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Olivier Pont : « Nous nous sommes exprimés au travers de non-dits ».

Par Nicolas Anspach le 1er novembre 2004                      Lien  
Olivier Pont et Georges Abolin nous ont entraînés dans une histoire magique. Dans [{Où le Regard ne Porte Pas}->1709],les auteurs se sont donnés le temps de peaufiner la narration, afin de trouver le meilleur angle pour faire ressentir les sentiments et les émotions des personnages. Ce diptyque a récolté de nombreux prix, amplement mérités.

N’est-il pas fatiguant d’entendre régulièrement que vous avez réalisé le chef d’œuvre de l’année ? Sans vouloir paraphraser Laurent Ruquier : La Presse est unanime.
Je ne vais pas m’en plaindre ! (Rires) C’est plutôt agréable de sortir un album et de voir qu’il est bien accueilli. Et puis, les deux tomes d’Où le Regard ne Porte Pas représentent quand même deux cents pages. J’avais prévu de les dessiner en quatre ans. Et j’ai mis trois ans à terminer le premier tome ! J’ai donc traversé quelques périodes de découragement : je n’avais aucune perception des lecteurs par rapport à mon travail.
Mais en même temps, cette manière de travailler donne une certaine part de liberté. J’ai pris le temps qu’il fallait pour terminer ces deux albums sans aucune pression. Il y avait donc des avantages et des inconvénients à travailler de la sorte.
Olivier Pont : « Nous nous sommes exprimés au travers de non-dits ».

Vous aviez signé chez le Téméraire pour cette histoire ...
Oui. Le premier album était terminé lorsque la faillite de cet éditeur fut prononcée. Nous avons recherché un autre éditeur. Dargaud s’est montré intéressé en lisant ces planches... Ils étudiaient alors la possibilité de relancer la collection « Long Courrier ». Ils ont été longtemps incertains quant à la relance de la collection, mais fort heureusement d’autres auteurs leurs ont présenté au même moment des projets qui avaient un profil identique.

Comment expliquez-vous le succès de ce diptyque ?
Mais vous ne vous ne l’expliquez pas (Rires). Je vous rassure : cela reste un succès raisonnable. Ce n’est pas Titeuf !
Georges Abolin et moi-même nous étions battus pour que les albums contiennent une grande pagination. Nous voulions avoir le temps de pouvoir nous exprimer au travers de non-dits, c’est-à-dire au travers de pages durant lesquelles il ne se passait pas grand-chose. Nous pouvions nous attarder sur des regards, des sourires, des paysages, des animaux... Et puis, le premier album parle de l’enfance.

Celle que tout le monde aurait aimé avoir ?
Peut-être, mais le récit contient également des côtés dramatiques. Mais c’est vrai : le premier album est lié à l’enfance, à l’innocence. Ils vivent une vie idyllique au bord de mer, et profitent du soleil tout en faisant les quatre cent coups !

Comment est née cette histoire ?
George Abolin est un ami d’enfance, et nous avions l’habitude de travailler ensemble. Nous désirions mélanger deux intrigues, l’une terre à terre et une autre plus fantastique. Au fil de nos discussions, nous avons créé les personnages et construit l’histoire pierre après pierre... Nous avons donc distillé des éléments dès les premières pages de l’histoire qui se sont révélés importants dans le deuxième album.

Vous travaillez en brainstorming ?
Nous avons décidé ensemble de la ligne rouge et de l’intrigue de l’album. Et au fur et à mesure de mon avancement dans le dessin, je peaufinais la psychologie des personnages et réalisais le découpage. Nous fonctionnons inversement pour une autre série. George réalise le découpage des gags de Total Maîtrise, puis les dessine. Mais les gags sont créés à deux !

Vous n’avez pas eu peur que le côté fantastique du deuxième album ne décontenance les lecteurs ? Le premier album se suffit à lui-même !
Je n’ai pas eu la moindre appréhension vu que le deuxième tome était déjà terminé lorsque le premier a été imprimé (rires). Mais c’est vrai que les albums sont assez différents, et que l’on perd ce côté attendrissant. L’action se déroule au Costa Rica et met en scène les mêmes personnages, devenus adultes.

Avez-vous des réactions émouvantes de lecteurs ?
Oui. Certaines personnes sont venues me remercier pour les avoir fait rire... ou pleurer ! C’est très touchant. C’est pour cela que l’on souhaitait prendre notre temps dans la narration, pour essayer de coller à l’émotion des personnages.


Quelles techniques utilisez-vous pour l’encrage de vos planches ?
Le pinceau, uniquement ! C’est une technique assez ingrate lorsque l’on commence à l’appliquer, mais on arrive rapidement à avoir des résultats inattendus grâce à une grande souplesse dans les pleins et les déliés et un vrai confort d’encrage.

N’avez-vous pas parfois été handicapé par votre style semi réaliste pour illustrer votre histoire...
Je voulais garder mon style. N’oubliez pas que je viens du dessin animé, et ai donc une tendance à glisser naturellement vers la caricature. Je me retrouve finalement avec des personnages semi réalistes dans des décors réalistes.

Il se dit que vous aimeriez entamer une carrière de réalisateur cinématographique...
Oui. Cela va faire un an que j’ai terminé les dernières planches de Où Le Regard Porte Pas. J’ai écrit plusieurs courts métrages, et espère réaliser le premier d’ici la fin de l’année. Je suis actuellement en négociation avec un producteur. Malheureusement, ce genre de projet est assez lent à se mettre en place...


Vous aimeriez réaliser une adaptation de Où Le Regard Ne Porte Pas ?
Peut-être ! Mais je ne suis pas prêt pour un tel long métrage. Cela demanderait des moyens financiers et humains fort importants.

(par Nicolas Anspach)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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