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Patrick Pinchart : "Les intégrales sont la référence ultime des séries historiques de Dupuis"

Par Nicolas Anspach le 5 juin 2007                      Lien  
{{Patrick Pinchart}}, ancien rédacteur en chef du journal de {Spirou} et toujours l'un des éditeurs du magazine, s’occupe également de la collection des intégrales des classiques Dupuis. Après {Yoko Tsuno}, {Spirou & Fantasio}, {Tif et Tondu}, Dupuis édite aujourd’hui le premier volume de l’intégrale {Natacha}. Rencontre.

Les intégrales de Yoko Tsuno sont thématiques, et non chronologiques. Le principe des intégrales chronologiques est-il désuet ?

Non, les intégrales seront majoritairement chronologiques, à quelques exceptions près. Nous allons choisir l’option qui nous permet de défendre au mieux l’œuvre originale en contentant les amateurs qui la connaissent, mais aussi en la faisant découvrir à un nouveau public. Par exemple, dans le cas de Tif et Tondu, débuter par les tout premiers albums d’un Will débutant et dont les scénarios étaient nettement moins mémorables que ceux de M. Choc, aurait été donner une fausse image de cette série et nous aurait coupés du public qui a découvert la série plus tard. Débuter avec les albums de M. Choc, sans doute l’un des personnages les plus emblématiques de la bande dessinée, permettait de donner toutes ses chances à l’intégrale. Le succès du premier volume confirme ce choix : nous avons épuisé le premier tirage en un temps très court, comme ce fut le cas pour l’intégrale Spirou et Fantasio. Pour Yoko Tsuno, il s’agit d’une œuvre dont les ramifications entre albums sont très importantes.

Patrick Pinchart : "Les intégrales sont la référence ultime des séries historiques de Dupuis"Pourquoi ?

Certains tomes tournent autour de personnages récurrents, autour de thèmes communs. Les rassembler par thème était donc logique. Par exemple, trois albums se déroulent en Allemagne autour du personnage d’Ingrid ; trois autres racontent la rencontre avec les Vinéens, le départ vers Vinéa et le début de l’exploration de la planète. En les rassemblant, les lecteurs peuvent donc avoir une nouvelle lecture, cohérente, de ces albums parfois éloignés l(un de l’autre dans la chronologie.
Mais, dans tous les cas, les lecteurs auront la totalité de la collection des récits publiés en albums séparés, complétés éventuellement de planches inédites. Nous comptons vraiment en faire "la" référence ultime, une vraie intégrale, avec tout ce qui a été publié par l’auteur.

Comment s’opèrent vos choix ?

Nous tentons de remettre en avant chez les libraires des œuvres qui, à cause de la folie actuelle des nouveautés, sont mises à l’arrière-plan. Avec quatre mille nouveautés par an, quel libraire peut encore trouver de la place pour garder dans ses rayons les séries qui n’ont pas de nouvel album, voire simplement les "classiques" ? Toutes les séries anciennes souffrent de ce phénomène. Après ces premières séries, il y en aura donc d’autres, mais nous comptons aussi faire d’autres types d’albums, dans d’autres formats, afin de toucher d’autres lectorats.
Les dossiers d’introduction des intégrales, d’ailleurs, sont à la fois là pour satisfaire les fans par une foule d’anecdotes et de documents sur les albums, et les lecteurs qui ne connaissent pas la série ou l’auteur, afin de les leur faire découvrir.
Notre modèle est celui de la fameuse collection "La Pléiade", qui propose l’intégrale d’une œuvre complétée de dossiers critiques. Sauf qu’ici, les dossiers sont destinés au grand public, pas aux esthètes pointus.

Concrètement, quel est votre travail pour la confection de ces intégrales ?

Il y a un énorme travail de restauration, car ce sont des œuvres qui datent d’il y a plusieurs décennies. Dans le cas de Franquin, par exemple, les premières planches ont soixante ans. Au fil du temps, des poussières, des taches, des griffes se sont multipliées sur les films, provoquant des défauts à l’impression.
Tout est d’abord numérisé. On supprime ensuite à l’écran tous ces défauts en parcourant chaque planche case par case. Je relis tout afin de mettre en évidence des défectuosités et d’éliminer les quelques fautes d’orthographe qui auraient résisté au temps... et il y en a !
Les couleurs sont retouchées afin de supprimer les débordements. A l’époque, elles étaient faites à la main : il n’était pas possible d’être aussi précis qu’avec la colorisation par ordinateur. Les défauts de photogravure sont rectifiés. Bref, pour chaque volume d’une intégrale, on a une quinzaine de jours de travail. Nous nous mettons ensuite en chasse pour trouver des dessins inédits, nous parcourons la collection complète du journal de Spirou pour trouver des documents d’époque, des planches qui n’auraient pas encore paru en album, des couvertures du journal. Comme je le disais plus haut, le lecteur aura donc à sa disposition la totalité de l’œuvre lorsqu’il aura acquis l’ensemble de la collection.

Éditer une intégrale de Tif et Tondu, était-ce une manière de réagir à la publication de celle d’Isabelle au Lombard ?

Pas du tout. Nous ignorions qu’Isabelle allait reparaitre au Lombard quand nous avons entamé ce projet. Je comptais même rééditer moi-même ces albums, car j’adore cette série. J’ai d’ailleurs eu le plaisir de la publier en tant que rédacteur en chef de Spirou à la fin des années 80 et d’échanger des lettres homériques avec Yvan Delporte à propos des scénarios. Mais je suis arrivé trop tard pour faire cette réédition, car le contrat était déjà signé avec "Le Lombard" ! C’est dommage, car Dupuis a, pendant des années, laissé partir une partie importante de son patrimoine et d’autres n’ont eu qu’à se servir dans un catalogue pourtant riche en petits bijoux. Mais nous allons changer cela... Et le 70e anniversaire du journal deSpirou sera une occasion supplémentaire de rectifier le tir.

extrait du dossier de presse "Les intégrales"

(par Nicolas Anspach)

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Photo en médaillon (c) Nicolas Anspach

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2 Messages :
  • les editions dupuis auraient-elles la bonne idée dans la continuation des intégrales et le 70e anniverssaire venant , de réediter un ( ou tous !) des 3 ouvrages sur l’histoire du journal Spirou et des editions dupuis ?( 1 chez glénat , 2 chez dupuis , sans parler des 2 ouvrages de michel deligne encore plus confidentiels !)

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    • Répondu par BD75Paris le 6 juin 2007 à  20:45 :

      Si l’on parle du patrimoine du Journal Spirou il ne faut pas oublier les deux livres parus aux éditions de l’Age d’Or : les trésors de Spirou et le trésors de spirou et le cirque.
      Ce sont de beaux livres en couleurs bourrés de documents rares et imprimés à 1000 exemplaires. J’en fais le plaisir des collectionneurs plusieurs fois par an !

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