Miguel, danseur virtuose de tango et marin embourgeoisé, a épousé l’héritière des Sendoval. Cette puissante et redoutée famille de latifundistes fait la pluie et le beau temps dans la ville portuaire où ses rêves nomades ont prit fin. Un renoncement dont l’alcool, les bagarres et la fréquentation des pardas, les « panthères », putains locales, ne suffisent plus à le distraire, alors que l’hostilité de sa belle-famille va se déchaîner contre lui.
Milonga mélancolique
Le scénario de Michaël Monnin, qui fleure bon dans le ton le lunfardo, l’argot des faubourgs de Buenos-Aires, nous plonge dans un contexte qui rappelle, inévitablement, certains récits courts de Jorge Luis Borges ou son œuvre de jeunesse, Evaristo Carriego (1930, réédition 1957). Nous y assistons aux confrontations de ces mauvais garçons créoles, agiles au couteau, aux issues heureusement pas toujours tragiques qui, au-delà d’un mélange dérangeant de fascination et de dégoût pour leur violence, débouchent néanmoins peut-être sur le constat que la vida es una milonga : la vie est une tromperie…
Courbes ascendantes
Mais Noir Tango se distingue en premier lieu pour le graphisme de Philibert, exaspérant les formes arrondies de ses personnages. Elles évoquent, sans surprise, à tous les observateurs de la bande dessinée en charge de l’analyser, une autre référence sud-américaine : le peintre et sculpteur colombien Fernando Botero. Tant, dans cette ode au tango ou à la célébration de corps aux formes baroques et de leur sensualité, la parenté se révèle manifeste.
(par Florian Rubis)
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En médaillon : couverture de Noir Tango © Michaël Monnin & Philibert, Akileos, 2009.
Noir Tango - Par Michaël Monnin & Philibert - Akileos - 49 pages et carnet de croquis, 15 euros