Mort aux cons - Par Corbeyran et Saint-Georges - Jungle Ramdam

Un jeu de quille macabre, tel est le dessin qui orne la belle couverture de l’ouvrage d’Eric Corbeyran et Alexis de Saint-Georges.

Au départ pourtant, rien ne prédestinait Ben, le "héros" du roman d’Aderhold (2007) et de cette adaptation BD, à vouloir débarrasser le monde de tous ses cons, puisque Ben s’en prend d’abord à un chat ayant eu le mauvais goût de l’avoir griffé. Se rendant compte des effets positifs de cet acte (avoir rassemblé les habitants d’un immeuble), Ben passe du chat aux canidés, avant de passer insidieusement aux êtres humains. Pourquoi ? Telle est la question que se pose Ben, à qui les cons offrent peu à peu la seule réponse valable. S’ensuit alors une réflexion de plus en plus approfondie sur la connerie sous tous ses aspects, nous offrant ainsi des scènes assez réjouissantes : qui n’a pas un jour voulu, si ce n’est tuer les cons, au moins les faire taire ? C’est ce à quoi Ben voue dorénavant sa vie, sans rechigner et sans faire dans la dentelle. Fatalement, la police en vient à s’intéresser à lui, par le biais d’un commissaire qui va prendre une place de plus en plus importante au fil des pages, et ce, jusqu’à l’issue fatale qu’on vous laissera découvrir.

Si l’on accepte d’entrer dans cette histoire (un peu facile et redondante par moments, les crimes s’accumulant méchamment : on a affaire à un tueur en série), on prendra un plaisir certain à lire cet ouvrage scénarisé par le prolifique Eric Corbeyran et mis en image de fort belle manière par Alexis de Saint Georges (repéré par le Jury Jeunes Talents du Festival d’Angoulême 2018), qui sait parfaitement croquer ses personnages et peindre de beaux lavis. Cette BD est très fidèle au roman de Carl Aderhold et lui en est, en un sens, supérieure, dans la mesure où elle nous en dit autant, de façon efficace, sans être trop bavarde (c’est souvent le risque pour les adaptations de romans), tout en en conservant les meilleurs moments, le tout avec un dessin soigné qui se met bien au service de l’histoire.

Nos deux auteurs ajoutent donc un bel opus à la longue liste d’ouvrages, de films ayant trait à la connerie, depuis les fameuses et mémorables saillies d’Audiard sur la question, jusqu’au Dîner de cons, en passant par L’éloge de la connerie d’Yves Marchand ou La psychologie de la connerie sous la direction de Jean-François Marmion. On arrête là cette liste, car elle est sans fin, au même titre que la connerie, chacun étant toujours plus ou moins le con d’un autre, l’auteur de ces lignes inclus  !