Appolo est autiste. Ses fulgurantes capacités d’analyse l’ont conduit à travailler pour la très secrète et opaque NSA, le service d’écoutes des services secrets américains. Il avait d’ailleurs prévu les attentats du 11 septembre. Depuis lors, il est traité en véritable génie ayant à sa disposition un bureau high tech au sein de la NSA.
Mais son univers vacille lorsque sa maman, garante de son équilibre mental, meurt sous ses yeux. Pour lui recréer sa zone de confort, la NSA retrouve sa demi-sœur Oz, flic en Arizona. Alors que tout concourt à rassurer notre devin, lui et sa sœur sont victimes de plusieurs attentats. Et si tout cela était fomenté à bon escient afin de camoufler une menace de grande ampleur ?
Est-ce parce que l’autisme est enfin reconnu depuis quelques années qu’il prend une place de plus en plus importante dans l’imaginaire des auteurs ? Quoiqu’il en soit, notre Asperger [1] de service (secret) accumule autant de clichés que sa demi-sœur, qui préfère la méthode de l’inspecteur Harry.
Après quelques pages, on comprend rapidement que l’expérimenté Thierry Gloris ne désire pas jouer la carte du réalisme pour ce diptyque. Ses touches d’humour alternent avec de grandes scènes d’action, de quoi faire le bonheur des amateurs du genre. Derrière un trop-plein d’adrénaline se cachent quelques intéressantes scènes intimes pour ce duo atypique, ainsi des hommages aux références comics anglo-saxonnes, tant scénaristique que graphiques. L’ensemble est bien dosé pour qu’on ne tombe jamais dans l’excès, se demandant en permanence quel suspense ou mini-énigme sera proposé à la prochaine page.
La réussite de ce premier album tient aussi et surtout par les très belles compositions de planches de Sergio Bleda qui confèrent presque compulsivement une réelle épaisseur à chaque scène. Et on comprend qu’il a parfaitement intégré le ton du récit par le choix de ses angles de vues, et les postures des personnages.
Un traître, un indicateur secret, une fille grande-gueule, un héros autiste, un peu d’humour, de l’action toutes les dix pages avec quelques intermèdes plus personnels, voici la recette de NSA. Les lecteurs bercés par les séries américaines y trouveront leur compte, sans chercher plus loin.
(par Charles-Louis Detournay)
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