Nocturno, l’Intégrale - Par Tony Sandoval - Editions Paquet

Suivant les conseils du fantôme, il s’enfuit et rejoint un groupe de Rock métal. Ses qualités de chanteur ne laissent personne indifférent et surtout pas Karen, une jeune journaliste venue l’interviewer. Entre les deux jeunes gens s’installe une relation faite d’admiration, d’abnégation, mais aussi de non-dits...

À la suite d’une rixe particulièrement violente, Seck disparaît au fond de l’eau, commence alors une lente descente au cœur des ténèbres, où il rencontrera Nocturno , entité hybride mi-homme, mi-fantôme, trouble et mystérieuse, qui lui assurera aide et protection jusqu’à ce qu’il parvienne à rejoindre la belle Karen.

Fable poético-fantastique, cette intégrale rassemble deux volumes parus initialement chez le même éditeur en 2008 et 2009, augmenté d’un cahier bonus où l’auteur revient sur sa démarche et la genèse de cette bande dessinée si particulière. Le lecteur non averti pourra être, à la première lecture, bousculé dans ses représentations tant l’univers de Tony Sandovall est singulier et atypique.

Noir et blanc, couleur directe ou bichromie, voire crayonné, il n’hésite pas à mélanger les styles, les genres et les outils. Loin des convenances et des conventions, l’auteur mexicain s’applique à chahuter les codes et les conventions grâce à un graphisme débridé et nerveux en parfaite harmonie avec un scénario foisonnant et touffu. L’auteur prend plaisir à plonger son lecteur dans un univers profondément déstabilisant, reflet fidèle des émotions de ses héros. Le sublime et l’angoisse, l’amour et la haine, l’abnégation et la violence des sentiments sont ici traités au plus près, au plus vif ! Sans doute ici de manière encore plus aigüe que dans ses précédents ouvrages.

Tony Sandoval fait tout doucement sa place parmi les auteurs majeurs. Au fil de ses albums, ce dessinateur enrichit une œuvre exigeante, d’approche parfois difficile, mais qui ne laisse jamais indifférent tant sa personnalité est originale et forte.

Nocturno est une œuvre de jeunesse dans laquelle on perçoit déjà ce qui fera le succès de Doomboy ou des Échos invisibles. Les thèmes favoris de l’auteur du Cadavre et le sofa sont déjà là : le spleen d’adolescents en rupture, la difficulté dans l’expression des sentiments ; omniprésence du Rock et de la mort, compagne incontournable de ce romantisme noir et profond. De nombreuses références musicales littéraires ou intimes viennent souligner l’engagement de Sandoval dans son œuvre déstabilisante mais profondément humaine, et certainement sans équivalent.