Nous avions consacré l’année dernière un petit hommage à celui que nous qualifions alors de « Géant invisible » de l’Ecole belge. Il était né le 28 juillet 1930 à Schaerbeek (commune de Bruxelles). Ayant fait à 11 ans des cours du soir à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles, il débute à 16 ans dans la publicité. Il y a apprend toutes les techniques des Arts Graphiques : la lettre, les subtilités de la gouache et du lavis, la photogravure, la mise en page... A l’âge de 22 ans, sortant du service militaire, il entre dans un studio de dessin publicitaire.
C’est son ami Franquin qui le fait entrer dans la petite famille des dessinateurs de chez Spirou. Débordé par les séries qu’il réalise en parallèle (Spirou, Modeste & Pompon, Gaston...), sans compter les animations pour l’hebdomadaire de la bonne humeur, Franquin a besoin d’un assistant, en plus de Jidéhem qui travaille déjà sur Spirou (et qui même dessine les premiers Gaston). Il jettera son dévolu sur ce jeune dessinateur qui, à partir de 1957, multiplie les collaborations au journal de Spirou : illustrations pour un conte de Noël écrit par Peyo, crayonnés pour deux Histoires de l’Oncle Paul, et quelques histoires complètes de Tiou le Petit Sioux. Dessinateur hors pair, caricaturiste et animalier virtuose, il réalise aussi des illustrations pour le magazine féminin du groupe Dupuis, Bonne Soirée. En 1958, il rejoint Franquin et collabore à trois aventures de Spirou et Fantasio : Tembo Tabou, Les Hommes Bulles et Les petits formats.
Heureusement, Franquin n’est pas du genre à retenir les talents. Dans le numéro 1132 de Spirou daté du 24 décembre 1959, six semaines après avoir réalisé un puzzle avec ces nouveaux personnages, Roba produit un mini-récit : Boule contre les mini-requins qui voit l’apparition du jeune rouquin à casquette avec son facétieux coquer.
Rosy, directeur artistique du journal et principal contributeur aux mini-récits, en assure le découpage. Après une seconde histoire, Roba se lance seul, à l’exemple d’André Franquin dont le personnage de Gaston vient d’accéder à la page humoristique hebdomadaire, dans une production d’un gag par semaine des aventures de Boule & Bill. Comme Franquin, il crée et entretient d’autres séries fameuses : Pomme en 1962, et La Ribambelle, de 1965 à 1984 qui paraîtront dans six albums.
De façon régulière et cadencée, sans jamais fléchir dans la qualité, il produira 24 albums de Boule & Bill avant de passer le bâton de maréchal à Laurent Verron en 2003 et de prendre sa retraite. Ravi de revoir ses personnages publiés dans Spirou, alors qu’il avait quitté Dupuis pour Dargaud en 1987, il était intervenu sur notre site pour donner son opinion sur les récents événements qui ont secoué les éditions Dupuis.
Ignoré d l’Académie des Grands Prix du Festival d’Angoulême qu’il avait pourtant régulièrement honoré de sa présence alors qu’il n’était qu’un petit festival de province [1], il était admiré de toute la profession et avait reçu en 1992 les insignes de Chevalier des Arts et des Lettres. Récemment, Philippe Cauvin et les éditions Toth lui avaient consacré une très belle monographie.
La bande dessinée belge, les éditions Dupuis, et plus simplement ses amis, sont dans le deuil. Que sa famille veuille bien accepter les sincères condoléances d’ActuaBD. N’hésitez pas à la suite de notre article de leur faire part de vos témoignages d’affection.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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[1] il avait réalisé l’affiche d’Angoulême 6.
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