Nous avons déjà présenté en détail le lancement de la collection Fumettix il y a un an et demi. Rassemblant trois fumetti érotiques italiens de la même série dans un gros format de poche fidèle à l’original, l’éditeur Dynamite opère pour ses lecteurs un retour en arrière nostalgique en ressuscitant les petits formats diffusés en kiosque et popularisés en France par les éditions Elvifrance dans les années 1960 à 1980.
Se sont succédés depuis 2019 : Pornstar qui suit la carrière d’une star du X et de son manager, à savoir sa sœur aînée, Sex Maniak qui rassemble quatre histoires aussi originales que différentes, Raimbo qui copie allégrement le rude combattant incarné par Sylvester Stallone au cinéma, assez logiquement suivi par la mercenaire Ramba qui assassine à tour de bras en dépit de son physique de mannequin.
Orient Sexpress est donc le cinquième opus de cette collection de poche, mais elle respecte l’idée originale de sa série d’origine, comme l’explique Maxime Spira dans son introduction : « Orient Sexpress se distingue de la masse des PFA [NDR : Petits Formats Adultes] en centrant son récit autour d’un lien, le train, et non pas d’un personnage ou d’un genre de récit. Une particularité qui la rend quasi unique en son genre, [si l’on excepte "Casino" de Leone Frollo.] »
Il continue un peu plus loin : « Le choix du train est malin : il a l’avantage de donner à la série une structure qui utilise la règle des trois unités propres au théâtre. L’unité de temps est celle du voyage, l’unité de lieu, c’est le train, qui de fait devient scène. Quant à l’unité d’action, c’est bien sûr l’érotisme débridé vers lequel les intrigues vont systématiquement nous mener. Le force de cette construction théâtrale est de mettre à la disposition des auteurs un cadre à la fois codifié et paradoxalement permissif, autorisant une grande liberté de ton. Si une partie des récits relève du pur vaudeville, les scénaristes n’ont pas pour autant la volonté d’enfermer la série dans ce seul genre. Nombre de récits tiennent du polar, de l’aventure, de l’espionnage ou même de la comédie. »
Pour preuve, les trois épisodes de cette édition qui démontrent pleinement le décalage et la diversité dont ils font preuve. Le premier commence en plein far-west, donnant une explication grivoise à l’invention des wagons-lits, avant de se projeter plus près de nous, dans les pas d’un dandy bien décidé à profiter d’un trajet pour séduire la compagne d’un ministre en dépit de la cerbère qui la suit comme son ombre. Un premier récit tout aussi drôle que bien tourné, car il utilise à merveille le fantasme de la liaison fugace avec un ou une inconnu(e) via l’utilisation d’un glory hole.
Si le recueil mérite déjà la lecture rien que pour ce premier récit, le second est tout aussi intéressant, et change de registre en présentant un publicitaire qui voyage en train afin de trouver l’actrice qui pourra incarner au mieux le spot qu’il a imaginé. Quant au troisième récit, il tient plus du vaudeville, lorsque ce mari cocu prend le train pour soigner ses jambes fracturées, jusqu’au moment où il tire une étrange bohémienne des pattes de la police.
Avec une telle latitude dans les sujets évoqués, chaque amateur trouvera un ton qui lui conviendra mieux que les autres. Ce qui est certain, c’est que chacun d’entre eux révèle son lot d’amusements, de surprises et de rencontres sexy. Le seul regret provient de la qualité de la reproduction de la troisième histoire, comme nous l’explique l’éditeur Nicolas Cartelet : « Le problème principal sur cette collection tient dans la qualité variable des livres à scanner. Dans ma collection personnelle ils sont souvent trop délabrés, je dois parfois acheter deux, trois exemplaires d’un même fumetti sur Internet avant de récupérer un livre en état convenable. Et parfois ça ne suffit pas, on doit retoucher les images du mieux qu’on peut. »
Sans atteindre le summum du genre, le dessin de Alberto Del Mestre & Augusto Chizzoli met bien en scène des scénarios aussi inventifs que débridés de la série, sans néanmoins parvenir à égaler le talent d’Augusto Chizzoli qui a peint cette superbe couverture.
La collection Fumettix ne cesse de nous étonner ravivant avec soin la nostalgie des PFA. Vivement la suite !
Propos recueillis par Charles-Louis Detournay.
(par Charles-Louis Detournay)
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Orient Sexpress - par Alberto Del Mestre & Augusto Chizzoli - Dynamite Fumettix - 13 €
Réservé à un public averti
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