C’était un dessinateur à l’ancienne, efficace et rapide, à l’encrage sûr et reconnaissable. Il a forcément marqué les rétines d’une génération, notamment avec Kim Devil dans Spirou, un Indiana Jones avant la lettre dont le scénario était assuré par Jean-Michel Charlier, et puis la série la série Bob Morane dont il assura quatorze albums.
Né en Belgique de parents français, c’était le petit-fils de Louis Forton, le créateur des Pieds-Nickelés. Sans doute était-ce ce qui l’a amené sur le chemin de la bande dessinée, travaillant d’abord pour Caméra 34, puis pour Zorro à Paris avant de découvrir le chemin de la Belgique en dessinant pour le magazine Bonnes Soirées des éditions Dupuis. Il n’a que quelques pas à faire pour entrer dans Spirou par l’intermédiaire de la World Press, l’agence qui était le premier fournisseur de BD à l’éditeur de Marcinelle, pour qui il réalise une poignée d’Oncle Paul -le passage obligé pour les débutants dans le dessin réaliste- mais très vite Jean-Michel Charlier lui met le grappin dessus pour son dessin, très solide, de quatre albums et deux récits courts pour la série Kim Devil.
Il passe ensuite dans Risque-Tout, toujours pour la World, pour dessiner Le Garage bleu et les aventures d’un aviateur, Alain Cardan, sur scénario de Delporte. Dans la foulée, toujours pour la World, il réalise sept épisodes de Tiger Joe créé par Charlier, mais ici scénarisé par Greg.
Il s’accommodera toute sa vie de ce statut de mercenaire, donnant un coup de main bien visible à Edgar P. Jacobs sur Blake et Mortimer : L’Affaire du collier, reprenant Jacques Flash dans Pilote, et différentes séries mineures.
Mais il a surtout marqué pour sa reprise de la série Bob Morane à la suite de Dino Attanasio, dont il réalisa l’illustration des romans et 14 épisodes de bande dessinée dont seuls quatre ont eu droit à l’honneur des albums en son temps, avant qu’on les réimprime plus tard, notamment chez Deligne et aux éditions Lefrancq, mais quels épisodes : La Vallée des crotales, L’Épée du paladin, Le Secret des 7 temples et Le Mystère de la Zone Z ! Il ouvrait la voie à ceux, indépassables, de William Vance.
Ayant réalisé des versions originales françaises pour Télé-Junior de licences comme Spider-Man, Les Quatre Fantastiques, Captain America, Thor, Hulk ou Submariner au milieu des années 1970, il est recruté par Marvel puis par DC Comics, Eclipse, Comics et First Comics dans les années suivantes et émigre aux USA, en Californie, dans les années 2000, continuant à travailler pour des éditeurs des deux côtés de l’Atlantique, notamment ponctuellement comme storyboarder pour Hollywood.
On le voyait régulièrement dans des salons de BD en France et en Belgique. C’était un homme charmant, toujours disponible pour ses fans.
Sans doute sa modestie l’a empêché de « faire œuvre » et d’être reconnu à sa juste valeur. Il reste un classique valeureux de l’école belge. De ceux sur les épaules desquels se sont hissés les plus grands.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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Photos de Gérald Forton : Nicolas Anspach.
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