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Paul Gillon – Jérémie - L’Intégrale – Ed. Aaapoum

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 17 février 2017                      Lien  
Jérémie est l’un des sommets artistiques de l’œuvre de Paul Gillon (1926-2011), l’un des plus grands dessinateurs français de son temps. On y trouve un artiste qui avait atteint la plénitude de son art, placé au Panthéon entre Alex Raymond et Paul Cuvelier, un moderne pour les anciens, un classique pour les modernes, au cœur du basculement de la bande dessinée « adulte » des années 1970-1980.

Jérémie dans les îles avait été publié en noir et blanc de 1968 à 1973 dans Pif Gadget puis en couleurs en volumes chez Dargaud puis aux Humanoïdes Associés. Des albums épuisés depuis. Il s’agit d’un jeune aventurier, un peu sur le modèle de Corentin de Paul Cuvelier, qui se retrouve naufragé dans des terres sauvages et qui y survit de péripétie en péripétie, rencontrant sur son chemin Indiens sanguinaires, pirates, mais aussi une jeune fille de son âge, la ravissante Doña Aurelia fille de gouverneur Sanchez Espinoza.

Dans cette histoire où Paul Gillon est son propre scénariste pour la première fois, il s’inscrit dans une narration proche des grands dessinateurs réalistes d’avant-guerre : Hal Foster et surtout Alex Raymond dont il reprend la technique d’encrage au pinceau avec le geste ample et une lisibilité sans faille. Comme chez Raymond, il n’y a pas de bulles dans le dessin, mais des récitatifs, admirablement écrits, servis par un beau dessin académique au décor rarement chargé mais toujours d’une élégante exécution.

Paul Gillon – Jérémie - L'Intégrale – Ed. Aaapoum

Tout est parfait dans ce dessin qui retranscrit avec aisance et intelligence la sensualité des corps, la justesse des drapés, la complexité des machineries, la sauvagerie animale et l’infinie variété des éléments naturels. Chaque page est l’occasion d’un morceau de bravoure : le gréement d’une frégate, l’ambiance d’une mangrove amazonienne ou d’un Alhambra ténébreux, la mêlée d’une scène de combat…

Pas étonnant que Gillon - jamais vieillot - impressionne jusqu’à aujourd’hui.
Cette intégrale de 160 pages imprimées dans une teinte bleutée, un fort volume aux coins biseautés, dispositif subtilement imaginé par Frédéric Poincelet qui en a fait la maquette, s’achève sur un dossier de 16 pages intitulé L’Art caché de Paul Gillon signé par Stéphane Beaujean, décidément talentueux lorsqu’il s’agit de commenter des planches.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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L’ouvrage n’est en vente que sur le site de la librairie Aaapoum Papoum. Il n’en reste que quelques exemplaires.

 
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11 Messages :
  • Paul Gillon – Jérémie - L’Intégrale – Ed. Aaapoum
    18 février 2017 09:52, par Franck Biancarelli

    Je conseille cette édition de très belle qualité même si on aimerait toujours voir ce genre de dessin dans un format plus grand. (Jamais content).

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    • Répondu par Zot ! le 18 février 2017 à  20:52 :

      Bonnes histoires, bien sûr ! Mais je n’ai pas compris l’intérêt de l’encre bleue et des coins biseautés.

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      • Répondu le 19 février 2017 à  02:40 :

        L’intérêt est d’avoir un bel objet.

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        • Répondu par vincent le 19 février 2017 à  09:41 :

          Et bien pour qu’il soit plus beau fallait faire les coins et triangle inversé et imprimer les planches en doré...

          Le dessin en bleu c’est naze ! Et pour ce qui est du bel objet on peut avoir un avis totalement contraire. Je suis fan de Gillon et rien que pour l’encre bleu je n’achèterai pas.

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          • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 19 février 2017 à  14:34 :

            Manifestement, vous n’avez pas eu l’objet en mains.

            Personnellement, je le trouve très réussi, cet album. Le dessin de Gillon est plutôt magnifié par ce bleu foncé profond, proche du noir, qui lisse les disparités dans la reproduction. Un procédé qui rappelle les couleurs de Vaillant et de Pif à l’époque et qui renforce le côté "vintage" de l’objet. Le dernier cahier reproduit les planches originales noir et blanc en... quadrichromie.

            Quant aux coins coupés (terme plus juste que biseautés, en fait), ils ne sont pas faits au détriment des planches et caractérisent parfaitement cet album qui, du coup, devient unique avec sa couverture orange flashy sans illustration. Bravo, Frédéric Poincelet, par ailleurs un illustrateur raffiné.

            Les coins coupés ont un sens : ils ne sont pas sans évoquer l’ancien procédé qui consistait à marquer ainsi les ouvrages soldés comme on le faisait dans les années 1960, ce qui est raccord avec la librairie éditrice de l’ouvrage : Aaapoum-Papoum qui fait essentiellement commerce de fonds de stock soldés qui recèlent parfois de véritables perles.

            Les vrais amateurs savent que n’est pas parce qu’un livre ne s’est pas vendu qu’il n’est pas génial : il n’a juste pas rencontré son public au bon moment. Les vieux collectionneurs vous parleront avec émotion de ces éditions originales de Blondin et Cirage de Jijé, du Lac de l’homme mort de Tillieux, ou encore des premiers Corto Maltese en couleurs de Pratt chez Casterman qui ont eu à subir les fourches caudines de la solde avant de devenir des objets cultes.

            Comme quoi les opinions à l’emporte-pièce balancées sur la seule lecture d’un article peuvent aussi être sujettes à caution.

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            • Répondu par vincent le 19 février 2017 à  17:28 :

              Faire du vieux avec du vieux c’est super😁 alors que jeremy est un pur chef d’oeuvre. Réédité en noir et blanc avec des couvertures dignes de ce nom " c’est possible en reprenant des dessins de planches sans que ça ne dénature le dessin de Gillon. Le format géant des planches le permet." Ça donnerait une chance de faire connaitre c’est série aux plus jeunes générations. Après je peux comprendre le côté vintage donné á cet objet pour réchauffer le Coeur des nostalgiques... Ça ne me touche pas et je trouve ça dommage. Surtout que gillon dessinait en noir et blanc et que les parutions dans pif étaient en noir et blanc. Et Gillon n’a pas besoin d’être magnifié par un impression au bleu. C’est mal connaître son travail.

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              • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 19 février 2017 à  17:46 :

                " c’est possible en reprenant des dessins de planches sans que ça ne dénature le dessin de Gillon. Le format géant des planches le permet."

                Pouvez-vous avoir l’honnêteté de sourcer votre citation entre guillemets ?

                Encore une fois, il est évident que vous n’avez pas eu l’album en mains. Les dessins sont parfaitement reproduits. Le dessin de Gillon n’est pas dénaturé et oui, cette teinte bleue lui confère douceur et élégance

                En outre, vous ne prenez pas en compte la réalité éditoriale de ce genre d’entreprise : le format Grand Aigle des originaux et le fait que certaines planches sont manquantes rendent impossible cette réalisation dans des conditions économiquement viables. Vous courez donc après une chimère d’autant plus inconsistante que le résultat est probant et réalisé avec beaucoup de soin.

                Par ailleurs, dans le cahier de commentaires annexe dont on parle dans l’article, les reproductions sont faites à partir des planches originales et rendent précisément justice à la qualité graphique des planches.

                Maintenant, je vous rappelle qu’une bande dessinée est un récit et que la vertu de cette intégrale est de nous livrer l’œuvre entière pour qu’on puisse la lire. Chez Gillon, il n’y pas pas que le dessin qui est intéressant...

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                • Répondu par Franck Biancarelli le 19 février 2017 à  23:34 :

                  Bonsoir, je ne sais pas qui vous êtes, Vincent.
                  Manifestement les éditions Aaapoum Bapoum n’ ont pas fait le livre que vous auriez aimé faire. Soit.
                  Pour tous les autres je redis ici mon plaisir à l’ avoir acheté. Je dis la qualité de l’impression, le choix judicieux du papier, l’originalité de la maquette, le prix abordable.
                  Je pense donc que toute personne intéressée par ce travail devrait prendre le temps de consulter cet ouvrage.
                  Bonne soirée.

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                  • Répondu par Hervé le 6 mai 2017 à  11:06 :

                    J’aime beaucoup Gillon et cette édition que vous décrivez me tente bien. Merci de mettre en avant cet auteur important de l’histoire de la bd française !

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                • Répondu par vincent le 20 février 2017 à  00:10 :

                  On ne sait pas comprit tres cher. Je disais qu’une couverture était plus judicieuse et reprenant un dessin d’une des cases. Et comme le format des planches est immense ca ne dénaturera pas le dessin de le réduire pour une couverture. Rien á voir avec le reste
                  Merci

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                  • Répondu par yoshi le 7 octobre 2017 à  16:56 :

                    Très bonne réédition. L’absence de couleurs permet d’apprécier tous les détails et de confirmer que Gillon était vraiment un grand auteur.
                    Inutile de chipoter et de polémiquer. Les goûts et les couleurs...

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