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Pierre-Paul Verelst : "Dans mes scénarios, j’essaie d’anticiper les tendances économiques"

Par Nicolas Anspach le 3 septembre 2008                      Lien  
{{Pierre-Paul Verelst}} est un scénariste bruxellois. Le 2ème tome de {Think Tank} paraît ces jours-ci aux éditions Paquet. Il s’agit d’un thriller financier, parfaitement documenté, qui aborde quelques-unes des thématiques économiques actuelles. Edward Shope, un analyste, enquête sur une société de traitement des sables pétrolifères convoitée par un fond d’investissement et une holding.

Pierre-Paul Verelst : "Dans mes scénarios, j'essaie d'anticiper les tendances économiques"Vos récits sont profondément ancrés dans l’actualité : La religion pour New-Messiah et la crise du pétrole pour Think Tank… D’où vous viens cet intérêt ?

De mon métier principal, tout simplement. Je suis analyste financier dans une grande institution financière belgo-néerlandaise. Je suis amené à lire énormément d’articles et de rapports qui traitent de problèmes économiques, financiers ou politiques. Ces lectures sont devenues une source d’inspiration pour mes scénarios… Je transforme parfois la réalité, comme par exemple dans New-Messiah

Vous y explorez l’une des questions du christianisme contemporain : Que se passerait-il si Jésus revenait de nos jours ?

Oui. Elle est également présente dans mon esprit. J’ai été élevé dans cette religion. New-Messiah ne traite pas seulement de l’arrivée du nouveau Messie, mais surtout d’un « Christ » armé des moyens modernes de propagation de l’information et de marketing. Le tout pouvant servir à une manipulation.

« Think Tank » aborde la crise du pétrole, et les sables pétrolifères …

J’essaie de prévoir l’avenir et les tendances économiques lorsque j’analyse pour mon employeur les comptes de certaines sociétés cotées en bourse. En 2006, on ne parlait pas beaucoup des techniques annexes d’extraction du pétrole. J’avais rédigé un premier synopsis traitant de cette thématique à cette époque. Maintenant que le pétrole flirte avec les 130$, l’exploitation de ces sables est devenue une opportunité crédible et financièrement intéressante…

Le titre de cette série a-t-elle une signification ?

Le synopsis de Think Tank était tout d’abord étudié par un gros éditeur belge, et cela coinçait un petit peu au niveau du pitch. Il leur fallait une identification claire : Largo est milliardaire, Larry B. Max est agent du fisc, Soda est flic, Alpha est agent de la CIA, XIII est amnésique, etc. Edward Shope, mon personnage, est finalement devenu analyste dans un de ces réservoirs à idées qui pullulent aux USA, à droite comme à gauche. Ce n’est donc ni un journaliste, ni un flic, mais un peu des deux… Sa fonction est de convaincre des politiciens d’agir dans un sens ou dans un autre.

Extrait de "Think Tank" T2
(c) Taborda, Verelst & Paquet.

Au final, vous utilisez tous les clichés du genre : une bimbo en couverture, des scènes d’action et de courses-poursuites à foison… Qu’est ce qui fait la spécificité de Think Tank par rapport à Largo Winch ou IR$ ?

J’assume totalement d’avoir scrupuleusement suivi les codes des séries que vous citez, mais pas seulement ! Certains films m’ont clairement inspirés dans leur construction. Ma spécificité ? La thématique, qui n’a jamais été exploitée. Elle est très actuelle. Et ce qui ne gâche rien, je nage en eaux connues. Je fais part de mes connaissances de terrain dans le domaine des marchés financiers. Ce diptyque ne connaît que très peu de temps morts. Le lecteur s’amusera à coup sr ! Bref, je suis^à la lettre le précepte de l’une des devises de Jean Van Hamme : « ne jamais emmerder le lecteur ».

Vous développez vos histoires en deux tomes …

À vrai dire la trame de Think Tank était prévue pour constituer une suite à New Messiah. Mais, compte tenu des différents problèmes de santé du dessinateur de cette dernière série, nous avons jugé plus prudent, Pierre Paquet et moi-même de l’arrêter. J’ai donc modifié mon histoire. Pour répondre à votre question, le format du diptyque me convient à merveille. Je me suis inspiré de celui de Largo Winch. Après deux albums, on passe à autre chose, à d’autres challenges.

Taborda est Argentin et Redondo est Espagnol… Comment travaillez-vous à deux …

J’ai énormément communiqué avec Taborda par e-mail. Je lui envoie le scénario en français, et il les traduit grâce à un logiciel. Mais heureusement, nous utilisions l’anglais pour nos échanges ! Par contre, pour Le Passeur, j’ai la chance de collaborer avec un auteur parisien. Nous nous téléphonons donc, Brice Bingono et moi-même, de temps en temps.

Au début de l’été, vous avez publié « Le Passeur » dans Cockpit, la collection best-seller des éditions Paquet.

L’idée de cette série est de Pierre Paquet : Un aviateur suisse travaille avec les réseaux de résistance pour expatrier les enfants juifs d’Allemagne vers la Suisse. Cette base de scénario est d’ailleurs véridique. Le thème me séduisait et me permettait d’aborder le rôle de la Suisse durant la Seconde Guerre mondiale et de parler de l’argent spolié aux Juifs. Ce sujet est assez peu abordé en bande dessinée pour une raison simple : il est toujours tabou. Mais Le Passeur est avant tout une histoire d’aviation. J’ai modifié l’idée de Pierre Paquet : un pilote helvète profite des passe-droits que lui accordent les hauts-dignitaires du Reich, qu’il aide à planquer leur argent, pour exfiltrer des enfants juifs …

Le Passeur se rachète en quelque sorte de sa complicité avec les nazis. Auriez-vous eu une certaine difficulté à donner vie un parfait salaud ?

Cela m’a effleuré l’esprit. Mais j’ai préféré axer la série sur quatre personnages : Richard Stoltz, le héros dont nous venons de parler. Son ami qui, en revanche n’est pas dans son optique : il collabore totalement avec les nazis. Il incite Stoltz à embarquer des Allemands dans son avion, et gagner ainsi suffisamment d’argent pour échapper à la faillite. Mais Stoltz est assez pragmatique et tire profit de cette situation, qui est éthiquement inacceptable, pour des fins plus nobles…
Du côté Allemand, l’épouse d’un aviateur, aimerait sauver des enfants pour compenser le fait de ne pas avoir pu donner la vie. Les enfants sont au cœur du premier diptyque du Passeur !

Votre éditeur a publié un tirage spécial pour cet album …

Oui. Il a été imprimé, à 1500 exemplaires, sur du papier recyclé ! Le tirage est en noir & blanc et nous permet de prendre conscience de la puissance du trait de Brice Bingono. Un dessinateur méconnu, mais promis à un brillant avenir.

Extrait du T2 du "Passeur" (à paraître)
(c) Bingono, Verelst & Paquet

(par Nicolas Anspach)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN :

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Photo (c) Nicolas Anspach

 
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