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Philippe Duvanel : « la Suisse a tout intérêt à ouvrir une large fenêtre sur sa propre création. »

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 8 septembre 2007                      Lien  
Le BD Festival International de Lausanne (BD-Fil), avait fait suite au Festival de Sierre. Par rapport aux deux précédentes années, cette édition propose une programmation ambitieuse (notamment une magnifique exposition Cosey et celle des dix ans d’Atrabile, le dernier concert de Bülk-Bülk, le groupe dans lequel joue Zep…), reflet d’une Suisse qui compte de plus en plus dans le monde de la BD. Rencontre avec Philippe Duvanel, son directeur artistique.

Comment le principal festival de BD de Suisse est-il passé de Sierre à Lausanne ?

Le Festival de Sierre a fait faillite, c’était plutôt regrettable, c’était de l’or en barre, car c’était un beau festival placé dans un bel endroit. Puis effectivement, la faillite a eu raison de lui. La Fondation lausannoise pour le rayonnement de la bande dessinée a donc repris le Festival et aussi ses organisateurs qui en ont réalisé la première édition. Puis, il y a eu un peu de précipitation sur cette première édition qui a amené un gros déficit et une rupture de rapport entre la fondation et le directeur artistique de l’époque. Ils m’ont appelé un petit peu au secours, au pied levé, à la fin mars 2006 pour le Festival 2006, ce qui fait que l’on est rentré dans le même rythme que pour la première édition car il y avait pas grand chose qui étaient programmé, en tout cas rien de suffisamment relevant pour gagner la seconde manche. C’est pourquoi nous sommes contents d’arriver à la troisième édition pour pouvoir, enfin, nourrir et préparer une programmation.

Philippe Duvanel : « la Suisse a tout intérêt à ouvrir une large fenêtre sur sa propre création. »
Philippe Duvanel. A l’arrière-plan, le quartier du Port-Franc encore en construction
Photo : D. Pasamonik

Elle est assez ambitieuse : entre Cosey et Atrabile, une très belle exposition Pratt et Les Scorpions du désert, quelle est votre ligne de conduite ?

Que la bande dessinée soit ouverte à tout un chacun, qu’elle soit la plus ouverte possible autant que faire se peut. Je ne veux pas me concentrer sur la bande dessinée franco-belge ou la BD indépendante. Tous les projets que l’on a présentés cette année en termes d’exposition, sont des projets très différents les uns des autres, mais dont l’accès est finalement facile.

L’exposition Pratt-Wazem-Camuncoli
Autour des Scorpions du désert. Photo : D. Pasamonik.
Jean-Marie Derscheid, le commissaire de l’exposition Cosey
Photo : D. Pasamonik

La Suisse a-t-elle un projet spécifique par rapport à d’autres festivals, comme celui d’Angoulême ou de Saint-Malo ?

A la différence de la France, il y a assez peu de festivals de bande dessinée en Suisse. Cela s’explique par un bassin de population moins élevé puisque la Suisse romande francophone concerne à peu près deux millions d’habitants, ce qui n’est pas énorme. J’aimerais bien connaître Saint-Malo et je connais Angoulême. Notre idée est concentrer le propos sur un festival de bande dessinée au sens large, qu’elle soit d’ici ou d’ailleurs, d’édition classique ou alternative, au niveau international. Cela dit, comme le font les Français avec leur production, j’estime que la Suisse a tout intérêt avec les auteurs qu’elle compte en ses terres à ouvrir une large fenêtre et de mettre un accent particulier sur sa propre création.

Vous n’avez évidemment pas le budget de festivals qui existent depuis des décennies. Est-ce que Lausanne a une véritable ambition sur le long terme ?

Elle une ambition a long terme pour deux raisons. D’abord parce que Lausanne compte le deuxième fond de bandes dessinées le plus important d’Europe après Angoulême. Deuxièmement, il y a vraiment une volonté politique de la Ville de Lausanne pour soutenir ce Festival tel qu’il existe. Ce qui me réjouit dans cette idée, c’est qu’à Lausanne, nous avons une grosse offre culturelle. C’est vrai qu’un projet comme celui-ci qui peut réunir des enfants de 6 à 16 ans et par ailleurs une large classe d’âge, c’est assez rare, surtout dans le monde des arts graphiques. On a beaucoup de lieux culturels musicaux, ou qui s’intéressent au cinéma, mais peu concernant les arts graphiques.

Exposiiton Matt Madden autour de "99 exercices de style" (Ed. L’Association). Les expositions dont insérées dans la ville.
Photo : D. Pasamonik

Le lieu est assez particulier. Ce sont d’anciens docks, le port-franc de Lausanne, des douanes en fait.

C’est un lieu qui est difficile à manœuvrer mais qui est intéressant car il a beaucoup de recoins et d’endroits différents qui permettent à chaque exposition d’être installée dans un cadre particulier. Nous ne sommes pas dans une cantine ou dans des bulles, mais dans des lieux en dur. C’est vrai qu’il a actuellement ses côtés négatifs car c’est un lieu actuellement en grosse mutation et qui donne pas mal de perturbations pour ce que l’on veut organiser.

BD-Fil à Lausanne : Animation de rue
Photo : D. Pasamonik

Nous avons vu l’exposition « Bulles de femmes, bulles de vie » qui est vraiment très bien et qui offre des regards vraiment intéressants et particuliers. Vous n’avez pas à en rougir. Vous n’êtes pas fâché avec Chantal Montellier, au cœur d’une polémique de l’avant-Festival ?

Pas du tout. J’aime beaucoup son travail. Elle vient quand elle veut.

Propos recueillis le 7 septembre 2007

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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