Le livre de Jérémie Dres ne la ramène pas. Ni graphiquement, ni narrativement. N’attendez pas de lui les trémolos sanglotants du Shtetl (petite ville en yiddish, la langue vernaculaire des juifs d’Europe centrale), ce n’est pas son genre. Son truc à lui, c’est la curiosité, c’est de chercher à comprendre.
Il vient de perdre sa grand-mère, Téma Dres, juive polonaise à l’accent yiddish indélébile. Que ce soit à travers son bouillon de poule aux kneidlers, avec ses latkès façon hongroise, ou avec son enfance varsovienne, elle a transmis à ses petits enfants une partie de cette culture ashkénaze disparue avec la « catastrophe. »
« Méfie-toi des Polacks ! » était le mot d’ordre à savoir pour un juif qui se rendait dans un pays où ses coreligionnaires ont soit été exterminés, soit contraints à l’exil. Le travail commencé par les nazis a été parachevé par le communisme soviétique.
Or, par hasard, Dres découvre qu’il y a encore des juifs en Pologne. Il part aussitôt à leur rencontre. Qui sont-ils ? Comment vivent-ils ? Ont-ils des souvenirs de la grand-mère disparue ?
Il y a des moments touchants dans cet ouvrage très personnel. Dans la mémoire des juifs polonais, il y a le spectre lancinant des camps de la mort ; il y a aussi les souvenirs joyeux d’avant la catastrophe et ceux que la nouvelle génération est en train de se fabriquer aujourd’hui.
De nombreuses familles juives ashkénases ont constitué pour leur usage propre des recueils de souvenirs de la vie du Shtetl , on les appelle : les Mémoriaux. Incontestablement, le livre de Jérémie Dres en fait partie, mais il évoque le temps présent..
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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