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Nos meilleurs voeux pour la BD en 2004

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 4 janvier 2004                      Lien  
Flash back sur 2003 avant d'aller de l'avant. Malgré une année rendue morose à cause de l'intervention américaine en Irak, de la paralysie des échanges et du tourisme à cause du SRAS en Asie et des effets mortels de la canicule en été, les éditeurs ne s'en sortent pas trop mal. Grâce à une production qui a misé d'abord sur les valeurs sûres.

Globalement, la production des titres est en hausse, ceci expliquant sans doute cela : la surproduction agit comme une protection de résultat par rapport aux objectifs fixés. Mais, surtout pour les petits éditeurs en surchauffe, gare aux retours qui obèrent le chiffre de l’année suivante !

L’année qui s’achève a été une année charnière

Economiquement, les éditeurs sont allés chercher des ressources dans leur catalogue. Le chiffre a été assuré par les valeurs sûres : Blake & Mortimer, Boule & Bill, Léonard, Le Chat du Rabbin, Blueberry et Yu Gi Oh chez Dargaud ; Cédric, Kid Paddle, Les Tuniques bleues, Spirou, Jérémiah, Henriette de Dupuy & Berberian, et 12 nouveaux titres de la collection Aire Libre dont le nouveau Vol du Corbeau de Gibrat chez Dupuis ; Alpha, le nouveau Schtroumpf, IR$ et Vlad chez Le Lombard ; Sambre, le Troisième Testament, Le Triangle secret et Le Décalogue chez Glénat ; Little Kevin chez Fluide ; Joe Bar Team chez Vent d’Ouest ; 32 Décembre, Prophet et Bouncer aux Humanoïdes Associés, l’Ascension du Haut-Mal et le nouvel album de Satrapi Broderies chez L’Association, Le Chat, Alix, Canardo, Quartier Lointain et Le Cri du Peuple de Tardi chez Casterman ; Donjon et Sillage chez Delcourt ; Panique à Londres, le nouveau Pétillon, chez Albin Michel ; Légende de Swolfs et Atalante de Crisse chez Soleil. Enfin, le best-seller de l’année, Astérix et la Rentrée gauloise, un recueil amélioré de vieilles histoires, confirme que 2003 est une année marquée par la prudence. On s’en tire bien sachant qu’il n’y a eu ni Largo Winch, ni XIII, ni Thorgal, ni Titeuf, ni Lanfeust de Troy qui reviendront en 2004.

Nos meilleurs voeux pour la BD en 2004
Yves Sente et André Juillard
Leur nouveau Blake & Mortimer a été une des meilleures ventes de 2003. Photo : DP

Une forte croissance des mangas et des comics en 2003

Claude de Saint-Vincent, le PDG de Dargaud estime, dans L’Année de la BD, que la progression de la BD en 2003 leur doit « entre 3 et 5% ». Pour les libraires, le phénomène est évident et se confirme. Selon le Guide des Mangas édité par Dargaud : « En France, 320.000 lecteurs se disputent plus d’un million d’exemplaires. La France est désormais le deuxième pays au monde qui consomme des mangas pour un marché de plus de 65 millions d’euros, en progression de 350% en sept ans ».

Guy Delcourt considère que les mangas sont devenus maintenant « un secteur clé » car il a l’avantage de s’adresser à tous les publics et à toutes les classes d’âge : filles, garçons, enfants, adolescents, jeunes adultes. En outre, grâce à JapanExpo et des journaux comme Animeland, une culture spécifique aux mangas se constitue en France.

Stéphane Ferrand
le rédacteur en chef du nouveau journal consacré aux mangas, "Virus Manga". Photo : DP

Idem pour les comics : leur chiffre d’affaire s’est multiplié par quatre en deux ans, boosté par le succès des films en salle. Dans L’Année de la BD, Panini France affiche 300 nouveautés publiées cette année et un chiffre d’affaire réparti à 56% en kiosque et à 44% en librairie. L’intégrale de Spider-Man atteindrait le score de 30.000 exemplaires vendus en France. Semic-France/Tournon lui aussi affiche un chiffre d’affaires en nette progression.

André Strobel de Makassar
Le diffuseur de Panini en librairie a le sourire : grâce aux mangas et aux comics son chiffre d’affaire a été multiplié par quatre. Photo : DP

Quelques bonnes surprises éditoriales

Cela ne veut pas dire que la créativité en France est restée lettre morte. Mais elle est fragilisée. Romain Brethes, dans B.A.M., rapporte le témoignage d’Ego Comme X qui constate que le modèle économique des mangas est proche de la production artisanale des petits indépendants et ne demande pas d’efforts particuliers de production. Résultat : un éditeur comme Vertige Graphic privilégie les mangas dans les prochains mois, constatant, comme Mourad Boudjellal, le patron de chez Soleil, que les premiers titres d’une manga « se posent plus facilement qu’un premier titre franco-belge ». En clair, que le risque de plantage est moins grand.

Henri-Claude Prigent, le patron de Semic
Le chiffre d’affaire des comics a explosé en 2003.Photo : DP

Créditons quand même l’année 2003 de quelques bonnes surprises éditoriales. Parmi celles-ci, Rampokan java de Peter Van Dongen, Gen d’Hiroshima et Les Rois Vagabonds chez Vertige ; « Une Tragédie américaine » chez Denoël Graphic ; « Le Photographe » chez Dupuis ; « Ayako » chez Delcourt ; « Küklos » chez Soleil ; « Cauchemars » d’Alberto Breccia chez Rackham ; « Pyongyang » chez l’Association ; « La Soupe froide » chez casterman pour ne citer quelques titres qui ont suscité notre émotion.

L’Exposition Blake et Mortimer
Au Musée de l’Homme jusqu’en avril - Photo : Patrice Diaz - FIBD

La BD, comme le Chat, s’expose

Un record cette année : le nombre d’institutions qui célèbrent la BD. Entre un million et 1,5 millions d’euros ont été consacrés à l’exposition « Le Chat s’expose » de Philippe Geluck à l’Ecole Nationale des Beaux-Arts de Paris (une expo qui est destinée à voyager). Une autre expo a célébré le centenaire de la naissance de Jacobs au Musée de l’Homme. Moebius/Giraud sont somptueusement célébrés en Belgique à Liège, tandis que Beaubourg a accueilli, c’en est surréaliste, Reiser à l’occasion des 20 ans de sa disparition. Et ce n’est pas fini : outre les expositions d’Angoulême (« Loisel », « Joann Sfar »…), le Palais des Beaux-Arts de Charleroi en Belgique annonce pour février prochain une grande exposition « Alan Moore, les dessins du Magicien » et, selon nos informations,il s’annonce une énorme rétrospective Franquin dotée d’un budget de 3 millions d’euros qui devrait occuper La Cité des Sciences à partir d’octobre 2004.

"L’immortel" de Bilal
Un film qui suscite une immense curiosité. (c) Téléma/Bilal

Pour le cinéma, l’année 2004 s’annonce difficile

Commençant l’année en fanfare, la BD franco-belge affiche un Blueberry et l’Immortel de Bilal dans le premier trimestre 2004. Mais les trailers laissent apparaître des œuvres très particulières qui donnent des inquiétudes quant à leur réussite au box-office. On est un peu plus assuré de la fréquentation en salles de Hellboy par Guillermo del Toro, de Punisher avec John Travolta, du Catwoman de Pitoff avec Halle Berry, du Constantine/Hellblazer avec Keenu Reeves, sans parler bien entendu du deuxième opus de Spider-Man, sans doute prévu chez nous pour Noël. Face à cette déferlante, L’Affaire corse ne sera une affaire que si son budget reste modeste. Il faudra attendre sans doute 2005 pour se poser en challenger, du moins dans ce domaine.

Syberia II de Sokal
Un jeu vidéo attendu par les amateurs de BD comme par les Gamers. (c) Arxel-Tribe.

Enfin, les jeux vidéo vont s’enorgueillir d’un nouvel opus de Sokal Syberia II dont le succès international s’annonce encore plus retentissant que le précédent.

Il ne reste plus qu’à vous souhaiter, chers lecteurs, comme pour la BD, une bonne et heureuse année 2004.

Illustration en tête de l’article : Autoportrait de Franquin qui sera célébré à l’occasion des 80 ans de sa naissance en 2004. (C) Franquin - Audie

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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