Le chainon manquant, voilà ce que Mig se propose d’offrir au lecteur avec cette mini-série en cinq volumes, Ogrest. Le lien entre les univers Dofus et Wakfu, l’explication de ce qui est connu comme le "Chaos d’Ogrest", cet événement qui changea le monde de Dofus, transformant les anciens continents en archipels.
Et, loin de la terrible image d’un monstre destructeur, nous découvrons un enfant-ogre tout ce qu’il y a de plus mignon et attachant, vivant en paix sur l’île d’Otomaï, avec la poupée divine Dathura. Jusqu’à ce que survienne un accident qui transforme irrémédiablement Ogrest. Dès lors plus rien ne sera pareil et avance, inexorablement, ce qui conduira le monde de Dofus à celui de Wakfu.
Ce premier tome constitue une véritable réussite bien au-delà de son apport, stratégique, dans l’univers-phare d’Ankama. Il saura en effet ravir ceux qui ne lui sont pas familiers par le soin que Mig apporte à la caractérisation des personnages, au développement de leurs relations, à la peinture de l’environnement dans lequel ils évoluent et enfin à la subtile progression de l’action.
Si l’horizon de cette aventure -au sens fort du terme- demeure bien entendu une forme de fin du monde, le traitement proposé pour y amener s’amorce par le biais de l’intime. Ce premier volume aborde la sortie de l’enfance, la perte de l’innocence et la nécessité de grandir, d’évoluer avec ce qui nous entoure.
L’éducation d’Ogrest par Otomaï, l’exploration des sentiments éprouvés, des liens noués avec Dathura, c’est d’abord tout cela, pour l’heure, le sujet d’Ogrest, et ce qui rend le titre particulièrement intéressant.
Graphiquement, Ogrest témoigne d’une grande maîtrise. Le character design des héros, doux et rond, séduit immédiatement quand les décors apparaissent soignés comme c’est rarement le cas dans ce type de format. Sans oublier un savant jeu autour des nuances de gris et des aplats de noirs qui permet de rehausser l’intensité dramatique de certaines scènes.
Enchanteur tout autant qu’inquiétant, du fait des perspectives qui l’ouvrent et qu’il ouvre, ce manga-like de Mig confirme que, sur ce créneau particulier de la création en BD, les Français excellent en ce moment et n’ont pas grand chose à envier à leurs homologues japonais.
(par Aurélien Pigeat)
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Ogrest T1. Par Mig. Ankama éditions. Sortie le 10 juillet 2014. 6,95 euros.