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Philippe Scoffoni : "J’ai un attachement particulier pour le polar. "

Par Laurent Boileau le 31 janvier 2008                      Lien  
Inconnu dans le monde de la Bande Dessinée, Philippe Scoffoni était tout de même présent à Angoulême pour dédicacer Milo, son premier album. Une preuve que Delcourt, son éditeur, mise sur cette série et une belle occasion pour nous de faire connaissance...

Milo est votre premier album. Quel a été votre parcours professionnel ?

En fait, je réalise des story-boards pour le secteur de la publicité. C’est un travail "alimentaire" car j’ai toujours eu l’envie de faire de la bande dessinée. Il m’a fallu pas mal de temps pour me rendre compte que j’avais des difficultés à écrire les scénarios moi-même. Du coup, j’ai cherché à rencontrer des scénaristes et par une annonce sur Internet, je suis rentré en contact avec Benoît Rivière, il y a environ 4 ans. Nous avons proposé à différents éditeurs un projet de SF dont Benoît avait entièrement découpé le premier tome et dont j’avais dessiné quatre planches. Ce projet a été refusé partout, mais il nous a permis de rencontrer Thierry Joor, des éditions Delcourt, qui a longtemps hésité avant de refuser à son tour. Nous lui avons donc rapidement proposé un autre projet que B. Rivière avait dans ses tiroirs : Milo.

Quelle différence faîtes-vous entre votre travail de story-boardeur et celui de dessinateur de bande dessinée ?

Je n’ai pas vu tout de suite la différence parce que, dans les deux cas, il s’agit de dessin narratif séquentiel. Mais au bout de quelques planches, je me suis rendu compte, et l’éditeur me l’a aussi fait remarquer, que j’avais tendance à surdécouper. Il y avait beaucoup de cases qui ne servaient à rien, je ne faisais pas assez d’ellipses. En story-board, nous avons tendance à tout dessiner, à découper énormément et c’est le réalisateur qui choisira de tourner ou pas les plans et qui déterminera leur durée. Rendre la temporalité en BD s’avère différent. Cela passe par le nombre de cases, leur forme et leur taille. Tout cela, je le découvre au fur et à mesure et c’est très plaisant de re-découvrir les codes de la BD en se les réappropriant.

Philippe Scoffoni : "J'ai un attachement particulier pour le polar. "

Le degré de finition est peut-être aussi différent…

En effet. Même si mes story-boards sont dans l’ensemble assez finalisés, ça l’est moins qu’en bande dessinée. D’ailleurs, mes premières planches ont un côté "pas fini". Du moment que l’essentiel était là, je m’arrêtais de dessiner. J’ai corrigé cela au fur et à mesure, mais je ne suis pas un obsessionnel du détail.

Qu’est-ce qui vous a séduit dans ce scénario de Benoît Rivière ?

J’ai un attachement particulier pour le polar. Mais j’aurais pu partir sur n’importe quel type d’histoire avec Benoît car je lui trouve un talent au niveau du rythme. Et du moment que chaque planche et que le récit dans sa globalité comportent du rythme, cela me permet d’incarner les personnages et de les faire vivre sous mon crayon. Milo est un polar futuriste. Dans le scénario, il y avait juste quelques éléments qui n’existent pas technologiquement. Le récit n’était pas situé dans l’espace et dans le temps. Ancrer cette histoire dans un contexte américain, celui d’un Los Angeles fantasmé de 2030, m’a semblé une évidence. Ce décor est crédible pour des gens comme moi qui ne connaissent pas L.A. !! Mais ce décor légèrement futuriste sera pleinement nécessaire dans le tome 2…

Combien d’albums sont prévus ?

Trois. Benoît Rivière a découpé le tome 2 et il attend que je le dessine pour découper le tome 3.

Quelle méthode utilisez-vous pour vos couleurs ?

Je travaille sur informatique. J’incorpore de la texture pour donner du grain à l’image, qui correspond bien, me semble-t-il, au polar. Au final, quand je vois l’impression, je trouve que cela reste assez doux et que je pourrais pousser l’effet encore plus loin. Je suis satisfait de l’ombrage un peu frotté qui renforce le côté granuleux mais mon dessin n’a pas beaucoup de masses noires. Je compense ce manque par la couleur. Mais j’aimerais avoir un beau Noir et Blanc. Travaillant à la plume, j’aime bien l’énergie que l’on peut mettre dans un trait mais j’ai encore à progresser sur les noirs. Par timidité et par prudence, je suis encore trop frileux avec eux.

La publicité, c’est fini ?

Non pas encore. Je travaille trois semaines par mois pour la BD et il m’a fallu un an et demi pour réaliser ce premier tome. Je pense pouvoir maintenant réaliser quatre à cinq planches par mois. Mais avant de lâcher la publicité, j’attends de voir comment l’album va être accueilli par le public…

(par Laurent Boileau)

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Photo © L. Boileau
Illustrations © Delcourt/Rivière/Scoffoni

 
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