Olivier Dutto : « Non je n’ai pas été traumatisé par une grande sœur ! »

Comment en êtes-vous venu à la bande dessinée ?

Par amour pour ce média. Quand j’étais petit, j’en lisais beaucoup. je ne sais plus exactement comment c’est venu puisque mes parents n’en lisaient pas du tout et n’en avaient pas non plus. Mais en tout cas, la bande dessinée m’a pris et ne m’a plus jamais lâché.

Comment se passe la réalisation de vos albums et qu’elles sont vos sources d’inspirations pour les P’tits Diables ?

Une grande partie vient clairement de l’observation, même s’il est rare que lorsque je vois quelque chose, je me dise tout de suite que cela ferait un bon gag ! Il y a derrière beaucoup de travail et de recherches. Il faut se creuser la tête pour chercher des gags, mais c’est un exercice que j’aime beaucoup. Et puis maintenant Tom et Nina vivent un peu d’eux même, donc parfois c’est eux qui me montrent le chemin.

Entre le premier album et le neuvième, on remarque une certaine évolution et affirmation de votre trait de crayon. Est-ce que vous réalisez toujours vos albums de la même manière ?

Quasiment. je change parfois de papiers, de supports, de façons de préparer mes crayonnés ou encore de les reporter sur mes pages avant l’encrage. Mais en gros, ça reste le même travail. Naturellement j’essaie tout de même de constamment progresser et c’est pourquoi je continue à chaque nouvel album à me remettre en question, afin d’éviter la lassitude et de ne pas m’endormir sur mes acquis.

Neuf albums en six ans, vous avez un rythme de production impressionnant pour ce genre d’albums de gags en une planche.

Comme je le dis plus haut, le BD est vraiment une passion et pour le moment faire de la bande dessinée est bien ma principale source de motivation. J’aime aussi beaucoup ce genre de gag en une planche, enfin pas forcément le gag en soi, mais la tranche de vie qu’il peut représenter dans une page. J’aime le questionnement que ça provoque et la remise en question que ça induit. J’ai bien sûr du respect pour certains grand gagmen, comme les Américains Watterson et Schulz ou le Suisse Zep et le Belge Midam, mais cela ne signifie pas pour autant que j’apprécie tout ce qui se fait dans ce style. De nombreux auteurs me donnent l’impression d’écrire tout ce qui leur passe par la tête en faisant des trucs fait 10.000 fois. Il faut un peu d’originalité et c’est bien cette quête de la nouveauté qui me motive.

Les P’tits Diables ont été primés à de nombreuses reprises et les files d’attente pour en avoir une dédicace sont de plus en plus longues. Que représente pour vous la reconnaissance du public ?

Le fait que la série trouve un public est vraiment très agréable. Ce genre de bande dessinée est fait pour être partagée par un maximum de gens. Donc plus les gens sont présents, plus le public accroche et plus la série a une raison de vivre à mon avis, et du coup plus ça me rend heureux.

Dans le huitième tome, vous fêtiez les 1000 vannes de Nina à l’encontre de son pauvre frère. Qu’est-ce qui caractérisera le neuvième ? Quelles en seront les nouveautés ?

Eh oui, le cap des 1000 punitions a été franchi dans le tome 8 et je peux dire que ce nombre ne va pas cesser d’augmenter dans ce nouvel album. Il va y avoir aussi un approfondissement des rapports entre Tom et son copain de souffrance “soeuriale“ Kafard. Tom va vouloir échapper a l’injustice qui régne dans sa maison. J’ai aussi pas mal développé le portrait du père. Pour le reste, je vous laisse le découvrir par vous-même.

Revenons d’ailleurs sur cette tendance à martyriser le pauvre Tom. Ressort-elle d’une expérience personnelle traumatisante ?

Oui et non ! En fait, je n’ai pas été traumatisé par une grande sœur, puisque je n’en ai pas eu. Mais oui, enfant je me suis vite rendu compte que les filles étaient le plus souvent bel et bien plus matures que les garçons. Heureusement, en grandissant, on arrive, nous les gars, à vite rattraper notre retard (rire). En ce qui concerne le pauvre Tom et les nombreux traumatismes que je lui fais vivre, c’est amusant, car c’est souvent les filles qui prennent sa défense et me demandent s’il finira par gagner un jour. À croire qu’elles n’aiment pas passer pour des tyrans (rire). Alors pour leur faire plaisir, peut-être que Tom y arrivera et parviendra à son tour à piéger sa diabolique sœur ! Enfin, peut-être un jour !

La tendance actuelle est aux adaptations (jeu vidéo, série télévisée ou autres). Qu’en est-il des P’tits Diables ? Est-ce que Tom et Nina débarqueront bientôt sur nos écrans ?

Oui, c’est en train de se faire ! Futurikon, qui a produit Chasseurs de Dragon, travaille dessus. J’essaie de suivre au maximum leur travail et d’en contrôler le plus possible le développement. Mais cela représente une tâche aussi excitante que fastidieuse. Si tout ce déroule comme prévu, cette adaptation devrait être prête pour la rentrée 2010/2011. Encore un peu de patience !

Sur le blog des P’tits Diables, on peut voir que la machine du merchandising autour de Tom et Nina était en marche (mugs et badges).

Ce que vous avez vu, ce sont des essais, des propositions que j’aime beaucoup. Et là, ce qui est bien, c’est que c’est Soleil qui s’en occupe à l’aide de sa nouvelle branche Soleil Toys. Quoiqu’il en soit, tout ce qui sortira, aura auparavant été complètement validé par moi.

Des envies d’histoires plus longues ou de styles graphiques différents ?

Effectivement, l’envie de se frotter à des histoires complètes et du coup d’y adapter mon dessin, me titille de plus en plus sérieusement. Si un scénariste me proposait par exemple une belle histoire à dessiner, je pourrais tout à fait me laisser tenter. Je pense aussi éventuellement à écrire des scénarios pour d’autres dessinateurs. J’essaie de mettre ça en place petit à petit et n’en suis toujours qu’aux prémices. Mais cette envie est très excitante !

Vos projets ?

Réaliser le tome 10, prévu pour le mois de novembre et, à côté, continuer à suivre le développement du dessin animé autour des P’tits Diables. Enfin, durant le temps qu’il me reste, préparer mes autres projets, mais dont il est encore trop tôt pour le moment d’en parler.