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Park Hee Jung : "A travers mon travail, il y a un véritable échange entre le lecteur et l’auteur"

Par Arnaud Claes (L’Agence BD) le 7 décembre 2006                      Lien  
L’auteure des manwhas {Hotel Africa} et {Fever} (Editions Paquet), présente au festival Quai des Bulles de Saint-Malo en novembre dernier, nous a accordé un entretien. L’occasion de parler de son travail et de la relation à ses lecteurs.

Où trouvez-vous l’inspiration pour vos manwhas ?

En général, je ne fais pas de recherches particulières. Je prends des notes au jour le jour, au cinéma ou ailleurs, quand des choses se passent qui m’intéressent. Puis, l’imagination fait son travail, et je relie une multitude d’éléments pour construire une histoire.

Lorsque vous démarrez une série, est-ce que vous partez plutôt de l’aspect graphique, de l’aspect narratif ?

D’abord de l’histoire. Puis, je construis des personnages qui y correspondent. Mais il m’arrive aussi de partir d’une image : par exemple, pour Hotel Africa, j’avais vu une photo de femme blanche tenant un enfant noir dans ses bras. Ça a été le point de départ, et puis j’y ai ajouté d’autres histoires. Pour Fever, j’ai commencé à travailler après avoir vu un documentaire sur les "volontaires", des enfants rejetés par le système scolaire traditionnel et pour qui on a créé une "Do It School". J’ai trouvé ça sympa, et j’ai eu envie de raconter une histoire sur des jeunes un peu perdus, qui veulent reprendre leur vie en main. Mais par rapport à ce que j’avais vu dans le documentaire, ce que j’ai fait est beaucoup plus humoristique et joyeux !

Park Hee Jung : "A travers mon travail, il y a un véritable échange entre le lecteur et l'auteur"
Hotel Africa, T.2, par Park Hee Jung
(c) Editions Paquet

Vos manwhas décrivent des relations humaines très passionnées, est-ce que vos lecteurs ont les mêmes rapports avec vos personnages ?

En général, dans le shôjo manwha, le manwha pour les filles, ce qui est compliqué, c’est que le lecteur ou la lectrice rentre complètement dans le récit, mais pas en se projetant dans un personnage en particulier : il partage l’histoire, les sensations, avec eux. C’est un élément important par rapport à d’autres styles de BD. Je reçois parfois des lettres d’admiratrices qui me racontent que dans certains passages, elles ont ressenti une forte émotion, ou même pleuré ; et exactement aux mêmes passages, en dessinant, j’avais ressenti moi aussi des émotions très fortes. Je crois qu’à travers mon travail, il y a un véritable échange entre le lecteur et l’auteur.

Certains lecteurs cherchent-ils parfois à influer sur le cours de vos histoires ?

Oh oui ! Je reçois beaucoup de messages ; il arrive souvent que des personnages meurent dans mes histoires, et beaucoup de lecteurs protestent en me demandant de revenir là-dessus ! (Rires)

Quels sont vos auteurs de référence pour votre travail ?

Il y en a tellement ! Je peux difficilement en citer un en particulier. A mes débuts, par exemple, le film Bagdad Café m’a beaucoup marquée, j’avais envie de reproduire ce genre d’ambiance. Hotel Africa, c’est un mélange entre des photos, différentes histoires d’amour, et l’ambiance générale de Bagdad Café. Quand je regarde des films, que je lis des livres, des poésies, peu importe, chaque élément m’influence d’une certaine façon et a une répercussion sur mon travail. Il m’arrive de retrouver un livre ou une vidéo sur lesquels j’étais passée il y a des années et de me dire : comment ai-je pu manquer ça ?

Vous connaissez un peu la bande dessinée franco-belge ?

On en trouve peu en Corée, il faut vraiment la chercher ! L’an dernier, j’étais en Suisse sur un autre festival, et j’ai été tellement occupée que je n’ai pas vraiment pu avoir de contacts avec d’autres auteurs, mais j’espère pouvoir le faire ici.

Park Hee Jung en dédicace à St-Malo

C’est la première fois que vous venez en France : comment se passe la rencontre avec les lecteurs français ?

Ils sont patients, ils attendent longtemps que j’aie fini ma dédicace. En Corée, on est parfois un peu trop pressé, les dédicaces sont de simples signatures, sans dessin pour les accompagner. Quand on signe pour une dizaine de personnes ici, chez nous, c’est une centaine !

Vous avez pu échanger avec eux ?

Pas tellement, car je suis concentrée sur mon dessin. Evidemment, une simple signature c’est beaucoup plus confortable pour moi, mais partager un moment avec le lecteur qui me regarde travailler, c’est quelque chose d’assez touchant ; malgré l’effort que cela représente, j’aime bien cette forme de dédicace.

(par Arnaud Claes (L’Agence BD))

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN :

Traduction : Jee Young Hascoët-Park.

Photos : Arnaud Claes.

 
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