Comme beaucoup de créateurs qui vivottent comme critiques, Chris patauge dans l’indécision. Projet de scénario, déménagement, engagement sentimental, rien n’est clair, le flou domine. Quand il rencontre une veuve étrangement stoïque à l’enterrement de son mari, une attirance s’installe, faite de non dits et de gêne ambigüe. Et tandis qu’autour de lui, les amis avancent et le relancent, Chris maintient ses rendez vous avec Una, sans que la relation semble évoluer...
Déjà 20 ans de créations pour le britannique Andi Watson, qui alterne ses romans graphiques avec des collaborations plus grand public (studios américains comme Marvel). Ce nouvel opus marque clairement une volonté de sobriété : le trait minimaliste de ses visages cotoie des paysages rares et sommaires, dans une bichromie vert pâle qui croise des tons de noir et blanc peu contrastés. Ce choix donne plus d’importance aux dialogues, concis, elliptiques, souvent élégants, apportant un dynamisme surprenant aux scènes, pour la plupart à deux personnages. On peut parler de marivaudage avec Points de chute, mais le malaise de Chris renvoie aussi aux portraits contemporains entre cafard et procrastination. Pour ma part, Un homme qui dort de Perec n’est pas si loin.
S’il se dégage un certain charme du jeu de séduction interdit entre Chris et Una, l’album manque tout de même de fond, les personnages demeurant assez superficiels. Mais les puristes s’écrieront sans doute : typically british, isn’t it ?
(par David TAUGIS)
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