Romans Graphiques

N’en parlons plus - Par Weng Pixin - Ed. Motus

Par Aurélie MONTEIX le 10 septembre 2022                      Lien  
Nous suivons plusieurs fragments de vie à travers cinq générations de jeunes femmes. Elles viennent toutes de la même famille que l’autrice Weng Pixin : Kuăn, Mèi, Bìng, Bì et Rita. Les récits se déroulent entre la Chine et Singapour de 1908 à 2032. Le parallèle entre chaque époque nous présente ce qui les ont construites. Une éducation et des tempéraments similaires alors que chaque vie est différente.
Arrière-grand-mère, grand-mère, mère et fille ont toutes 15 ans et doivent pourtant endosser le rôle d’une adulte. Se plaindre n’est pas une option. Chacune doit rester forte face à leur mère et les aider du mieux qu’elles peuvent.

Toutes, excepté la dernière génération de 2032, Rita, la fille que l’autrice imagine avoir un jour. Pour Rita, la vie est plus belle. Elle découvre la nature, elle crée et sa mère prend le temps de répondre aux questions de son enfant. Elle prend donc le temps de s’épanouir contrairement aux autres qui sont sans cesse dans la retenue.
N'en parlons plus - Par Weng Pixin - Ed. Motus
Ces ancêtres doivent être obéissantes, ne pas faire de vagues et suivre la transmission du savoir traditionnel. Elles doivent être capables d’accomplir les tâches dans les activités que font leurs mères. Il ne faut surtout pas être un poids. Pour ces mères qui travaillent seules, gèrent leurs enfants et dont les maris ne sont pas présents.

Bì, la mère de Rita, a pris conscience de ce qui n’allait pas dans son éducation et fait attention à ne pas le reproduire avec Rita. Chose que ne font pas les mères des quatres autres jeunes filles. Ces mères reproduisent la même éducation que leur mère leur a donnée quand elles étaient jeunes. Nous les voyons tantôt adolescente, tantôt mère. L’empathie pour elles se perd lorsqu’elles changent de rôle. Mère et enfant gardent la même ligne de conduite au fil du temps. Est ce que les temps difficiles amène par défaut à reproduire le passé ? Est ce que ces mères ne se rendent pas compte qu’elles font subir la même chose qu’elles ont subi ?
La mise en scène nous met toujours du point de vue de ces jeunes filles et nous permet d’en savoir plus que leur propre mère.
Nous sommes avec Mèi quand elle entend sa mère dire “Chut je veux pas que la petite entende”. L’autrice met en image les gestes déplacés d’un homme sur Mèi qui, par chance, est arrêté quand quelqu’un passe dans le coin. Elle ne s’autorise pas à parler de cet événement et le cache à sa mère. Nous sommes avec dans les yeux enflammés de Bì quand sa mère lui dit “Tu n’as aucun savoir vivre”. Comme une furieuse envie de pouvoir vivre leur vie et non la vie qu’on leur impose. Des secrets de famille sont mis en lumière dans cette œuvre pour permettre à Rita de pouvoir exister.
Bì fait attention à ce que Rita soit elle-même. Qu’elle n’ai pas à prétendre aller bien même quand ça ne va pas.

La représentation des cinq femmes rejoint leur conditions de vie. Elles sont quasiment identiques sauf pour Rita qui a une coupe de cheveux différente des autres.
Le cerné rouge et la texture de la peinture accentuent le labeur qu’ont vécu ces femmes. Des détails de leur quotidien sont retranscrits de manière délicate comme la préparation d’un plat, une technique de tissage ou encore recoudre un bouton.

Weng Pixin explore avec finesse la question du passé qui influe sur le présent. De l’importance de parler, parler des silences du passé pour mieux se connaître. Communiquer pour permettre aux générations futures une autre éducation.

(par Aurélie MONTEIX)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

🛒 Acheter


Code EAN : 9782360111152

CONTENUS SPONSORISÉS  
PAR Aurélie MONTEIX  
A LIRE AUSSI  
Romans Graphiques  
Derniers commentaires  
Abonnement ne pouvait pas être enregistré. Essayez à nouveau.
Abonnement newsletter confirmé.

Newsletter ActuaBD