Quand en 1832, Honoré Daumier est condamné pour une caricature contre la personne royale, lui qui s’était fait connaître pour ses charges politiques, il fait six mois à la prison de Sainte-Pélagie.
La censure a raison de lui : prudemment, dans les années qui suivirent, son dessin se fit moins agressif, n’attaquant plus jamais ad hominem, se contentant, assez génialement d’ailleurs, de rire des bourgeois, des avocats, des juges... d’un point de vue générique, sociologique même.
Cette dichotomie entre dessin de combat et le dessin d’humour subsista plus tard : Alfred le Petit, Caran d’Ache, Ch. Gilbert-Martin ou Léandre chargeaient l’homme politique, tandis que dans une prudence toute daumiérienne, les caricaturistes de L’Assiette au beurre, ar exemple, réservaient leurs flèches aux hommes politiques étrangers.
Chaval est l’héritier de cette tradition qui se perpétue chez un Philippe Geluck, moins à charge que de Charb et Cabu. Chaval a le trait philosophique et absurde d’un Topor. C’est beau, élevé, intelligent, éternel à tout dire. Si le chien recueille son affection, comme Siné naguère avec les chats, c’est parce qu’il est un compagnon fidèle qui fait parfois sourire et parfois même réfléchir.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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