Olivier Texier, qui publie depuis la fin de années 1990 aussi bien en autoédition que chez des éditeurs indépendants ou non, a su construire un univers personnel et un trait immédiatement identifiable. Il le prouve de nouveau avec La Boîte, paraissant en novembre chez Vide Cocagne.
Dans cet opus, certes moins radical que ceux de sa série Grotesk, Olivier Texier dépeint une entreprise comme il en existe des milliers. A ceci près que son patron et ses employés sont de bien curieux personnages. Un stagiaire aux bras trop courts, un informaticien aux pieds gigantesques, une secrétaire presque réduite à sa dentition… travaillent – si l’on peut dire – pour un patron monté sur chenilles.
Tout ce petit monde est dévoué corps et âme à la "boîte", cette entreprise qui constitue tout à la fois leur cadre de vie et leur raison de vivre. Que produit-elle, cette boîte ? Nous ne le saurons pas. Et qu’importe. Comme toutes les entreprises dignes de ce nom, les salariés et stagiaires passent leur temps derrière leur écran ou en réunion à admirer de superbes diagrammes. Ils doivent bien entendu faire face aux pannes informatiques, aux démêlés avec le photocopieur, aux dossiers à classer, sans jamais que nous ne sachions dans quel but – si ce n’est celui de "faire tourner la boîte".
Olivier Texier enchaîne les gags en une page. S’ils ne sont pas tous du même niveau, la plupart feront sourire. Son humour absurde et décalé fonctionne en effet très bien dans cet univers libéral où l’entreprise reste le modèle indépassable. Un employé rentre chez lui par erreur. Le stagiaire travaille depuis plus de deux ans, sans être rémunéré, mais craint de ne plus pouvoir utiliser l’agrafeuse. Le patron fait appel à un "poète d’entreprise" pour motiver ses salariés. Les situations dépeintes semblent exagérées ou lunaires, mais partent bien souvent d’un constat réaliste.
Le dessin d’Olivier Texier, faussement approximatif, va à l’essentiel. En quelques traits, sans effets exagérés et sans vulgarité, il parvient à rendre ses personnages expressifs – eux qui n’ont pourtant guère visage humain. Les couleurs vives, en aplats, jouent sur les contrastes pour mieux amener les gags.
Pré-publiée dans la revue en ligne Professeur Cyclope, La Boîte est donc un livre sans prétention, agréable à lire, où l’humour absurde souligne subtilement un propos plus politique qu’il n’y paraît.
Voir en ligne : Le blog d’Olivier Texier
(par Frédéric HOJLO)
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