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Petit lexique du manga

Par Guillaume Boutet Romain COMPIEGNE Romuald LEFEBVRE le 16 février 2022                      Lien  
Comme vous pouvez le constater depuis de nombreuses années, le manga occupe une part importante au sein de notre rédaction, motivant de nombreux chroniqueurs à vous proposer régulièrement des articles s’appuyant sur les sorties foisonnantes dans le secteur. Cette énergie nous a poussés à vous proposer ce lexique pour vous y retrouver dans certains termes qui fusent aujourd'hui dans nos librairies !

Ce lexique nous permet bien évidemment de vous proposer des termes attendus sur le sujet mais aussi certains désormais bien ancrés dans l’horizon de la bande-dessinée et qui nécessitent parfois d’être présentés aux nouveaux lecteurs.

► Shônen

Au Japon il s’agit d’une catégorie ayant pour cible éditoriale les garçons et les adolescents. Classés sous ce nom se trouve un très grand nombre de manga au succès planétaire et générationnel, que ce soit Dragon Ball, Naruto, One Piece, FullMetal Alchemist, Death Note et même L’Attaque des Titans bien que pour ce dernier titre cela puisse surprendre. Toutes ces œuvres sont prépubliées dans des magazines dits shônen aux ambiances différentes et à travers toutes sortes de thématiques, que ce soit l’aventure, l’action, la romance, l’humour ou encore le sport. En dépit de viser spécifiquement les garçons, les shônens sont en réalité lus par tout le monde, de 7 à 77 ans. Aujourd’hui le terme est surtout utilisé en occident pour désigner les mangas d’aventure et d’action de type nekketsu.

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► Shôjo

Au Japon il s’agit d’une catégorie ayant pour cible éditoriale les filles et les adolescentes. Fonctionnant sur le même principe que le shônen, à travers des magazines destinés à un segment jeunesse précis, les mangas édités sous cette catégorie proposent de nombreux thèmes, comme l’aventure et l’humour, même si le plus prolifique et édité en France reste la romance, devenu indissociable du terme. Parmi les quelques shôjo les plus connus citons : Nana, Fruits Basket, Switch Girl, Skip Beat, Card Captor Sakura, Sawako ou encore Yona Princesse de l’Aube.
Notons que la romance semble si indissociable du shôjo en France que parfois des shônens de type romance sortent en France sous le label de shôjo comme ce fut le cas avec Blue Flag.

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► Seinen

Au Japon il s’agit d’une catégorie ayant pour cible éditoriale les adultes de sexe masculin. Les sujets développés sont évidemment variés, mais étant destinées à un public d’un âge plus mûr, les œuvres se révèlent généralement moins naïves et davantage ancrées dans le réel (en dehors évidemment du cas de la science-fiction et de la fantaisie), avec un traitement selon les cas plus psychologiques, crus et violents. Sont édités sous cette catégorie au Japon des mangas célèbres comme Akira, Gunnm ou encore Berserk, mais aussi des polars comme Monster, des fresques historiques comme Vinland Saga ou encore la référence de l’horreur, Parasite.

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► Josei

Enfin, le Josei désigne les magazines et les mangas destinés aux femmes adultes. Nous y retrouvons les thèmes classiques de l’aventure à la psychologie en passant par la romance. Cependant le terme n’ayant jamais pris en occident, les titres issus de cette catégorie sont publiés soit comme shôjo (Please Love Me !, Paradise Kiss, Chihayafuru), soit comme seinen (7 Seeds, Gokusen, My Broken Mariko), lorsque ce n’est pas toute catégorisation qui est simplement abandonnée par l’éditeur comme avec Perfect World ou encore Tokyo Tarareba Girls.

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Toutefois, nous avons décidé d’aller plus loin que ces termes désormais génériques, afin d’ouvrir sans crainte préalable la boîte de Pandore que peut constituer la culture japonaise liée au Neuvième art.

Ne nous inquiétez pas, nos chevaliers de bronze ne sont jamais trop loin pour nous protéger d’un potentiel mauvais coup dans cette entreprise !
© Saint Seiya - Lost Canvas/TESHIROGI Shiori

Que ce soit pour trouver la définition d’un terme qui vous paraît obscur ou pour le plaisir de la découverte, embarquez avec nous dans cette version augmentée du lexique des mangas selon la rédaction d’ActuaBD !

► Chibi

Ce terme signifie littéralement « Petit » en Japonais. Il désigne surtout, sur le plan artistique, un effet similaire au style Super Deformed des productions occidentales : la proportion des têtes des personnages est exagérée et représente un tiers voire la moitié de la proportion globale de ceux-ci. On associe souvent les planches utilisant ce style à un ton kawaii ou mignon, voire humoristique.

Dès que les bêtises sont de mises, les joyeux cancres de la série Le Collège Fou Fou Fou sont représentés sous une forme Chibi, accentuant leur espièglerie et leur folie douce.
© SHINZAWA Motoei

► CGDCT

Cet acronyme représente la formule « Cute Girls Doing Cute Things », qui signifie littéralement en Français « Filles mignonnes qui font des choses mignonnes ». Pour simplifier, cela désigne une série où des personnages, très souvent féminins, brûlent de manière innocente leur temps libre grâce à des activités tout aussi innocentes. D’aucuns ajouteraient même qu’il s’agit là de l’évolution récente du Moe, obscur concept qui a connu son heure de gloire durant les années 2000 pour évoquer des personnages, très souvent féminins, qui étaient uniquement ou presque caractérisés par leur aspect mignon et une certaine ingénuité. https://oblako53.com/en/

Les héroïnes d’Au Grand Air passionnées de camping, qui ne se lassent pas d’admirer le Mont Fuji et de se montrer en toute circonstance adorables et joyeuses
Yurucamp © 2015 Afro / houbunsha co.,Ltd.

► Dôjinshi

Ce terme désigne les livres auto-produits dans l’industrie du manga. Indifféremment, ils peuvent être produits par des amateurs qui essayent de percer grâce à leur art, ou alors des artistes confirmés qui se laissent une fenêtre de liberté en tant qu’indépendants. On retrouve fréquemment parmi ces dôjinshi des parodies de séries populaires ou des œuvres de fans plus sérieuses qui essayent d’enrichir l’univers de référence.
Même si ces œuvres sont de nos jours plus accessibles grâce à internet, elles ont longtemps été associées aux conventions qui rassemblaient des fans autour d’une passion commune, donc des clients en puissance pour de tels travaux.

Les Chevaliers de l’Horoscope, un dôjinshi espagnol parodiant évidemment les fameux Chevaliers du Zodiaque
© by FERNANDEZ Nacho

► Ecchi

Terme qui désigne la présence dans l’œuvre d’éléments évocateurs sur le plan érotique, voire carrément érotiques. Toutefois, ces éléments ne sont pas de nature pornographique et les œuvres concernées sont facilement dissociables de ce dernier genre.
Dans une industrie particulièrement centrée sur un lectorat masculin et relativement jeune, le Ecchi dans les mangas est généralement centré sur les personnages féminins dont les attributs ne peuvent laisser le lecteur indifférent.

Un exemple d’emploi du Ecchi : ici, le Paradise Punch de Nami met KO les malandrins dans One Piece.
© ODA Eiichiro

► Fan Service

Le Fan Service consiste à donner aux fans dévoués ce qu’ils attendent dans une œuvre, ou placer ça et là des éléments ou des références qui leur feront plaisir en tant qu’amateurs avertis.
Assez souvent, le Fan Service a recours à des situations ambiguës pour placer les personnages dans des postures ou des situations évocatrices… sur le plan érotique.
Même s’il n’est pas obligatoirement relié à une charge érotique, le Fan Service est souvent associé à celle-ci. Mais cela peut aussi consister dans une série bien établie à faire apparaître de nouveau un personnage de deuxième ou troisième zone qui plaît aux lecteurs afin de leur faire un « cadeau » !

Le Fan Service ici en action. Outre le fait que Koyomi Araragi rattrape de façon inhabituelle sa camarade au début de la série Bakemonogatari, relevez l’espace entre les collants et la jupe d’Hitagi Senjōgahara : des Japonais appellent depuis les années 1990 cet espace Zettai Ryōiki, « la zone sacrée qui ne peut être pénétrée ». C’est que c’est décidément très codifié le Fan Service au Japon.
© OH ! Great - NisiOisiN / NISIO Isin

► Furyô

Ce terme signifie littéralement « délinquant » en Japonais. Dans l’industrie du manga il renvoie à une catégorie éditoriale bien particulière : les récits initiatiques de jeunes loubards qui effraient une société nippone très codifiée et se fraient un chemin dans la vie à grands coups de poings (ou autres si affinités).
Bien souvent, les héros de ces récits cachent sous une apparence rustre, excentrique et violente un cœur d’artichaut : ces protagonistes sont incompris par la société ou l’école, voire ont été malmenés par la vie. Jouer des poings ou flâner sur leurs motos leur permet de défendre leurs valeurs et les idéaux, même si cela horrifie leurs contemporains.

Le genre du Furyô a connu peu d’engouement jusqu’à présent en France. Cependant l’adaptation en animé du manga Tokyo Revengers a permis ces derniers temps de booster la popularité de ce genre auprès d’un plus grand public.
© Ken Wakui/Kodansha Ltd.

► Harem

Le terme désigne une série où le personnage principal est littéralement entouré au quotidien d’autres personnages avec lesquels il peut entretenir une relation sentimentale. Même si cette situation peut être « dirigée » indifféremment par un personnage féminin ou un personnage masculin, la seconde option est la plus fréquente dans l’industrie des mangas.
Fréquemment, le genre du Harem fonde sa dynamique sur l’humour ou la comédie romantique. Tout aussi fréquemment, le lecteur suit avec assiduité de telles histoires pour savoir avec quel personnage le protagoniste principal formera le couple phare de la série.

La série Love Hina de Ken Akamatsu a été l’une des premières séries au début des années 2000 à populariser le genre en langue française. Ici, le personnage principal (Keitarō Urashima) s’installe chez sa grand-mère pour préparer un concours d’entrée dans une université prestigieuse. C’était sans compter que l’hôtel familial était devenu une pension pour jeunes filles et qu’il serait le seul garçon en ce lieu !
© AKAMATSU Ken

► Hentai

Le Hentai est un manga pornographique réservé aux adultes, le terme pouvant être traduit du japonais comme l’adjectif « Pervers ». Étonnamment, ce mot est utilisé dans le monde pour désigner les mangas pornographiques, mais pas au Japon où l’on utilise le terme Eromanga.
Ce genre constitue aujourd’hui un marché de niche dans l’édition en langue française : malgré des ventes records pour les mangas, seuls trois éditeurs opèrent sur ce créneau du Hentai. Ces éditeurs sont NihoNiba (Taifu Comics), Hot Manga (groupe IDP) et Dynamite (collection Seikô).
Le secteur a connu par ailleurs ces dernières années un développement décisif : l’accès au catalogue du WaniMagazine, l’équivalent du Weekly Shônen Jump en terme de prépublication pour les récits pornographiques au Japon. Une arrivée longtemps attendue par les fans qui n’ont pas manqué d’enflammer certains coins du net à ce sujet.
Parmi les œuvres proposées de nos jours, on relèvera que la catégorie la plus fréquente est celle du Vanilla : comme la glace à la vanille dans la restauration rapide, les récits concernés se veulent passe-partout, consensuels et portés particulièrement par de bons sentiments.

Velvet Kiss de Chihiro Harumi, une auteure qui marqua le genre Vanilla des années 2010
© 2010 Chihiro Harumi / Take Shobo

► Hikikomori

Terme désignant un état psychosocial dans lequel se trouve un individu suite à un événement particulier dont la source peut prendre différentes formes. Ce type de personnage vit cloîtré, loin de la société, bien souvent reclus dans une seule pièce, n’en sortant que pour satisfaire à ses impératifs d’hygiène. La source de cet état peut venir de traumatismes familiaux ou bien de la scolarité avec les brimades, ijime. En résulte une incapacité du sujet à vivre en société.

Le personnage de Kiri Komori dans Sayonara Monsieur Désespoir, figure humoristique du Hikikomori qui ici, amoureuse de son professeur refuse de quitter le lycée.
SAYONARA ZETSUBOU SENSEI © KOHJI KUMETA / Kodansha Ltd.

► Isekai

Pouvant être traduit par « Un autre monde » en Japonais, le Isekai renvoie à un genre devenu extrêmement populaire dans l’industrie du manga : le personnage principal vit une aventure dans un monde parallèle à notre réalité, voire débute carrément une nouvelle vie en s’y réincarnant… tout en ayant conscience de ce basculement de réalité !
Le genre a souvent pour poncif de projeter le personnage principal masculin dans un nouvel univers, fréquemment inspiré par l’Heroic Fantasy, où il se retrouve entouré de personnages féminins avec lesquels il pourrait avoir une relation amoureuse. Généralement, le personnage principal se réfugie dans le monde parallèle pour fuir une situation sociale compliquée voire frustrante. Les Isekai seraient ils en passe de devenir la nouvelle forme du Harem du vingt-et-unième siècle ?
A noter que les héros principaux de ces histoires ont, contrairement à leur vie antérieure, accès à un avantage considérable par rapport aux autres : le Cheat. À l’instar d’un code de triche dans les jeux-vidéo des années 1990, le personnage principal d’un Isekai, grâce au Cheat, a accès à un avantage décisif dans son nouvel univers, comme gagner plus rapidement en expérience que les autres ou avoir conscience dès le départ de toutes les combines possibles pour réussir. Le Cheat permet ainsi à l’individu ordinaire de notre réalité, auquel le jeune adulte japonais s’identifie, d’atteindre avec certitude et facilité les sommets, et d’opérer une catharsis par rapport à sa vie passée.

Mushoku Tensei, la référence de la réincarnation dans un monde de fantaisie, où le héros se fait la promesse qu’il ne gâchera pas cette nouvelle vie.
© 2014 Yuka Fujikawa / MEDIA FACTORY

► Light Novel

Il s’agit de romans japonais relativement courts, entre la nouvelle et l’œuvre de plusieurs centaines de pages, qui ont pour cible un public relativement jeune et influencé par la culture populaire japonaise contemporaine. Souvent illustré par des dessinateurs issus du monde des mangas ou essayant d’y percer, le light novel est devenu au Japon, depuis les années 2000, une importante source d’inspiration de l’industrie, si ce n’est l’un de ces principaux contributeurs car on ne compte plus les adaptations en manga ou en animé de light novel populaires. On serait presque tenté d’écrire que la progression sur le marché des Isekai et des adaptations de light novels sont allés de pair au cours de la décennie écoulée...

Sword Art Online, poids lourd de l’industrie qui a, par son succès public, boosté la popularité des light novels au cours de la décennie écoulée.
©REKI KAWAHARA/CSY 2015 by KADOKAWA CORPORATION,Tokyo.

► Lolicon / Shotacon

Termes japonais créés à partir de l’anglais, ils désignent l’attirance pour des jeunes adolescents ou adolescentes n’ayant pas encore achevé leur puberté, ou même ne l’ayant pas encore atteinte. Souvent apparentés à la pédophilie, on peut néanmoins trouver nombre de ce genre de personnages dans des œuvres dites « tous publics ». Notamment dans certains mangas de type « harem » ou un, voire plusieurs personnages, correspondent à ce type de profil. D’une manière générale comme avec Siscon ou Brocon, l’ajout du suffixe -con tend à marquer une appréciation exagérée.

Personnage Siscon de Mashle, Lance Crown voue un véritable culte envers sa petite sœur.
MASHLE © 2020 by Hajime Komoto/SHUEISHA Inc.

► Magical Girl

Le terme désigne un sous-genre de la fantaisie dans lequel une ou plusieurs protagonistes se retrouvent dotés de pouvoirs magiques. Si le genre ciblait principalement les petites filles à ses débuts, avec pour élément structurant une transformation en adulte, il a évolué dans les années 1990, notamment avec le manga Sailor Moon. Celui-ci l’a fait dériver vers l’aventure et l’action en reprenant les codes du Sentai, l’amenant ainsi à un public d’adolescentes et même d’adolescents.
À l’instar du nekketsu, c’est un genre très codifié, qui reprend souvent ceux du Sentai, un groupe dont les membres sont identifiés par un totem et qui luttent contre des forces du mal. La transformation et l’attaque magique purifiant le mal demeurent des éléments communs aux différentes Magical Girls. Le genre s’est tant et si bien développé avec le temps, que l’on peut à présent trouver des œuvres de Magical Girl à destination de tous les types de public, d’âge et de sexe.

Sailor Moon qui révolutionna le genre dans les années 1990
BISHOUJO SENSHI SAILOR MOON SHINSOBAN© 2003 Naoko TAKEUCHI / Kodansha Ltd.

► NEET

Cet acronyme signifiant « Not in Education, Employment or Training », représente des individus qui ne suivent pas de cursus scolaire, sont sans emploi et ne suivent aucune formation. Terme à ne pas confondre avec Hikikomori puisqu’à l’inverse de ces derniers ils continuent d’avoir une vie sociale et de rencontrer différentes personnes.

No Game No Life suit les aventures d’un duo de frère et sœur NEET qui n’a aucun intérêt pour le monde réel et passe ses journées sur des jeux vidéo en ligne.
© Mashiro Hiiragi / Yuu Kamiya 2013 KADOKAWA CORPORATION

► Nekketsu

Littéralement « sang bouillonnant », c’est le cadre narratif qui est aujourd’hui le plus fréquent dans les shônens ; on pourrait même écrire qu’il s’agit du monomythe de ces derniers après le succès insolent de Dragon Ball ou de One Piece.
Dans une série nekketsu, le personnage principal est souvent un garçon orphelin et naïf qui part à l’aventure pour réaliser un rêve jugé déraisonnable par les autres. Sur la route, le héros se fera des amis pour la vie et ses premiers ennemis, reconnaissant sa volonté forte, deviendront progressivement des alliés voire des amis. Quand les combats éprouvent le héros, celui-ci a une carte majeure que les autres n’ont généralement pas : son « sang bouillonnant » qui le relèvera quoi qu’il arrive, fruit de sa volonté sans faille ! Bien évidemment, cette volonté inébranlable lui permettra d’achever avec succès son objectif à la fin de son parcours.
Vous avez l’impression d’avoir reconnu entre ces lignes une série en particulier ? C’est on ne peut plus normal : consciemment ou non, l’industrie des mangas a beaucoup valorisé l’apparition de tels titres, très populaire auprès du lectorat.

Goku et Vegeta, deux joyeux drilles qui ont mis longtemps à s’apprivoiser à grands renforts de bastons dans la série Dragon Ball. Leur exemple universellement connu sert encore de référence au Nekketsu et ses amitiés forgées dans le feu de l’affrontement.
© TORIYAMA Akira

► Otaku

Ce terme désigne une personne obsédée par sa passion qui n’hésite pas à sacrifier sa vie sociale afin de la satisfaire. Curieux parcours pour ce mot qui est devenu de plus en plus incontournable au Japon dans les années 1970-1980, lorsque l’industrie du manga et celle des jeux-vidéo se démocratisaient de plus en plus dans les foyers japonais et engendraient quelques dérives.
Autant l’écrire, le terme Otaku, péjoratif au Japon, désigne une personne qui se met à l’écart de la société pour une passion souvent jugée puérile aux yeux de la société. Ne l’oublions pas, nous sommes alors au pays du toyotisme triomphant et de la deuxième puissance économique mondiale qui voyait d’un très mauvais œil ces divertissements « nouveaux » potentiellement corrompre la jeunesse, voire les jeunes adultes.
Au contraire, au tournant des années 1990 et des années 2000, le terme est devenu à l’étranger, notamment en France, un cri de ralliement pour les amateurs de mangas, animes et autres jeux-vidéo japonais : il était bien vu de se réclamer otaku, fidèle amateur de cette « nouvelle » proposition culturelle !
Aujourd’hui, si le terme a quelque peu perdu de sa charge négative au Japon, et encore, on assiste depuis les années 2010 à l’étranger à une dissolution du terme Otaku dans celui de Geek, désignant en général les amateurs de films, de jeux-vidéo, de séries télévisées, etc.

Un t-shirt représentant un personnage de manga ou d’anime, un sac-à-dos bien vissé ; il ne manque plus qu’à lâcher notre otaku moyen dans le quartier tokyoïte d’Akihabara pour compléter le tableau !
© Ikeuchi Tanuma

► Senpai

Le Senpai désigne une ancienneté par rapport à une autre personne. Souvent représenté dans des œuvres dont l’histoire se déroule sur fond scolaire, il se démarque de son pendant Kouhai. Ce dernier synonyme de junior, souligne au contraire le caractère jeune, ou inexpérimenté, du personnage. Ces termes sont utilisés à tous niveaux dans la société japonaise qui porte une grande attention à l’âge et l’expérience de ses individus, mais constitue également une profonde marque de respect.

Un lycéen tombe amoureux de sa senpai, c’est à dire une élève plus âgée, dans Rascal Does Not Dream of Bunny Girl Senpai
© HAJIME KAMOSHIDA/TSUGUMI NANAMIYA 2016 / KADOKAWA CORPORATION

► Slice of life

Littéralement « tranche de vie », il s’agit d’un genre de récit qui place l’emphase sur la vie quotidienne de ses personnages, sans qu’il y ait obligatoirement un élément perturbateur démentiel ou une aventure épique à la clé. Un genre souvent minimaliste sur le papier qui parvient à créer l’attachement grâce à ses personnages qui évoluent paisiblement sous les yeux du lecteur.

Calme, apaisant, contemplatif, c’est Escale à Yokohama qui compte les jours ordinaires et tranquilles d’une héroïne tenancière d’un petit café sur une Terre post-apocalyptique
YOKOHAMA KAIDASHI KIKO © Hitoshi Ashinano 1995

► Tankôbon

Il s’agit d’un tome relié dans le monde de l’édition japonaise. Bien souvent, il peut désigner un ensemble de chapitres d’une série qui peuvent constituer un nouveau tome, voire un recueil d’histoires d’un même auteur si celles-ci sont indépendantes.

Un rayonnage d’une librairie du quartier d’Akihabara, à Tokyo.
© revue.leslibraires.ca

► Tantô

Ce terme désigne la fonction du professionnel qui fait le lien entre l’artiste et son éditeur. Le tantô rencontre très fréquemment l’artiste lors de la conception de sa série, le guidant vers les attentes de l’éditeur. En gros, le tantô aiguille l’artiste vers de multiples détours si l’éditeur souhaite allonger une série populaire, ou au contraire lui annonce qu’il faut se préparer à déclencher le sprint final pour une série si l’éditeur a appelé à baisser définitivement le rideau sur celle-ci.
Le tantô peut aussi rationaliser le travail de l’artiste : par exemple, le tantô Jean-Baptiste Akira Hattori a travaillé quelques temps avec Eiichiro Oda, l’auteur de One Piece, et leur collaboration a fluidifié un temps certain le récit phare du Weekly Shônen Jump.

Hitman met en vedette les fameux tantôs et en particulier leur rivalité au sein de la rédaction de leur magazine.
HITMAN © Kouji Seo / Kodansha Ltd.

► Tsundere

Terme qui fait référence à un type précis de personnage, souvent féminin : lors de son introduction et durant un temps non négligeable du récit, le personnage se montre agressif et hautain avec le personnage principal ; c’est à l’issu de nombreuses aventures et d’une plus fine compréhension que ce personnage révélera un caractère bien plus agréable et amical (voire carrément amoureux du personnage principal, même si l’évidence sera maladroitement cachée).
Les tsundere ont souvent comme cousines ou pendants les kuudere, des personnages d’apparence froide qui paraissent insensibles, mais qui se montreront agréables une fois apprivoisés, ou les Yandere, des personnages qui sont dans l’excès inverse : très agréables de prime abord avec le personnage principal, mais maladivement jaloux et pouvant se montrer violents si celui-ci donne l’impression de s’intéresser à quelqu’un d’autre.

S’il ne fallait qu’en retenir qu’une, ce serait Asuka de la série Neon Genesis Evangelion, qui a servi au cœur des années 1990 de prototype à la catégorie des Tsundere de nombreuses années. Du haut de son EVA-02, une reine nous observe !
© SADAMOTO Yoshiyuki

► Waifu/Husbando

Transcription phonétique de la prononciation par les Japonais des mots « Épouse » et « Mari » en Anglais. Ces termes désignent généralement la fascination d’un fan pour un personnage fictif du sexe opposé (ou pas).
Si le terme peut être utilisé de façon légère pour désigner un personnage que l’on apprécie particulièrement, il peut parfois être compris au Japon comme littéral : la loi n’interdit pas de se marier avec un personnage fictif, même si cela n’a pas de valeur juridique. Par exemple, ces dernières années, un japonais a épousé une chanteuse virtuelle sans que cela ait été interdit.

Livaï Ackerman de l’Attaque des Titans : un Husbando très populaire au Japon mais également en Occident
SHINGEKI NO KYOJINSHINGEKI NO KYOJIN - KUINAKI SENTAKU © 2014 Hajime Isayama, Hikaru Suruga / Kodansha Ltd

► Yaoi

Acronyme pour yama nashi, ochi nashi, imi nashi (« pas de climax [dans la narration], pas de chute [au récit], pas de sens [à l’histoire] »), le yaoi désigne une œuvre mettant en scène un récit romantique ou sexuel entre hommes. Le terme s’est développé durant les années 1980 dans les cercles dôjinshis. Dans les années 1990 lorsque les professionnels ont commencé à éditer des œuvres yaoi, ceux-ci ont utilisé Boys’ love pour les désigner. Depuis les deux termes coexistent avec parfois des sens différents à l’étranger (par exemple en France on a tendance à parler de Yaoi lorsque l’œuvre à une dimension érotique).
Shônen-ai est le terme historique utilisé dans les années 1970, aujourd’hui usé surtout pour évoquer les œuvres de cette époque.

L’amour naissant entre deux membres d’un groupe de rock amateur dans Given
© Natsuki Kizu 2014 Originally published in Japan in 第一発行年 by SHINSHOKAN CO., LTD., Tokyo

► Yonkoma

Le terme désigne une série où les histoires sont racontées à travers des strips de 4 cases. Contrairement aux exemples occidentaux, ces strips sont très souvent placés verticalement. Généralement, il s’agit d’histoires drôles.

Quatre filles vont tenter de faire vivre le club de musique de leur lycée : voici toute l’essence de K-On !, une série des plus légères d’apprentissage et de vie quotidienne.
© KAKIFLY

► Yuri

Il s’agit d’œuvres qui traitent des relations sentimentales ou sexuelles entre femmes. Cependant, contrairement au yaoi, le yuri n’a pas toujours une dimension romantique : la relation entre les femmes peut être très forte sans pour autant relever de l’amour. Dans ce cas, les auteurs jouent souvent sur l’ambiguïté et laissent l’interprétation finale au lecteur.
En effet, le Yuri s’inscrit dans l’héritage de l’Esu, un genre littéraire japonais qui s’intéresse à la relation forte, platonique et spirituelle, entre deux femmes. Cependant de nos jours, l’essentiel des histoires yuri relève de la romance lesbienne explicite.
Enfin, attention au terme shôjo-ai, une construction occidentale pour faire symétrie à shônen-ai. Au Japon, le shôjo-ai fait référence à l’amour des adultes pour les petites filles et donc à la pédophilie. Il ne faut donc jamais utiliser ce terme auprès d’un japonais pour parler de yuri sinon vous ne serez pas compris.

Kase-san, une jolie romance entre une sportive populaire et la timide préposée aux fleurs du lycée
©2012 Hiromi TAKASHIMA / Published by Shinshokan

(par Guillaume Boutet)

(par Romain COMPIEGNE)

(par Romuald LEFEBVRE)

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2 Messages :
  • Petit lexique du manga
    16 février 2022 19:02, par Henri Khanan

    Merci pour ce travail sérieux de recensement des différentes tendances du manga, qui comme on peut le voir ne concerne pas que des ados infantiles. Je dirai au contraire que les éditeurs de mangas ont poussé à fond la segmentarisation (oui, c’est comme cela que l’on dit en termes de marketing) de leur offre éditoriales, en visant des publics bien précis.
    Il faut croire que la recette prend en France, comme aux Etats-Unis ou en Allemagne. Oui, le public est de plus en plus nombreux à consommer ce type de publications. J’y vois pour ma part un appauvrissement des auteurs francobelges, dont les publications récentes (à part une dizaine d’auteurs -vedettes) se vendent de moins en moins.Mais cela permettra au moins aux libraires BD de rajeunir leur clientèle et de payer le loyer du magasin.

    Répondre à ce message

    • Répondu par PATYDOC le 19 février 2022 à  10:06 :

      Pour les nippophones, lire le merveilleux petit livre de Kodura , "le japonais du manga ", où les termes sont écrits en français et en kanji.

      Répondre à ce message

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