Dan Christensen est un des meilleurs exemples actuels de ce que peuvent s’apporter la BD franco-belge et les comics : américain d’origine, il vit depuis plusieurs années en France et bâtit petit à petit une œuvre moderne à l’esthétique élégante. On pourra citer son Red Hands au Cycliste en 1999, polar que parcourt un loup-garou où les hommages à l’auteur américain Matt Wagner étaient nombreux, ou le très amusant Tumbleweed Kid sur le site de Coconino World, réalisé peu de temps après et qui mêle cowboys et monstres lovecraftiens.
En 2004, il publie chez Carabas le premier des trois tomes de Paranormal, à l’ambiance qui n’est pas sans rappeler celle de la série Powers de Brian Michael Bendis et Michael Avon Oeming.
Henry Wade Johnson, un criminel à super-pouvoir connu sous le nom de l’Ogre (il est baraqué, assez fort, et très résistant), sort de taule, espérant pouvoir refaire sa vie en oubliant ses agissements passés. Mais sa femme l’a quitté et la police décide de l’utiliser pour piéger l’un de ses anciens complices qui lui tournent autour. Un engrenage infernal se met alors en place, certains flics semblant penser que la fin justifie les moyens et les super-vilains n’hésitant pas à faire couler le sang.
Nul combat entre bonshommes costumés dans cette histoire. D’ailleurs, personne ne porte de collant moulant. Nous ne sommes pas chez Marvel ou DC, c’est le moins que l’on puisse dire. Ce sont bien les codes du polar qui prennent le dessus sur ceux des comics de super-héros (que connaît bien Christensen, comme en témoigne son blog). La tension psychologique est habilement maintenue tout au long des deux tomes parus et le personnage principal, bien que sympathique par sa capacité à se remettre en question, n’est pas tout blanc, loin de là.
Dan Christensen réalise également un très beau travail au niveau du dessin. Tendant, comme celui de beaucoup des dessinateurs américains qu’il admire, à une certaine épure, son trait est vif et expressif, et sa narration est dense - ce qui, cette fois, le place plutôt du côté des Européens.
Dan Christensen confirme avec Paranormal tout le bien que l’on pouvait penser de son travail antérieur et on peut lui faire confiance pour boucler cette série avec la même énergie que celle déployée par ses personnages.
(par François Peneaud)
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