Pico Bogue est une histoire de famille, au sens propre du terme. La scénariste, Dominique Roque, s’est inspirée de son fils aîné pour créer le héros de cette série à succès. Or, ledit fils n’est autre qu’Alexis Dormal, le dessinateur de l’album, formé à l’école lyonnaise Émile-Cohl.
Le lectorat visé est clairement celui des grands enfants, peu encore davantage que dans le cas du Petit Nicolas, auquel on ne peut s’empêcher de comparer Pico Bogue.
Il y a certes un premier degré de lecture, accessible aux jeunes adolescents, mais ce sont plutôt de jeunes adultes, voire des parents, qui se régalent avec cette série dans laquelle le héros cite, entre autres, du Hegel… Pour les plus petits, les auteurs ont créé la série Ana Ana, destinée aux lecteurs à partir de trois ans et centrée autour de la figure de la petite sœur de Pico.
On trouve des touches d’humour noir dans cet album très coloré, des accents de cynisme pastel et de mélancolie enfantine. Les aquarelles d’Alexis Dormal créent une très belle atmosphère.
Mais le verbe est aussi à l’honneur. Dans cet album, une importance toute particulière est en effet donnée à l’étymologie des mots : ainsi Pico Bogue, qui a inscrit sa mère au stand « Frites » de la kermesse de l’école, lui a peint un panneau intitulé « Frites Sapiens » pour orner le stand. Devant l’incompréhension de sa mère, Pico lui explique que « ‘Sapiens’ vient d’un verbe latin qui veut dire ‘être intelligent’ et aussi ‘avoir du goût’ ». Il y a du Raymond Devos par moments dans cette bande dessinée ; on trouve en tout cas un goût du verbe, une jouissance du mot, un amour des lettres.
Ce nouvel opus est un régal continu et trouvera, comme tous les ans, sa place sous les sapins de Noël. Si nous déplorions récemment l’essoufflement de la série Game Over, rien de tel ici : la qualité est toujours au rendez-vous.
(par Tristan MARTINE)
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