Sergio Algozzino publie ici son premier album en France, après une carrière transalpine déjà bien remplie, avec entre autres des travaux pour Panini et un deuxième métier d’enseignant, de la BD bien sûr.
Dans cet album épais, point d’épanchement existentiel, de questionnement métaphysique. Nous sommes loin du Journal de Fabrice Neaud ou des branlettes pas métaphoriques du tout de Joe Matt. En séquences de quelques pages, Algozzino revisite ce qui a fait sa vie : la BD, les jeux vidéo de la préhistoire (il est né en 1978), les cours de dessin de sa jeunesse, les bouffes qui semblent être le sport national de sa Palerme natale, les dessins animés japonais, et tant d’autre choses qui donnent une impression de vie à la fois bien remplie et joliment banale. Il réussit à adopter un ton plus marquant pour parler du temps qui passe ou d’un pigeon agonisant, jadis rencontré sur un quai de métro.
Côté BD, il y a son entrée dans la première librairie consacrée à ses amours, qui lui fit l’impression du Walhalla, de Shangri-La et du Paradis tout à la fois. Tout amateur de BD se retrouvera probablement dans cette scène [1]. Et puis, il y a ses déclarations d’amour (en tout bien, tout honneur) à Moebius. Il parvient à nous amuser et à nous toucher sans tomber dans le ridicule ou l’auto-dénigrement, ce qui n’est pas une mince affaire.
Enfin, il remplit son album de dizaines de saynètes de la sorte, et finit par brosser un portrait de lui-même agréablement porté par son style très vivant et remarquablement adapté pour croquer aussi bien les personnages enfants que les adultes.
Pluie d’été est un album qui donne envie de tailler une bavette avec l’auteur, ce qui, il faut bien le reconnaître, est loin d’être le cas de toutes les autobiographies.
(par François Peneaud)
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
[1] Moi, c’est Forbidden Planet à Londres, pour ceux que ça intéresse.