Depuis 2013, l’auteur espagnol Erich Hartmann publie chez Tabou cette série des Orgies Barbares qui, comme son titre l’indique, procède à l’imbrication en tous sens du médiéval fantastique avec d’orgiaques scènes plus qu’explicites. Avouons-le tout net, nous ne sommes pas tombés de notre chaise au début de la parution de la série : certes le dessin n’était pas maladroit, mais il nous semblait que le pitch de base tenait sur le string d’une de ces barbares (dé-)vêtues pour autre chose que le combat.
Pourtant, lors de la parution du tome 3, il nous a fallu déchanter... car nous étions finalement enchantés ! Non que la thématique ait été modifiée, mais parce que Erich Hartmann nous régalait grâce à des textes ciselés où il place une bonne dose d’humour qui cohabitent parfaitement avec ses grandes cases, beaucoup plus explicites que l’extrait qu’on vous livre aujourd’hui.
Dans ce nouvel opus, c’est le chevalier Corwyn et surtout son valet Gilles qui entament le bal. Tel des Montmirail et Jacquouille, ils vaguent à l’aventure. Mais Gilles est plus lubrique que fripouille, et s’il a la langue pendue, c’est pour en faire quelque chose... Pendant que son sire ferraille, il défouraille. Et lorsqu’il est chargé de porter des missives à l’élue de Corwyn, il préfère s’en torcher afin de continuer à lutiner la servante de la belle. Tout le sel de ces séquences se trouve dans les dialogues humoristiques qui conviennent à point nommé à la situation. Ainsi, lorsque la coquine termine manuellement le bougre et que celui-ci lui fait remarquer qu’elle a de la pratique, elle répond : " - Je trais six vaches tous les matins." Quelle répartie !
Les saynètes suivantes sont du même acabit, pas nécessairement avec les mêmes personnages, mais toujours dans une alternance entre parodie de contes (une belle qui attend le baiser de son prince charmant, un chaperon rouge qui cache une redoutable guerrière), de vision parodique du monde médiéval, et des approches érotiques de l’Heroic Fantasy. De manière générale, l’auteur évite heureusement l’authentique réalité d’hommes brutaux qui malmènent d’innocentes dames. Ce sont souvent ces dernières qui sont à la manœuvre, parfois même pour se moquer de ces mâles, comme ce clan d’amazones bien décidées à donner un leçon à un curé qui prêche la vertu en s’adressant... aux seins de ces dames !
Quant au dessin, Erich Hartmann s’est également amélioré avec les années, livrant de personnages très bien dessinés, surtout ses héroïnes qui combinent sensualité et une certaine forme de réalisme, en particulier pour les visages. Ajoutez à cela des compositions de pages très équilibrées (sauf pour la dernière histoire dont l’assaut est à double titre volontairement présenté de manière plus chahutée...), et vous obtiendrez une savoureuse bande dessinée, aussi drôle qu’émoustillante !
(par Charles-Louis Detournay)
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
Lire une précédente chronique de cette série : Orgies Barbares vol. 3 - Par E. Hartmann - Tabou