Monsieur Moustache, Jojaunes et Schnauzer Band : entrez dans le (...)

Monsieur Moustache, Jojaunes et Schnauzer Band : entrez dans le monde cartoonesque et déjanté de Marc Bell

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Stroppy, le personnage qui donne son nom à l'ouvrage du Canadien Marc Bell édité par Cornélius, perd son emploi à cause d'un énergumène fanatique du Schnauzer Band. C'est le début d'une série de péripéties loufoques et absurdes, décalées et colorées, à l'humour pas si innocent que nous pourrions le croire de prime abord.

Parce qu’il faut bien gagner sa croûte, Stroppy travaille dans une usine de traitement de villageois télécommandés, pour le compte du tyrannique et richissime Monsieur Moustache. Rien de passionnant : il s’agit de faire de ces petits bonshommes jaunes de quasi-esclaves, aussi efficaces que dociles, au service de ce même Monsieur Moustache. Mais quand Stroppy, à la suite de l’intervention malencontreuse de Pascal, dont la seule préoccupation est de faire l’apologie du All-Stars Schnauzer Band [1], se retrouve sans emploi, c’est la déconfiture.

Accompagné de la fidèle et courageuse Polly ainsi que du poète tordu Clancy, Stroppy ne se laisse pas faire. Même s’il ne contrôle pas grand chose, il espère bien faire face à sa déconvenue et au moins récupérer son logement. Un long périple s’engage alors, dans un bâtiment envahi par les Schnauzer et les Jojaunes et où le sens commun n’est plus qu’un lointain souvenir.

Stroppy - ou plutôt Marc Bell, son inventeur - nous entraîne dans une histoire apparemment absurde, voire confuse. Sur une trame relativement simple, l’artiste canadien multiplie les personnages improbables, les situations rocambolesques et les curieux décors. Dans cet ouvrage, édité en début d’année par Cornélius mais paru outre-Atlantique il y a trois ans, l’un des rares récits longs de Marc Bell, nous naviguons à vue dans un océan de détails drôles et abscons. Ce qui paraît au départ un peu fastidieux se révèle rapidement réjouissant, l’inventivité du dessinateur étant presque sans limite.

Si nous trouvons dans Stroppy des clins d’œil aux précédents livres de Marc Bell [2], nul besoin de les connaître pour apprécier celui-ci. Le fourmillement des détails, contrastant avec une composition simple des planches, et la loufoquerie des situations et des dialogues sont amplement suffisants pour faire de cette bande dessinée une lecture aussi agréable qu’originale.

Et ceux que l’humour absurde rebutent pourront être séduits par les références, jamais appuyées, qu’elles soient politiques - vanité des puissants et veulerie des courtisans sont habilement moquées - ou graphiques - Marc Bell connaissant ses "classiques", de Robert Crumb à Peter Bagge...