"Nées rebelles. Jeunes filles au poing levé" – Œuvre collective – Deman Editions

Six filles, cinq causes, trois continents
Après « Les sauveurs », premier album remarqué sur la défense de la cause animale, les scénaristes Fabien Morin, Laurent Hopman et Julien Derain reprennent du service pour mettre en avant Malala, Greta, Yusra, Emma, Isabel et Melati, six adolescentes vivant dans des mondes différents mais ayant toutes une cause qui leur tient à cœur et qu’elles défendent corps et âme, au péril de leur vie pour certaines.

De l’Asie à l’Europe en passant par l’Amérique, ces figures de proue de la génération Z ont toutes en commun d’être nées filles, d’avoir vécu un certain nombre d’épreuves très tôt et d’avoir choisi de résister au fatalisme et à l’attentisme des sociétés qui les entourent.

« Nées rebelles » présente les éléments déclencheurs de leurs combats et comment elles ont réussi à attirer l’attention sur leurs causes par des moyens inhabituels et culottés aux yeux des générations précédentes.

Que ce soit par une grève scolaire pour le climat, un silence assourdissant pendant un discours pour matérialiser le temps d’une tuerie de masse ou encore une victoire olympique en natation pour faire entendre la voix des réfugiés politiques, ces jeunes filles au poing levé ne se contentent pas des mots mais passent à l’acte. Elles secouent l’inertie des politiques, réveillent les consciences et font en sorte d’améliorer le monde dans lequel elles évoluent de façon durable, en traitant les problèmes à la racine quand elles le peuvent.

Dessins uniques pour destins uniques.
La richesse de leurs parcours est renforcée par la variété des illustrateurs, chaque jeune fille ayant le sien.

La vie de Malala Yousafzai et le droit à l’éducation des filles est ainsi illustrée par Vittoria Macioci dont le dessin à la fois souple et précis s’adapte bien à la personnalité de la jeune fille. Deux tonalités dominent les planches : le bleu pour les hommes et les décors et le rose/rouge rosé pour les femmes, le sang, la violence. Le noir s’invite également sur une pleine page correspondant à une étape particulière de la vie de Malala.

Gijé et son trait aérien représentent Greta Thunberg et la lutte contre le réchauffement climatique. Le crayonné grisé de l’artiste contient des sous-tonalités aux couleurs différentes selon les émotions que ressent Greta : rouge (colère), bleu (tristesse), jaune (détermination) et vert (espoir).

Pour Yusra Mardini et les droits des réfugiés, le coup de pinceau simple et un peu naïf de Jocelyn Joret vient équilibrer la dureté de ce qu’elle vit au quotidien. Les couleurs gris vert, orange et bleu se succèdent pour évoquer les différentes étapes du parcours de Yusra, de l’insécurité en Syrie vers l’Europe plus rassurante.

Quant à Emma Gonzalez et la lutte pour le contrôle des armes aux USA, sa force de caractère et sa tranquille intransigeance ne pouvaient être mieux rendues que par le tracé au cordeau et percutant de Brett Parson. Les couleurs bleu et rouge qui dominent les planches rappellent le drapeau américain mais aussi le sang versé et la douleur vécue par les survivants et les familles des victimes.

Enfin, le dessin aquarellé de Rebecca Traunig et sa dominante bleutée s’adaptent bien au cadre de vie de Melati et Isabel Wijsem, Bali, lieu idyllique pourtant en proie à une pollution plastique qui les révolte dès leur plus jeune âge.

Immortalisés dans ce très bel ouvrage, la vie et les combats de ces jeunes rebelles ne font que commencer mais elles ont déjà fait bouger les lignes. Des exemples à suivre.