Napoléon, T1 : Toulon - Par André Osi - Joker, P & T Productions

Sans doute un des personnages historiques les plus connus du grand public, Napoléon a déjà été adapté en bande dessinée, que cela soit en tant que personnage secondaire dans Arno, Godaille et Godasse, ou principal dans Double Masque, en manga ou dernièrement en fiction dans Antichristus. J’en oublie bien entendu, mais ses batailles et ses armées furent également le théâtre de bien des péripéties. Citons-en quelques récents exemples : les Oubliés de l’Empire, Souvenirs de la Grande Guerre, Shandy un Anglais dans l’Empire, etc.

Voilà donc André Osi, le dessinateur d’Horizon Blanc, qui reprend le chemin de la bande dessinée en se lançant dans la biographie détaillée de l’Empereur ! Et le travail est d’envergure car il prévoit pas moins de 15 volumes, à paraître sur 12 années.

Avant les champs de bataille, le jeune Bonaparte menait ses compagnons de collège à la victoire à coups de boules de neige.

Après quelques mois de retard sur la sortie du premier tome, le temps de trouver son rythme et de soigner quelques soucis de santé, cet opus de Napoléon était tout chaud pour Angoulême, sortant officiellement en février. Et le second tome est déjà prévu pour octobre-novembre ! L’occasion est donc trop belle pour ne pas plonger dans cette formidable aventure du neuvième art : comment rendre passionnante et à la fois didactique cette vie hors du commun ? Le défi est lancé !

La rade de Toulon, premier haut fait de Napoléon

Ce premier tome donne déjà les jalons de cette construction hors norme : André Osi nous place directement sur les lieux de la première réelle victoire de Napoléon, la prise de Toulon en décembre 1793. Sans être une bataille complexe ou décisive, elle permet tout d’abord de voir l’ascension que peut prendre l’homme sur ses supérieurs et les hommes qu’il dirige.

Tout au long de la construction de sa stratégie, Osi multiplie les flashbacks pour expliquer la Corse, l’enfance et les premières réflexions du jeune Bonaparte. Il s’appuie sur ses lettres et sur les celles de ses supérieurs notant le jeune militaire, ce qui atteste du souci d’authenticité de l’auteur sans casser le rythme de l’évocation. Le passage de la Révolution et ses abus est particulièrement intéressant pour tenter de percer cette personnalité si complexe.

Le dessin d’André Osi rappelle plus celui des albums des années 1980 si on le compare au graphisme tape-à-l’œil qu’on a l’habitude de voir dans les bacs de nouveautés. Mais on se fait rapidement à ce style qui permet de décrire avec précision et justesse les décors et les uniformes de ces moments passés. Si la simplicité de cette première bataille ne nécessitait pas plus d’explication, on peut se demander comment Osi nous présentera les schémas des futures stratégies napoléoniennes, ainsi qu’ils étaient exposés dans la série Zoulouland. En effet, que cela soit inséré dans les planches, ou en dehors en appendice ou sur les pages de garde, cela peut parfois simplifier la compréhension du récit, tout en apportant des détails primordiaux pour les fans du genre.

Car bien entendu, c’est aussi à ceux-ci que s’adresse cet album qui a déjà recueilli un très beau succès dans les lieux parfois éloignés des pures librairies. Mais c’est aussi le but de faire lire de la BD à ceux qui se seraient peut-être détournés de ce type de littérature. Il faut pourtant avouer que le texte est si chargé et tellement complet qu(il est exclu de s’avaler ces 48 pages en 10 minutes devant la télévision. Ce sera néanmoins un bon album pour les vacances, surtout quand on sait que le second tome nous attend à la rentrée !