Rendons hommage aux Editions Joker qui mettent enfin un terme à cette attente en publiant Les Disparus de Bayou Plalah, douzième aventure de l’inaltérable dandy au canotier.
Qu’est-ce qui pourrait bien faire courir Olivier Rameau au fin fond d’un marais putride au risque de saloper son beau costume ? La belle, la sculpturale, la sexy Colombe Tiredaille, bien sûr, qui se satisfaisait auparavant d’être belle et douce. Les années ont passé, Colombe ne se contente plus d’être belle et elle est douce si ça lui chante ! Or justement, les bayous rêverosiens ont un effet des plus déplorables sur son anatomie. Voilà notre (toujours) jeune héros, superbe et courageux, forcement, mis face à cette terrible question : la beauté est-elle vraiment intérieure ? L’essentiel est-il invisible pour les yeux ? Faudra-t-il réellement bécoter (et plus si affinités) ce monstre verdâtre, puant et repoussant qu’est devenue Colombe ? Plus périlleux qu’un voyage en Absurdie, et plus impressionnant qu’un razibus, isn’t it ?
Mieux qu’une parabole sur la pollution des rivières, Les Disparus de Bayou Plalah est avant tout une fable sincère sur le temps qui passe et dénature les corps. Avec humour, Dany, autre genre de dandy mais sans canotier, explore ses peurs, style fort prisé à l’heure actuelle, et particulièrement à L’Association. Mais Dany est rêverosien dans l’âme : foin de lourdeurs et d’introspections déprimantes, à lui la couleur, l’humour, la gaîté et le happy-end !
Happy-end pour tous, car la beauté est relative et le physique pansu et boutonneux d’une jeune dragone éblouit un jeune dragon. Logique !
Dany est partout dans ce récit : si Greg lui avait fourni les quelques premières pages de scénario, se réservant selon habitude de dévoiler le récit progressivement, la grande faucheuse avait définitivement confisqué la suite. Dany l’a donc imaginée avec talent, renouant aisément avec la magie des débuts. Toutefois, le graphisme a évolué vers un dessin plus enlevé, proche du cartoon, voire de la caricature, et se rapproche du style jeté de ses histoires coquines. Ce à quoi il faut ajouter une nouvelle technique de mise en couleur par l’auteur, elle aussi vive et dynamique et qui ajoute à la modernité.
L’ensemble offre un album malicieux et tendre pour les vieux nostalgiques et les jeunes rêveurs.
(par Sophie Flamand)
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