardivement, gageons qu’il n’en sera pas de même pour cette intéressante adaptation.
(par Laurent Boileau)
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