Londres, dans un futur dystopique, le système inspiré de Big Brother de George Orwell est une réalité. Qui plus est, la société est profondément et ouvertement xénophobe : les immigrés sont parqués dans des ghettos et dépossédés de leurs droits fondamentaux.
Nous suivons le jeune Donnie, immigré qui, avec l’aide de son frère, tentent de commettre un attentat à la bombe contre un bâtiment du gouvernement. Pris de remords, celui-ci revient sur les lieux pour empêcher l’irréparable mais se retrouve pris dans l’explosion de son engin de mort et se voit propulsé à Asante, le royaume des rêves...
Rien n’est tout rose à Asante puisque les visiteurs sont irrévocablement renvoyés chez eux grâce à un choc émotionnel, mais Donnie ne peut rentrer chez lui...
Pour sa toute première publication, Fred Fordham nous livre ici un récit qui oscille entre V for Vendetta et Sandman. Sans tomber dans le piège de l’hommage facile, il construit un monde où nos légendes sont une réalité et où les anges bibliques sont devenus des tyrans, sous la coupe d’un Gabriel amer vis à vis des visiteurs et de leur comportement.
Réalisant à la fois le scénario et un dessin de très bonne qualité, c’est dans la mise en scène que cette série se démarque. Le monde réel est en noir et blanc, pour accentuer la noirceur de cette époque, tandis que les passages à Asante sont très colorés. Cette technique vraiment simple, utilisée aussi bien en BD qu’au cinéma, ou encore dans les jeux vidéo, apporte toujours un petit impact visuel qui fait son effet.
Pour une première publication, Nightfall est au dessus de ce qui nous est servi actuellement, sorte de croisement improbable entre Narnia, Sandman et l’œuvre engagée de Moore qui marque le lecteur et on ne peut que saluer les éditions Delcourt de publier cette histoire chez nous.
(par Antoine Boudet)
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