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Moebius, multiple et fascinant, à Cherbourg

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 27 mai 2011                      Lien  
Après Bilal, Schuiten, Juillard, Loustal et Pratt, Cherbourg-Octeville ouvre ses cimaises à Jean Giraud, alias Moebius, sans doute le graphiste de la bande dessinée française le plus important de notre époque. « Moebius Multiple(s) » offre un voyage au sein de l’univers graphique de ce maître avec des grands formats éblouissants et évocateurs.

Nul mieux que lui n’incarne l’époque : une bande dessinée qui a pérégriné en quarante ans de la distraction pour adolescents à un 9e Art devenu contemporain ; un artiste qui est passé d’obscur grouillot assistant d’un auteur belge à peine réputé, destiné à être prisonnier d’une littérature de genre –le western- au statut de dieu vivant, célébré dans le monde entier, des États-Unis au Japon, à la Chine, accompagnant la modernisation de la bande dessinée française dans le registre d’un « mauvais genre » devenu une norme mondiale : la Science-Fiction.

La 6e Biennale du 9e art de Cherbourg-Octeville accueille, du 17 juin au 31 décembre 2011, ce dessinateur d’exception créateur d’Arzack, de Blueberry et de L’Incal, fondateur de Métal Hurlant et des Humanoïdes Associés, acteur capital de la bande dessinée dont les Parisiens avaient déjà pu admirer la diversité de l’œuvre à la Fondation Cartier l’année dernière.

Moebius, multiple et fascinant, à Cherbourg

Moebius Multiple(s) reprend plus de 200 œuvres dont certaines, c’est une des caractéristiques des expositions de Cherbourg, figurent sur des formats monumentaux.

On y découvrira pour la première fois, le portfolio Les mondes élémentaires réalisé pour la célèbre maison Hermès, mais aussi trois nouvelles séries de dessins : La Faune de Mars, bestiaire des animaux qui peuplent la surface de la planète rouge ; Le Major, où l’on retrouve Jerry Cornélius, et De la matière à la lumière, ensemble de lithographies réalisées pour la Foire internationale d’art contemporain de Dubaï en février 2011…

On remarquera les très belles pages de l’album 40 jours dans le désert B, imprimées en grand format sur papier Japon, de même que trois œuvres inédites mettant en scène la salle sous-douane ou salle des bagages, lieu mythique de la gare transatlantique de Cherbourg, qui donnera lieu à la publication d’un ouvrage : Zaza et Moeb aiment CherbourgJean Giraud intégrera deux œuvres des collections permanentes de Cherbourg : une marine de Morel-Fatio et le très étonnant, à la limite de la lisibilité, Nocturne aux elfes de Gustave Doré, histoire de rappeler d’où Moebius et Giraud tiennent leurs "petits traits".

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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Le musée vous propose des visites guidées hebdomadaires, des animations pour adultes et enfants, et notamment un atelier pour enfants sur la bande dessinée...

L’entrée est gratuite ainsi que les rendez-vous programmés par le musée.

Musée des Beaux-Arts Thomas Henry de Cherbourg - 4 rue Vastel 50100 Cherbourg - Téléphone : 02 33 23 39 30

Du 17 juin au 30 septembre, du mardi au samedi : 10h à 12h et 14h à 18h, le dimanche : 14h à 18h.

Du 1er octobre au 31 décembre, du mardi au dimanche : 14h à 18h. Le musée est fermé les lundis et les jours fériés.

Toutes les images sont (c) Moebius Productions

 
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12 Messages :
  • L’auteur belge à peine réputé c’est Jijé ?

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    • Répondu par Matthieu V le 27 mai 2011 à  18:05 :

      On peut supposer que le trait a ete un rien force. Car enfin, bien qu’il soit moins connu que ses "fils", quel talent Jije. Et voyez qui etait autour de lui : Franquin, Mooris, Will...

      Quand a Moebius, c’est un genie sans aucun doute et comme beaucoup de genies, il etait la au bon moment et a su l’exploiter, renouveler et decouvrir. Comme disait Haroun Tazieff "il faut vouloir vouloir", Moebius veut et s’en est donne les moyens.

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    • Répondu le 28 mai 2011 à  09:46 :

      Franchement,Jijé, auteur à peine réputé... L’admiration qu’il suscitait, celle de Giraud en premier et de tous ceux qui approchaient le dessin réaliste à l’époque valait toutes les réputations ! A ce titre, TSR archives a mis en ligne une vidée intitulée "la bande à Derib"qui regroupe en 76 Franquin, Greg, Cosey, Jijé, Giraud. Tous ces dessinateurs le considèrent comme le maître et je crois que Jijé reste un extraordinaire pédagogue. Sa maîtrise du noir et blanc dans Jerry Spring est impressionnante. Non, Jijé, maître pour encore des années même si effectivement ses planches n’atteignent pas des sommets dans les galeries et son aura dans le public est limitée.
      Ceci dit, vive Giraud !
      Amitiés.
      Jérôme.

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  • quoi ! comment !...
    30 mai 2011 09:52

    Bonjour quand même (restons poli et courtois)
    Je suis stupéfait devant ces mots "d’obscur grouillot assistant d’un auteur belge à peine réputé" Bon sang, je sais bien que des tas de c... ne regardent même plus le travail de Jijé mais de là à parler de cet artiste incroyable de cette manière. C’est hallucinant ! D’autant plus que Giraud lui-même ou Derib et tant d’autres grands admirent cet artiste, pionnier de la BD franco-belge. Quand je vois tous ces gratte-papier qu’on met sur le pinacle à l’heure actuel j’en suis malade. En tant que dessinateur, je ne comprends pas certaines admirations modernes, certaines critiques... observez bien l’équilibre des noir et blanc de Jijé, le dynamisme de son dessin, la vie, le mouvement, le... Aaaah ! tout ça me met en colère. C’est bête et stupide.

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  • "un artiste qui est passé d’obscur grouillot assistant d’un auteur belge à peine réputé" !!!!!.... Pourquoi un tel jugement ? et surtout si injustifié ?!!!

    Lorsque que Jijé a accepté Jean Giraud comme assistant, il avait une notoriété et une reconnaissance de le profession unanime (sauf peut-être d’Hergé (???) à en croire les dossiers publiés dans les intégrales Tout Jijé).

    Jijé avait découvert et/ou aidé des auteurs comme Franquin, Will, Morris.... pour ne citer qu’eux

    Jijé a été enormément sollicité par de nombreux futurs auteurs. Il a choisi Giraud pour être aidé et pour le former. Pas un autre.

    Alors je doute que Gillain ait jamais considéré Giraud comme un "grouillot" et qu’au contraire il l’estimait à sa juste valeur.
    De même que si Giraud est venu (avec Mézière ! ) voir Jijé c’est aussi parce qu’il était effectivement célèbres et reconnu.

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  • Moebius, multiple et fascinant, à Cherbourg
    30 mai 2011 19:35, par Oncle Francois

    Giraud a peaufiné sa technique sur Jerry Spring, au contact d’un Grand Maître de la BD francobelge, celui sans lequel le journal de Spirou n’aurait pas été le même. Mais Jijé (alias Monsieur Joseph Gillain !) lui rendra un peu plus tard la politesse en réalisant des planches pour un Blueberry (anecdote de la célèbre fuite au Mexique !!) !! Ils sont alors déjà à égalité, en dépit d’une certaine différence d’âge. Plus tard, Giraud et Hermann (mais aussi, ma foi, Palacios et même Blanc-Dumont !)surpasseront dans la sympathie du public et les ventes le vieux Maitre du western dessiné, école de Charleroi. Il faut reconnaitre que Jijé privilégiait la simplicité et l’efficacité, alors que les autres ont tous faits concurrence graphique de détails, sur des histoires palpitantes marquées par une certaine violence, des personnages excessifs et un coté crépusculaire (merci monsieur Sergio Leone, et non Salma !°), à part évidemment Monsieur Blanc-Dumont grâce aux beaux textes de sa scénariste...

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    • Répondu par Alex le 2 juin 2011 à  00:21 :

      alors que les autres ont tous faits concurrence graphique de détails, sur des histoires palpitantes marquées par une certaine violence, des personnages excessifs et un coté crépusculaire (merci monsieur Sergio Leone, et non Salma !°), à part évidemment Monsieur Blanc-Dumont grâce aux beaux textes de sa scénariste...

      Hein ?! On devait être abonné à une version différente de "Pilote". "Cartland" montrait une rare violence, j’ai en souvenir des scènes de massacres, des scènes de scalpage assez descriptives. Il est vrai que le talent scénaristique de Laurence Harlé pouvait introduire à escient de telles scènes avec tout le talent de dramaturgiste qu’elle possédait. Cartland est plus proche d’une réalité historique que Blueberry (cela ne veut pas dire que c’est mieux...) Et la psychose de Cartland est bien plus profonde que celle de "Myrtille". Et juste pour vous Onc’ : je rencontrais il y a qq années Gotlib et Giraud en même temps et Gotlib -sarcastique- s’obstinait à se référer à "Blanc-Dumont" comme "Vert-Duval". Le coquin !

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      • Répondu par Oncle Francois le 2 juin 2011 à  23:11 :

        Hum, cher Alex, il y avait évidemment de la violence graphique dans Johnathan Cartland, mais elle arrivait à titre parcellaire et homéopathique, ce qui n renforcait l’impact, je vous l’accorde. Sinon j’ignorais votre anecdote dont je n’ai pas compris la signification "je rencontrais il y a qq années Gotlib et Giraud en même temps et Gotlib -sarcastique- s’obstinait à se référer à "Blanc-Dumont" comme "Vert-Duval"

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        • Répondu par Alex le 3 juin 2011 à  18:56 :

          j’ignorais votre anecdote dont je n’ai pas compris la signification

          C’était juste une anecdote, mais "Blanc-Dumont"/ "Vert-Duval" ? Vous ne comprenez-pas ? N’allez chercher nulle part, une petite vacherie de Gotlib pour ce qu’il prenait -je crois, je l’ai interprété ainsi à ce moment- pour un erzats de Moebius. Son interprétation. (Il y en avait d’autres à l’époque qui subirent cet à-priori : Bilal fût longtemps vu comme un dessinateur reprenant les recettes de Moebius, les hachures je suppose...) Bon y’avait un petit côté vachard je trouvais dans cette anecdote qui n’a comme seule ambition que de remettre en mémoire une époque -milieu et fin 70- où Blanc-Dumont était un "copieur" et Bilal un "élève" ambitieux. Cette intervention : peut-être pour tempérer les sempiternels commentaires du genre "qui est le copieur de qui ?" Bien à vous.

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          • Répondu par Oncle Francois le 5 juin 2011 à  23:36 :

            Entendu, cher Alex, je vous remercie pour cette explication et vous souhaite une excellente soirée ! Bien cordialement !

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  • communiqué spécial Western TV !
    2 juin 2011 23:05, par Oncle Francois

    ce soir, FR3 rediffuse Danse avec les loups, en version longue : merveilleuse ode à la nature, à la compréhe,sion entre les peuples, etc (merci Monsieur Costner !). J’aimerai profiter de l’occasion pour poser une question ingénue : pourquoi n’y a t’il pas en Bd d’oeuvre aussi forte, émouvante, universelle ? Blueberry est un excellent western d’aventures-action, mais que cela soit avec ou sans Charlier, on n’y retrouve pas le même souffle humain. Ce commentaire ne vise évidemment pas le dessin somptueux et inégalable de Monsieur Jean Giraud, pour lequel j’éprouve le plus grand respect en tant que dessinateur...

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    • Répondu le 3 juin 2011 à  02:27 :

      on n’y retrouve pas le même souffle humain.

      Si si,on y retrouve le même souffle humain, vous avez mal lu Blueberry.

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