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Mort au Tsar, tome 2 - Par T. Robin et F. Nury - Dargaud

Par Tristan MARTINE le 9 octobre 2015                      Lien  
Fin du diptyque de Fabien Nury et Thierry Robin consacré à l’assassinat du gouverneur de Moscou en 1905, cette fois-ci selon le point de vue des terroristes.

Après La mort de Staline, le duo Nury/Robin termine ici son exploration de la Russie mortifère du XXe siècle. Le premier volume, très réussi, nous montrait Sergueï Alexandrovtich, le gouverneur de Moscou, oncle du tsar Nicolas II, complètement seul et paniqué face aux mouvements révolutionnaires. Sa mort est annoncée, il le sait, et tout l’album nous relatait cette attente angoissante avec un humour noir très bien senti.

Mort au Tsar, tome 2 - Par T. Robin et F. Nury - Dargaud

Ce second volume adopte le point de vue inverse : celui des terroristes. Oui, des terroristes, au pluriel, car en réalité, si le gouverneur se retrouvait bien seul dans les jours précédant sa mort, il s’agit d’un groupe de trois personnes, étroitement liées entre elles, et dirigées par Georgi, qui assigne à chacun des missions particulières : devenir cocher pour surveiller les allers et venues du gouverneur, se faire embaucher dans une troupe de théâtre pour pouvoir piéger le Romanov, etc. Le tout avec un cynisme total et un détachement absolu.

Ce détachement est tellement grand qu’il nous empêche, par moment, de rentrer pleinement dans l’histoire en nous identifiant aux personnages. Nous étions saisis par l’absurdité des réactions face à la mort de Staline, nous étions émus par ce gouverneur qui redoutait la mort et s’avérait complètement incohérent, humain en somme. Cette fois-ci, nous avons un monstre glacial et froid, tuant à lui seul plusieurs soldats sans être blessé, un véritable super-héros révolutionnaire russe, pour lequel on n’éprouve ni sympathie, ni même, et c’est plus gênant, antipathie. On a parfois l’impression d’être face à un exercice de style, plutôt réussi d’ailleurs, mais néanmoins assez théorique, Fabien Nury construisant point par point son récit en opposition au premier volume.

Cela n’empêche pas la narration d’être dynamique, rythmée par les pages du journal intime de Georgi, ce qui, en retour, peut rendre parfois le récit un peu moins vivant. En revanche, le dessin nerveux et anguleux et le cadrage efficace et inventif de Thierry Robin fonctionnent toujours très bien. L’ensemble est, d’un point de vue historique, très intéressant.

Ne boudons pas notre plaisir, cet album, même s’il est un tantinet moins fort que les trois précédents opus du duo, reste très plaisant à lire. Et nous attendons avec impatience d’être à nouveau plongé dans un nouveau bain d’aventures historiques par cette équipe de talent.

(par Tristan MARTINE)

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En parallèle de cette chronique, lire notre interview de Thierry Robin.

Lire nos autres articles :
- Une précédente interview de Thierry Robin : « Nous avons mis en scène ces personnages historiques avec gravité : ce sont de vrais assassins ! »
- Une interview de Fabien Nury : « J’aimerais avoir la concision des Greg et Charlier, mais nous n’employons pas vraiment le même langage »
- Les chroniques de La Mort de Staline : tomes 1 et 2
- La chronique de Mort au Tsar : tomes 1 et 2

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