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New Love, New Life !, T. 1, 2 & 3 – Par Yoko Nemu – Éd. Kana

Par Malgorzata Natanek le 25 août 2022                      Lien  
Alors qu’elle veut être illustratrice, Momoko se retrouve dans une boîte de graphisme spécialisée dans l'univers du pachinko où le code du travail est bafoué et les employés sont excentriques.

Après la série First job, New Life de Yoko Nemu, les Éditions Kana nous proposent son prequel : New Love, New Life !.

Cette série reprend le quotidien des employés d’une entreprise de graphisme spécialisée dans les établissements de pachinko (mélange entre une machine à sous et un flipper très populaire au Japon) avant l’arrivée de Tamako. Cette fois-ci, l’histoire est suivie du point de vue de Momoko qui vient d’être embauchée après avoir finis son école de graphisme. Elle qui rêve d’être illustratrice est obligée de faire des nuits blanches dans ce boulot chaotique qui est loin de lui plaire. Effectivement, les conditions de travail n’y sont pas respectées et l’hygiène de vie est déplorable. Les heures supplémentaires, non payées sont interminables et poussent les employés à dormir sur place plusieurs jours de suite. Les conditions contraignent à se laver les cheveux dans l’évier et partager un lit sale pour toute l’équipe. Ce bureau toujours plongé dans la fumée est composé de personnes loufoques. Momoko qui souhaite partir de cette entreprise, commence à apprécier l’ambiance qui y règne surtout depuis qu’elle a croisé Tagaya qui travaille dans le même immeuble qu’elle.

New Love, New Life !, T. 1, 2 & 3 – Par Yoko Nemu – Éd. Kana
©Yoko Nemu/Kana éditions

Ce prequel en trois tomes permet de suivre une Momoko complètement différente, notamment au niveau de ses choix. Jeune fille expressive et sociable, elle se montre très bosseuse au détriment de sa vie personnelle, même si son poste ne lui convient pas. La vie privée et le temps libre sont sacrifiés pour ce boulot chronophage.

Cependant, elle a du mal à prendre des décisions, notamment par rapport à son avenir. Pourquoi ne part-elle pas ? Tout n’est pas blanc ou noir mais gris. Il est loin d’être simple de changer de vie et de quitter son travail surtout dans un pays comme le Japon.

L’auteur nous confronte à une réflexion très humaine à travers Momoko qui mène une lutte interne pour faire des choix. En effet, beaucoup de personnes sont confrontées à ce genre de situation et ont du mal à prendre une décision malgré le fait qu’elles veulent démissionner. Malheureusement, une partie de ces personnes n’y arrivent pas et finissent par s’habituer à leur quotidien en étouffant leurs aspirations.

Momoko reçoit du soutien de ses collègues quand elle en a besoin. Il y a une forme de solidarité dans ce bureau malgré le rythme et les conditions extrêmes. L’ambiance de l’équipe plutôt agréable sert de prétexte pour faire rester Momoko car beaucoup d’entreprises n’ont pas cet avantage d’après certains personnages. De fait, Yoko Nemu pointe du doigt l’importance de travailler dans une atmosphère agréable et qu’il est possible de créer des liens malgré les conditions difficiles, même si cet aspect n’est pas assez développé. Ce seul argument ne devrait pas pousser une personne à rester dans un poste qui ne répond pas à ce qu’elle cherche et qui ignore le code du travail.

©Yoko Nemu/Kana éditions

D’ailleurs, l’équipe dans laquelle se trouve notre jeune diplômée est composée d’excentriques. Par exemple, Taki qui finit très souvent en caleçon ou encore Wajima le commercial colérique qui a un bon fond. Ces personnages et la cadence de l’entreprise provoquent des situations comiques qui font sourire et rendent la lecture amusante mais aussi plus légère.

©Yoko Nemu/Kana éditions

Par ailleurs, Momoko est également tourmentée dans sa vie sentimentale. Ce josei souligne la difficulté de vivre une relation dans un cadre aussi infernal. Ne voulant pas être prise en pitié, la protagoniste va essayer d’ignorer une histoire de tromperie causée en partie par son travail. Par la suite, sa rencontre avec Tagaya va lui redonner de l’énergie, mais là aussi des doutes s’installent dans leur relation. Il agit bizarrement avec elle et semble cacher quelque chose ce qui perturbe notre graphiste.

Dans cette situation, Momoko réfléchit à ce qu’il peut lui cacher. Elle déclare même à un collègue que s’il a un casier judiciaire pour alcoolisme ou violence conjugale ce n’est pas grave car elle l’aime. Ce discours dénonce une position dangereuse et un certain aveuglement. Minimiser ce genre d’acte par amour est grave et peut mener à une situation sans retour. Malheureusement, ce genre de paroles pourrait être prononcées dans la réalité car il existe de nombreuses personnes aveuglées par l’amour.

©Yoko Nemu/Kana éditions

Toutefois, il est important de prendre en compte que New Love, New Life ! a été publié au Japon avant sa suite. C’est pourquoi le dessin est moins fin même s’il reste réussi et les situations sont moins poussées que dans son sequel. Les propos abordés ne sont, pas toujours, assez exploités.

Malgré des maladresses dans l’histoire et un scénario moins achevé que sa suite, New Love, New Life ! reste une lecture intéressante qui soulève des réflexions pertinentes. Son héroïne attachante et les situations amusantes au bureau rendent l’histoire plus légère malgré certains thèmes abordés. Néanmoins, les résolutions entreprises par la jeune fille pourront décevoir des lecteurs mais elles reflètent une réalité douce amère de la vie.

(par Malgorzata Natanek)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN : 9782505112143

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