En 1994, le Rwanda connaissait une des plus grandes tragédies du siècle. Un génocide aux raisons complexes,souvent réduites à des simplismes ou des clichés. Les quatorzes chroniques relatées ici permettront de comprendre bien des réalités actuelles et passées de la région des Grands Lacs, mais aussi de l’Afrique.
Car on croise beaucoup de gens dans PAWA : des Rwandais, des Congolais, des Burundais, des victimes, des bourreaux, des coopérants, des businessmen, des curés, des Belges, des Français... Également au sommaire de cette synthèse sur la région : une chronologie,des recettes de cuisine, des notes linguistiques...
Lors de ses multiples séjours au Rwanda et au Burundi, Jean-Philippe Stassen a recueilli une foule de témoignages et de récits du génocide et de ses suites (exode, réfugiés, médiatisation, imbrication dans un conflit régional).
Il a d’ailleurs vécu lui-même quelques épisodes significatifs de l’état de la région. Il se propose de nous en raconter un certain nombre sous formes de courtes histoires ou saynètes visant à donner la parole aux gens et à leurs expériences. Il éclairera aussi certains points historiques obscurs pour nous européens, avec l’appui d’historiens.
On retrouvera le ton mi-figue mi-raisin de Stassen, pourtant personnellement impliqué dans ce drame, seul moyen de rendre compte du fait que, malgré l’indicible, la la "vie" continue...
(par Patrick Albray)
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"Tous les corps abandonnés dans les charniers n’ont pas encore été exhumés. Parfois, on se met au travail et on en déterre quelques milliers. Dans un cercueil, on met les os de plusieurs personnes. Après, on essaye de faire pour le mieux, de mettre du côté des morts toutes les chances d’être enterrés dignement et de se reposer, enfin tranquille. On invite un curé, un pasteur, un imam, un ministre, un hôte étranger, tout ce qu’on peut... On dit des prières, on fait des discours... Mais, dans le fond, on n’est pas tout à fait sûr de tout bien faire comme il le faudrait. C’est que, pour un enterrement normal, on sait ce qu’il y a à faire. Mais pour un génocide..."
Avec des mots mêlés aux images, avec des portraits, des regards, des tranches de vie, des rappels historiques, un peu de fiction et beaucoup de faits réels, Stassen nous livre un vrai reportage sur un pays blessé par les colonisateurs, responsables de tant de déchirures... dont le génocide n’est que la plus terrible. Stassen témoigne, il gueule aussi - à sa façon, doucement - sur le rôle des Européens dans le drame du Rwanda, sur les touristes et leur arrogance. Le livre finit sur le portrait de Maggy, qui recueille les bébés, orphelins à cause des massacres, de la misère, du Sida... et l’image de ces enfants est le coup de grâce pour le lecteur qui aurait réussi à contenir son émotion jusque là.