Les éditions de La Musardine nous offrent un très bel ouvrage d’images avec des textes érudits de Christian Marmonnier présentant l’œuvre d’Aslan, maître es pin-up à la française dont les dessins furent publiés durant presque 20 ans dans le mensuel Lui de 1964 à 1982.
Le livre est divisé en chapitres correspondants aux différentes étapes et évolutions de son style, ou plutôt à l’évolution de ses dénudés. À ce titre, on peut dire que les dessins d’Aslan dans Lui reflètent l’évolution des mœurs de la société : au départ plutôt soft, allant ensuite vers un peu plus de crudité.
Mais avant de distinguer ces six chapitres, les « préliminaires » : Christian Marmonnier nous retrace le parcours d’Aslan, depuis sa naissance en 1930 jusqu’à aujourd’hui. Outre ses peintures (un peu plus de 200 filles dans Lui), il réalisa entre autres le buste de Marianne à l’effigie de Brigitte Bardot en 1969. Le succès des pin-up d’Aslan est effectivement international.
Revenons donc à l’évolution des nus dessinés par Aslan, en 6 étapes :
1964-1968 : 1963, naissance de Lui lancé par Daniel Filipacchi. Aslan publie sa première pin-up sur une pleine page dans le numéro 7 daté de juin 1964. La presse française se débat encore avec la censure, et l’érotisme des dessins d’Aslan reste discret avec des seins à peine dévoilés…
1968-1971 : 1968, tout change ou presque… mais la censure veille encore. Les pin-up d’Aslan s’affirment, mais la pilosité pubienne n’est pas encore tolérée ; il faudra attendre le numéro 95 de décembre 1971 pour voir apparaître quelques poils !
1972-1974 : Les années 1972-1973 sont une période de transition puisque les poils pubiens sont montrés et que les pin-up représentées commencent à se dévoiler plus impudiquement. A partir des années 70, Aslan cherche de plus en plus à représenter un idéal de la femme blonde, une « recherche effrénée de la toison d’or », écrit Ch.Marmonnier.
1975-1976 : 1975, année de la femme déclarée par l’ONU. Le réalisme du trait d’Aslan s’affirme toujours plus. Les angles de vue et les poses varient davantage.
1976-1979 : L’évolution des codes érotiques motive Aslan à aller encore de l’avant. Son dessin devient hyperréaliste : il passait en moyenne 60 heures sur chaque illustration.
1979-1982 : Les années 80 amènent la généralisation de la pornographie. Aslan suit l’évolution mais ne renie pas pour autant ce qui a fait son style, à savoir une absence totale de vulgarité, car il exécrait celle-ci. Christian Marmonnier suggère même qu’Aslan pourrait être « l’inventeur d’une espèce de porno chic avant l’heure. »…
En guise de conclusion, un chapitre sur : « Aslan, sa vie, son œuvre », et un mot de Aslan lui-même, de son vrai nom Alain Gourdon (il est le frère de Michel Gourdon).
En 1984, dans un précédent ouvrage, Aslan décrivit la ferveur qui anime son travail : « J’ai pour la femme un amour immodéré, un sentiment qui n’a pas de rapport avec ces élans triviaux qui nourrissent les hommes vis-à-vis de ces images suggestives, mais une réelle passion d’artiste fasciné par la beauté de la femme. L’être et non l’objet, le plus difficile à représenter… ».
A nous de regarder ces images comme telles. Cent vingt dessins ont été reproduits dans ce livre qui reflète l’image d’une époque qui n’était pas encore totalement vouée à la pornographie. Un très beau livre que tout amateur d’érotisme se doit de posséder.
(par François Boudet)
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