À deux doigts de prononcer ses vœux de prêtre, Addi doit obéir à son père et partir sur le front en France. Pour un lettré du Sénégal, le choc est rude, tout autant que la rapidité de la défaite. Prisonnier, il échoue en Bretagne, où il retrouve des compatriotes.
D’abord cantonné à des tâches ingrates et aux travaux agricoles par l’occupant, il parvient à mettre en place des cours de français. Et sa complicité avec une épouse de soldat devient embarrassante...
D’un côté un "vétéran" du dessin très marqué par ses années Spirou, de l’autre un scénariste toujours attaché à des thèmes historiques et leurs implications sociales. Cette première partie de récit fait mouche, et - ce n’est pas si fréquent chez Aire Libre -, s’adresse à un large public.
Kris et Fournier ont en effet opté pour une trame claire et fluide, parfaitement mise en scène, et dont les personnages attirent immédiatement la sympathie du lecteur. Pas si évident quand on évoque la Seconde Guerre mondiale. Une scène atroce, massacre bestial au bord d’une route, rappelle d’ailleurs les réalités de l’époque.
Outre la lisibilité de l’intrigue, Plus près de toi met en lumière le sort des "indigènes", habitants de pays colonisés par la France et enrôlés plus ou moins volontairement. Le choc des cultures prend ici une tournure souvent comique, et les plus tolérants ne sont pas forcément ceux auxquels ont aurait pensé de prime abord. Car Kris semble souligner que, des deux côtés, la guerre pouvait être imposée, voire subie.
L’opus 1 se termine sur un retour inattendu, et des suspenses croisés, sentimentaux pour certains personnages, et politiques pour d’autres, la Résistance étant quant à elle tapie dans la campagne.
Jolie réussite qui allie avec talent des thèmes a priori éloignés.
(par David TAUGIS)
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