Vermont Washington, dans le tome 1, rejoignait les fondamentalistes marxistes du Black Panther Party. Un nouveau militantisme pour ce discret jeune père de famille. D’une revendication à l’autre, d’une manifestation à l’autre, chacun choisit sa voie, plus oui moins radicale, parmi les camarades. D’autant que la police rôde et resserre les mailles de ses filets. Tout va basculer au cours d’un défilé contre le service militaire, ou plutôt pour l’exemption des Noirs, en ces temps de guerre du Vietnam. Les membres du parti sont assiégés. Il faut se rendre, ou combattre...
Le diptyque de Ricard et Martinez se clôt dans une atmosphère de violence extrême, ou chaque camp choisit l’affrontement, et ou la négociation n’a pas de place. Le destin de Vermont s’inscrit dans une radicalité à la fois surprenante et progressive.
Même si le récit emballe par sa construction, ses alternances de scènes d’action et de passages dialogués, il donne une image trompeuse des luttes noires. En cette fin des années 1960, les acquis du mouvement des droits civiques apparaissent dans les urnes : premiers maires noirs de grandes agglomérations, première élue au Congrès...
Quant aux Black Panthers, ils n’ont laissé de trace que parmi des groupuscules marginaux. Motherfucker ne permet pas de comprendre ces progrès, mais peut expliquer pourquoi les militants politiques se sont tournés vers des partis modérés : impasse de la pseudo lutte armée, messages inaudibles par la majorité... Pourtant, la violence existe toujours, et les émeutes qui sont apparues dans les années 1980 à Los Angeles ou à New-York ont prouvé que les tensions sont loin d’avoir disparu. De même que les inégalités en matière de logement, travail, santé...
Dommage qu’un court appendice historique ne donne pas quelques repères [1]. Dans une prochaine édition peut-être...
(par David TAUGIS)
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Lire la chronique de la première partie
[1] un bon début : Les Noirs aux États-Unis, Claude Fohlen, Que sais-je ?, P.U.F. (première édition 1985 dernière édition 1999).