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Modigliani et Saint Phalle sont dans une bande dessinée...

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 6 octobre 2014                      Lien  
Après la parution d'un 3e volume de la vie de Picasso, "Pablo", chez Dargaud, voici que les celles de Modigliani et de Niki de Saint Phalle paraissent chez Casterman.
Modigliani et Saint Phalle sont dans une bande dessinée...
Modigliani, prince de la bohème par Laurent Seksik & Fabrice Le Henanff (Casterman)

Il y avait eu le Pascin (L’Association) et le Chagall (Dargaud) de Joann Sfar, le Gauguin de Bruno Le Floc’h (Ouest France) ou celui de Li-An & Laurence Croix (Vents d’Ouest), le Rembrandt de Denis Deprez (Casterman), le Dali de Baudoin (Dupuis), le Klee de Christophe Badoux (La Joie de Lire), le Cabaret des muses de Toulouse-Lautrec par Gradimir Smudja (Delcourt) ou le Vincent et Van Gogh du même, et enfin le récent Pablo de Julie Birmant & Clément Oubrerie (Dargaud)... La vie des grands peintres est devenue un vrai sujet pour les auteurs de bande dessinée.

Rien d’étonnant : le deuxième des Beaux-Arts fascine les dessinateurs par la force de sidération de ses images, mais surtout par la capacité de la peinture à transformer le regard de ses contemporains. Dans un des paradoxes dont il était coutumier à la fin de sa vie, Oscar Wilde affirmait que "la nature imite l’art". Devant l’incrédulité de ses interlocuteurs qui pensaient plutôt que l’art imitait la nature, il expliquait qu’à partir du moment où l’on voyait une peinture de Whistler représentant le smog descendant sur la Tamise, on ne pouvait plus imaginer Londres autrement. Pour lui, la démonstration était faite : la nature imitait bien l’art...

Le danger, lorsque des auteurs de bande dessinée se saisissent ainsi de l’œuvre des peintres, c’est qu’ils obtiennent le même résultat que Whistler opérant sur la Tamise, qu’ils en changent totalement la vision. Pour le meilleur ou pour le pire, car rares sont ceux qui, comme Wilde, laissent le talent dans leur œuvre et réservent le génie à leur vie. Heureusement, certains auteurs, je pense à Sfar sur Pascin ou à Gradimir Smudja sur Toulouse-Lautrec, arrivent à s’abstraire de leur sujet et à faire d’une accumulation de faits, un conte.

Modigliani, prince de la bohème par Laurent Seksik & Fabrice Le Henanff (Casterman)

Les auteurs de Modigliani, prince de la bohème (Casterman) y arrivent-ils ? Un peu. En littérateur, Laurent Seksik sait user des mots pour rebondir d’ellipse en ellipse, synthétiser et précipiter les faits en anecdotes saillantes. Mais en dépit de l’évidente qualité du dessin de Fabrice Le Henanff, on ne reconnaît pas Modigliani dans ce portrait, de la même façon que Narcisse ne se distingue pas dans une eau troublée. Cela n’a rien de rationnel, l’exécution est parfaite et même talentueuse, mais pour le coup, la nature a raté son imitation.

Sandrine Martin & Dominique Osuch s’en sortent-elles mieux sur Niki de Saint Phalle - Le jardin des secrets ? Le dessin "naïf" de la dessinatrice s’accorde à peine mieux au rire enfantin des créations du modèle. Heureusement, la voix de Niki, en off sous les cases, s’insinue entre les interprétations des deux auteures. Ce faisant, elle continue d’intriguer et protège son mystère.

Niki de Saint Phalle - Le Jardin des secrets par Sandrine Martin & Dominique Osuch (Casterman)

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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13 Messages :
  • Quelle idée loufoque d’user d’un style réaliste académique voire pompier pour évoquer Modigliani qui est un des peintres figuratifs qui s’est le plus éloigné de cette académisme tristounet. Mauvaise pioche je dirais.

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    • Répondu par Radada le 6 octobre 2014 à  20:43 :

      Ouaip , t’as raison . L’auteur aurait dû représenter les personnages sous forme de playmobil ou de lego pour briser cet académisme tellement tristounet à tes yeux . Avant de balancer ce genre d’avis , lis le bouquin et poses-toi la question de savoir pourquoi les auteurs ont choisi de présenter Modigliani de cette manière .

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      • Répondu le 7 octobre 2014 à  00:12 :

        Vous pourriez pu être plus subtil et tolérant dans votre réponse -d’autant plus qu’avec le vocabulaire que vous usez je doute grandement que vous ayez ouvert ce livre. Je ne l’ai pas fait non plus- tout comme vous par ailleurs... Était-ce vraiment bien utile votre intervention succinte et irritée ? Si oui vous pouvez certainement développer (je ne retiendrais toutefois pas ma respiration dans cette attente)

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  • Vous avez omis de citer le récent Egon Schiele de Xavier Coste (Casterman).

    Je ne vois pas très bien le lien entre la citation d’Oscar Wilde et ces deux bd. Où voulez-vous réellement en venir ? Ne tombez-vous pas aussi dans le piège de comparer l’art de la peinture plus proche de la contemplation avec des bd de Xpages ?
    Glisser du domaine de la peinture vers la bande dessinée est à mon sens une faute de goût.

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    • Répondu par Richard le 8 octobre 2014 à  01:09 :

      Et Glénat va sortir toute une collection sur les grands peintres avec un magnifique Mondrian par Antonio Lapone.

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      • Répondu le 8 octobre 2014 à  21:22 :

        Considérer Mondrian comme un grand peintre, c’est risible. Ils vont mettre qui avec ? Combas ? Soulages ? Ben ? Ripolin ? Dulux Valentine ?

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        • Répondu par Oncle Francois le 9 octobre 2014 à  13:00 :

          Pour ma part, je dirais que le meilleur peintre de mon époque est celui qui a repeint ma salle de bains, il y a trois mois. Les autres m’indiffèrent...

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          • Répondu le 10 octobre 2014 à  00:43 :

            Prochaine étape pour François Pincemi : l’Almanach Vermot. La Voie Royale !

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            • Répondu par Oncle Francois le 10 octobre 2014 à  13:05 :

              Une excellente lecture que Messieurs Greg et Franquin, et peut-être même aussi Goscinny ont certainement apprécié en leur temps ! Eux-aussi ont offert bien des jeux de mots subtils à leur public !

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  • De +, si effectivement, ce sont deux auteures (la bd de Nicky de St Phalle) alors ce serait s’en SORTENT elles et non s’en sortent ils.
    Etre féministe ne signifie pas, quoique vous pensez, être un mec.

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  • Réduire Niki de Saint Phalle à la fille qui tire au fusil c’est un peu nul, surtout que le dessin de cette couv est très très amateur pour ne pas dire complètement raté.

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  • Houlala, c’est quoi ce dessin pour le Niki de Saint Phalle ? On dirait un vieux recueil de Barbapapa tout droit sorti des années 70, à l’époque où le style "psychadélique" avait encore bonne presse. D’accord, Niki de Saint Phalle n’est pas Rembrandt, mais quand même, elle mérite mieux.

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