En 1998 paraissait Bonne année, un album de politique-fiction qui voyait les banlieues et les cités isolées du reste des villes par de hauts murs avec miradors, barbelés et policiers armés jusqu’aux dents. Inspiré par la montée du Front National, Baru avait imaginé une France présidée par Le Pen.
Comme il avait déjà créé pour un recueil thématique (avoir 20 ans en l’an 2000) des éditions Autrement une BD dans la même veine, ce Noir regroupe opportunément les deux histoires, agrémentées d’une adaptation d’une nouvelle de Rodolphe, sorte de Roméo et Juliette transposé au cœur du conflit Irlandais.
Plus de 10 ans après Bonne année, on doit reconnaître que Baru n’était pas si loin d’une vérité sociale ( Le Pen au deuxième tour en 2002, émeutes de 2005...) peu encourageante.
Il aurait presque pu en faire une série, avec des personnages qui tels le Prisonnier de la série télé tentent de franchir cette barrière massive coute que coute.
Le noir et blanc des deux épisodes de Bonne année bénéficie de l’expérience acquise par l’auteur au Japon : élégance et précision, un complément idéal au trait plus que nerveux de Baru, et sa façon unique de figer les scènes d’action sans effet particulier, comme des flashs de violence.
On passera sur les aspects moins réussis, comme ce Sarkozy qui ressemble plus à Alain Peyreffite (homme politique français des années 70) qu’au président français. Le troisième récit, ballade irlandaise, se situe un ton en dessous ; Baru est décidément plus à l’aise quand il signe lui-même le scénario de ses albums.
(par David TAUGIS)
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