Nous vous l’annoncions il y a quelques semaines, les éditions Ankama s’emparent de l’univers du romancier français de science-fiction Stefan Wul. Avant de vous proposer notre chronique de Oms en série, scénarisé par Jean-David Morvan, faisons place aujourd’hui dans nos colonnes à ce très convaincant premier opus de la série Niourk, prévue en trois tomes.
Suite à une catastrophe écologique provoquée par le comportement suicidaire des hommes, les océans se sont asséchés, pour laisser place à des terres arides, où les survivants se sont organisés en tribus isolées, retournant à un mode de vie primitif.
La tribu de l’enfant noir est guidée par un vieil homme, appelé "Le Vieux". Celui-ci annonce que dès son retour de la Cité des Dieux dans quelques jours, l’enfant traité comme un paria, sera sacrifié. Mais le Vieux ne revient pas. Comme attiré par cette mystérieuse cité, l’enfant s’échappe et part à la rencontre du vieil homme. Mais ce qu’il découvrira, sur les hauteurs de Santiago de Cuba, remettra en cause ses croyances et le lancera sur les traces de la vérité et de sa propre tribu, elle-même partie en exode.
Nous suivons deux odyssées en parallèle : celle de l’enfant noir, le héros de cette aventure, dont le récit en voix off apporte un éclairage a posteriori éclairé d’un nouveau savoir, et d’autre part celle de la tribu de Thoz, guerrier guidant ses frères en quête de nourritures et se tenant à l’écart des monstres. Les deux périples, l’un intimiste, l’autre plus épique et frontal, se répondent l’un l’autre et nourrissent ce passionnant jeu de piste crépusculaire.
Les compositions et découpages d’Olivier Vatine sont d’une efficacité redoutable, chaque nouveau chapitre s’ouvrant sur une pleine page de toute beauté. Les ambiances colorées, des teintes bleutées de la cité enneigée, aux couleurs ocres des terres arides, en passant par les verts artificiels des vestiges de la civilisation humaine, donnent un impact saisissant à la nature. Souvent cadrés à hauteur de canyons, d’arbres ou d’herbes épaisses, et quasiment jamais d’un point de vue humain, les survivants apparaissent minuscules, à la merci des bêtes sauvages, mais surtout diminués par leur propre ignorance.
Tranchant comme un rasoir, et très puissant graphiquement, ce tome 1 de la série Niourk, tel un gros coup de sagaie dans la tête, ne fait décidément pas dans la figuration et s’affirme crânement comme l’un des albums coups de poing de cette rentrée BD.
(par Thomas Berthelon)
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Niourk T1 : L’Enfant Noir - Par Olivier Vatine d’après l’oeuvre de Stephan Wul - Ankama Éditions
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