Comme dans le premier tome, Takeda Kazuyoshi nous offre un spectacle terrifiant. Vu essentiellement par un soldat japonais, Tamaru, nous suivons le quotidien de ces hommes, souvent très jeunes, qui luttent ici contre un ennemi bien plus insidieux que les Marines américains : la soif.
L’auteur est sans concession : il met en scène autant des fous de guerres, fidèles à l’Empereur jusqu’au fanatisme, que des hommes qui ne pensent qu’à survivre, par tous les moyens. Lorsqu’un groupe de soldats, à la recherche d’eau, découvre le site d’un suicide collectif, conformément aux instructions du manuel militaire afin d’éviter le déshonneur de tomber entre les mains de l’ennemis, les avis sont très partagés et si certains admirent le geste, d’autres songent à la folie d’un tel acte.
La relation à la mort et à l’honneur est omniprésente et très complexe à aborder pour notre esprit cartésien occidental. Au-delà de la réhabilitation mémorielle de cette seule bataille, cet album nous montre ainsi dans une part de la mentalité japonaise, que l’on connait par des clichés comme celui de l’honneur du samouraï, qui est en réalité beaucoup moins stéréotypé que ce que l’on pourrait croire. Au-delà de la pression sociale, nous avons aussi affaire, avant tout, à des hommes à peine sortis de l’enfance.
Un album en tous points édifiant dont le dessin, quasiment enfantin, ne gêne en rien la lecture, bien au contraire. Un dessin plus réaliste aurait rendu certaines scènes totalement insoutenables.
A la fin du tome, la bataille est encore loin d’être terminée, nous ne pouvons qu’apprécier que les éditions Vega publient rapidement le volume suivant (janvier 2019).
(par Jérôme BLACHON)
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