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Okiya - La Maison des plaisirs défendus - par Jung & Jee-Yun - Delcourt

Par Laurent Boileau le 5 mars 2006                      Lien  
Un seul combat de "ninjas" mais beaucoup de scènes érotiques. Jung et Jee-Yun explorent donc une nouvelle voie dans la découverte du Japon médiéval qui, décidément, attire de plus en plus d'auteurs. Okiya est un récit initiatique servi par la finesse de son graphisme.

Yasunari est un samouraï à la recherche d’un nouveau maître. Sur la route qui le conduit vers Osaka, il trouve un village dont les habitants semblent peu accueillants. Le jeune homme s’endort alors sur un ponton. Au milieu de la nuit, il est réveillé par la venue d’une jeune fille qui lui propose de se réfugier, au chaud, dans une étrange okiya, une maison des Geishas. Après un repas, les quatre mystérieuses Geishas [1] de la maison lui proposent un jeu : s’il gagne, elles se plieront à ses volontés, dans le cas contraire, ce sont elles qui décideront de son sort...

Après La Danseuse du temps, le scénariste Jung Henin (La Jeune Fille et le vent, Kwaïdan) collabore pour la deuxième fois avec son épouse Jee-Yun Thot. Cette fois-ci, elle est au scénario, lui au dessin et les deux sont à la couleur ! Le couple coréen ne cache pas les influences prestigieuses qui l’ont aidé à bâtir cette histoire : Nagisa Oshima (L’Empire des sens), Yuki Inoue (Les Mémoires d’une Geisha [2]), Yoichi Takabayashi (La Femme tatouée) et Anaïs Nin (Journal).

Situé en 1650 au Japon, le récit mêle réalisme, sensualité et érotisme. Sans tomber dans la pornographie, certaines cases sont suffisamment explicites pour que l’éditeur se fende d’un autocollant "pour public averti" sur la couverture.
Les conflits intérieurs (honte, jalousie, colère, vengeance) méritaient un traitement plus en profondeur. Les sentiments des personnages sont un peu relégués au second plan au profit du ballet des corps. C’est dommage car, du coup, les auteurs prennent le risque de cantonner le lecteur à un statut de voyeur. Les couleurs à quatre mains passent de tonalités froides pour les premières planches (l’arrivée au village dans la brume) à des tons évidemment plutôt chauds pour les scènes d’amour.

En final, Okiya reste une gentille fable fantastique sur l’amour, la haine, l’honneur et la lâcheté des hommes.

(par Laurent Boileau)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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[1Le terme Geisha est issu de 2 idéogrammes signifiant « plaisir » et « art ».

[2À ne pas confondre avec Geisha le best-seller d’Arthur Golden qui fait l’objet d’une adaptation cinématographique actuellement sur les écrans

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