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Mor : "Je me suis accroché en travaillant sans relâche pour faire décoller le financement du Chevalier mécanique"

Par Christian MISSIA DIO le 9 avril 2014                      Lien  
Clap de fin pour Le Chevalier mécanique, une série de cape et d'épée saupoudrée de fantastique débutée il y a trois ans chez Sandawe. A cette occasion, les auteurs reviennent pour nous sur la genèse du projet.
Mor : "Je me suis accroché en travaillant sans relâche pour faire décoller le financement du Chevalier mécanique"
Couverture du tome 1

Pourriez-vous nous raconter la genèse du Chevalier mécanique ?

Mainil : J’ai toujours été fan d’histoire avec un grand “H”. Chaque jour, à une certaine heure, il y a une émission de radio de Franck Ferrand, intitulée “Au Cœur de l’histoire” qui est diffusée sur Europe 1. Une des émissions a eu pour thème l’affaire des poisons sous Louis XIV. À l’époque, je n’avais jamais écrit de scénario de BD et je cherchais un sujet accrocheur jusqu’à ce que j’entende cette fameuse émission. Je me suis alors dit qu’il y avait là un potentiel scénaristique que je pourrais exploiter. J’ai alors commencé à me documenter.

Tout en avançant dans mon projet, je trouvais que les protagonistes étaient un peu faibles, qu’il n’y avait pas de personnages forts. J’ai alors mis ce script en sommeil. Par la suite, je me suis intéressé aux automates sous Louis XVI. Le sujet m’inspirait davantage, au point que j’ai débuté l’écriture d’un texte mettant en scène un héros mi-homme, mi-automate mais sous Louis XIV.

Je ne me suis pas arrêté en si bon chemin : j’ai aussi introduit l’alchimie dans mon récit avec pour toile de fond l’Égypte. Certains me diront que l’Égypte, c’était sous Napoléon, ce qui est vrai. Mais déjà à cette époque là, il y avait des sortes d’apothicaires qui ramenaient des objets insolites du pays des pharaons.

J’ai donc mélangé tout ça et rédigé mon synopsis. Une fois mon scénario écrit, je me suis mis à la recherche d’un dessinateur. J’ai donc écumé les sites spécialisés tels que Café salé ou je déposais des annonces. J’ai eu pas mal de réponses mais qui m’ont laissé perplexes : soit j’avais des refus de très bons dessinateurs suite à un agendas surchargé, soit j’avais des réponses positives mais venant de dessinateurs amateurs qui n’avaient pas un niveau satisfaisant... Après quelques déboires qui sont racontés dans la préface du premier tome, j’ai été contacté par Marcel Morote dit (Mor) via le site de l’ACBD pour me proposer ses services, car il était intéressé par mon projet. Comme je sentais Marcel très motivé, je lui ai demandé de m’envoyer ses travaux. Son trait me rappelais des dessinateurs tels que Jacques Martin et j’ai estimé que ça pouvais coller pour Le Chevalier mécanique.

J’avais enfin mon dessinateur mais toujours pas d’éditeur ! Nous nous sommes rapidement mis au travail et avons réalisé un dossier que nous avons envoyé à toutes les maisons d’édition. Finalement, un éditeur canadien et Patrick Pinchart nous ont témoigné de l’intérêt mais c’est avec ce dernier que nous avons signé chez Sandawe.

Marcel Morote dit Mor & Cédric Mainil

Comment s’est déroulé votre expérience chez Sandawe ?

Mainil : Vous savez, nous avons fait partie des premiers auteurs signés chez cet éditeur, à une période où le crowdfunding dans la BD n’en était qu’à ses balbutiements. Forcément, tout n’était pas au point dès le début et bien que nous avions un contrat, si le budget ne suivait pas, notre BD ne restait qu’au stade de projet.

Bien que Le Chevalier mécanique était présent sur le site, il ne décollait pas du tout ! Le financement est resté au stade de 8-10% pendant les premiers mois. Nous avons alors décidé d’être plus actifs en proposant régulièrement des animations. Nous avons vendu des planches et des illustrations, lancé des concours, etc. Et là, PAF, les investissements se sont envolés et nous avons pu boucler le budget du premier épisode en moins de six mois !

Dès le départ, nous savions que nous voulions proposer une trilogie. Le tome 2 était déjà bien avancé dans sa réalisation et il a connu le même destin que le premier car il était presque bouclé. De mon côté, j’avais déjà écrit le dernier épisode. Par contre, nous avions un peu levé le pied. Cela s’est ressenti au niveau des investissements des édinautes. Mais une fois que nous nous y sommes remis, ça a décollé. Nous sommes vraiment très heureux car, tout au long de cette aventure, nous avons réussi à fédérer tout un noyau d’édinautes autour de notre projet et ceux-ci ont bien joué le jeu en répondant présent pour que cette BD devienne réalité.

Un extrait du T3
Mor & Mainil (c) Sandawe

Mor, qu’est-ce qui vous a motivé à participer à ce projet ?

Mor : À l’époque, je travaillais sur une série-fleuve se déroulant au Moyen-âge et mettant en scène la croisade des Albigeois, dans le sud de la France. Je commençais un peu à en avoir marre et au moment d’aborder le quinzième tome, j’ai décidé de changer. Au début, je pensais me consacrer à la guerre de 14-18 mais je suis tombé sur le projet de Cédric. Mes proches m’ont encouragé à le contacter et ça a collé. Je suis très heureux de cette collaboration, d’autant plus que je continue de dessiner des chevaux, la cavalerie et les costumes d’époque.

Comment se passe la rencontre avec le public ?

Mainil : Comme je le disais tout à l’heure, ce qu’il y a de bien avec Sandawe c’est que nous constituons dès le début une communauté de fans et ceux-ci nous suivent la plupart du temps dans nos déplacements. En plus, c’est très familial comme ambiance, ce qui n’enlève rien à notre plaisir ! Enfin, ça attire l’attention des autres, ceux qui ne nous connaissent pas encore. Pour l’instant, nous n’avons pas encore eu de remarques négatives.

Comment avez-vous vécu les moments où le financement ne décollait pas ?

Mor : Je me suis accroché en travaillant sans relâche. J’ai continué à envoyer mes planches à Patrick, à animer le site, à dialoguer avec les édinautes. Je me disais que mes efforts seraient remarqués par les internautes. Ils se diraient que je suis motivé et ça leur donnerait forcément envie de voir mes travaux. Cédric, de son côté, discutait inlassablement avec les édinautes. Nous étions très présents.

Mainil : Ce que j’aime chez Marcel c’est que c’est une personne très volontaire. C’est une force de proposition. Il venait à chaque fois avec de nouvelles idées pour les concours. Au point que je me suis aperçu que nous étions vraiment complémentaires.

Pour en revenir à votre question, nous sommes passés de l’ombre à la lumière. Au début, nous ne faisions rien et il ne se passait rien. Mais lorsque nous avons décidé de bouger, la mécanique s’est emballée. Nous n’avons pas eu beaucoup de temps pour cogiter. Par contre, je dois quand même reconnaitre que c’est usant ce travail de communicant et c’est aussi très chronophage, au point que je ne suis pas certain d’avoir envie de faire une suite à ma trilogie...

Un extrait du T2
Mor & Mainil (c) Sandawe

Au niveau de l’animation du Chevalier mécanique, nous avons quand même été surpris par la fluidité de ses mouvements. Si on devait les comparer à d’autres personnages tels que Robocop, sa manière de se mouvoir, à une époque où la science n’était pas aussi évoluée que dans l’œuvre précitée nous ont laissé perplexes... Qu’avez-vous à dire là dessus ?

Mor : En fait, nous avons sciemment décidé de le faire mouvoir comme un être humain normal, malgré son corps mécanique, parce qu’au départ, c’était un nain avec un bec de lièvre. Il n’avait rien pour lui. Par la suite, il subit cette opération, qui a fait de lui un chevalier. Je trouvais qu’il avait déjà assez morflé comme ça, d’autant plus que sa nouvelle situation n’a pas que des avantages...

Mainil : Effectivement, on peut considérer le Chevalier mécanique comme l’ancêtre de Robocop. Dans un film, on doit doser la gestuelle pour rendre les choses plus réalistes tandis que dans une BD, on peut se permettre plus de fantaisie...

Comment expliquez-vous qu’il ne ressente pas vraiment de rancœur vis à vis du roi de France ?

Mainil : Parce que nous sommes partis d’un personnage qui n’a pas été gâté par la vie. De plus, c’est son père qui est l’ingénieur et qui va lui redonner une “seconde vie”, si je puis dire. La décision du roi de faire de lui un homme mécanique va lui permettre de sortir de sa condition de paria afin d’accéder à celle d’un homme respecté, d’un notable. Ce n’est pas qu’il se sente redevable au roi, mais il vit sa nouvelle situation comme étant un mal pour un bien.

Couverture du tome 2
Mor & Mainil (c) Sandawe

Quels sont vos prochains projets ?

Mor : Je termine un album sur la guerre de 14-18, où je m’intéresse plus particulièrement aux forces africaines qui ont été envoyées par la France sur le front. L’histoire se situera précisément sur le Chemin des Dames, en avril 1917. Je dénonce un peu cela à travers une BD. Le projet paraitra chez Petit à Petit.

Mainil : Quant à moi, je proposerai éventuellement une suite au Chevalier mécanique. Pour le reste, je n’en suis encore qu’au stade de projet.

(par Christian MISSIA DIO)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Le Chevalier mécanique sur le site de Sandawe

 
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