C’est d’abord un fourmillement d’anecdotes. Une multitude de petites scènes de la vie d’un petit Espagnol dans les années 30. Comme si Ribera avait librement laissé couler le flot de ses souvenirs. Images de bonheur, de bêtises d’enfants, de visages depuis longtemps disparus mais dont le souvenir reste bien présent.
Puis, dans cette vie tranquille, s’installent des dérèglements. Le monde des adultes devient fou et il n’est pas aisé, pour un enfant, de comprendre ce qui se passe autour de lui lorsquon voit, dans la rue, des cadavres de chevaux, et au balcon, des policiers qui tirent à travers les persiennes d’autres appartements. Ou encore des foules qui se rassemblent et marchent dans les rues en criant "No pasaran".
Et il y a papa, qui doit partir pour la guerre, maman qui ne trouve plus tous les jours le moyen de nourrir ses enfants, les horreurs que l’on doit avaler pour tromper l’estomac, qui se venge par d’insupportables crampes... Jusqu’à ce qu’on n’ait plus d’autre choix que de manger le joli petit chardonneret que l’on a depuis l’enfance dans la volière de la cuisine. Et les bombes, les abris qu’il faut rejoindre en pleine nuit.
De cette guerre, Ribera ne connaît les sanglants combats que par les récits de son père, revenu du front. Mais il nous conte le combat au quotidien des civils. Un combat que perdra sa petite soeur. Victime sans doute des privations, malade, elle va finalement mourir.
A cette petite Montserrat qui n’a pu grandir, Ribera a dédié le premier tome de ses souvenirs. Soixante ans après, la blessure ne s’est toujours pas refermée.
Le première édition de ce livre est complétée d’un cahier de huit pages.
(par Patrick Albray)
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