La collège des experts concernant la censure a pris sa décision de manière unilatérale : le manga Dark Walker comporte énormément de violence, ce qui laisse deux options à son auteur : soit modifier sa substance, soit publier l’œuvre sur Internet. Il va sans dire que Mikio n’a aucune intention de censurer sa série. Bien décidé à transmettre son œuvre d’une façon complète et authentique, il s’affiche sur le Net et se fait très vite repérer par un éditeur américain en quête d’artistes avides d’hémoglobine.
Suite et fin de ce brillant thriller des temps modernes, signé par un des maîtres du genre, Tetsuya Tutsui, maintes fois récompensé. Poison City a été récompensé par le Prix Asie de la Critique - ACBD (Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée) 2015, trophée remis le 3 juillet dernier à la Japan Expo. D’excellents titres pourtant lui faisaient face dont : Inspecteur Kurokôchi, Innocent ou encore le disciple de Doraku.
Poison City met en exergue la liberté d’expression inatteignable hélas pour tant d’artistes dans le monde. Une censure à laquelle Tetsuya Tutsui s’est déjà retrouvé confronté avec Manhole, une trilogie à l’atmosphère noire et trépidante.
Le collège des experts base ses décisions sur une analyse absurde : si un album atteint, selon eux, une nocivité de 25%, l’auteur se retrouve interdit, quelle que soit la thématique de l’ouvrage. La solution, comme l’explique l’auteur, est simple mais hypocrite : il suffit de regrouper les scènes de violence sur une même page, au lieu de les parsemer dans tout l’ouvrage, afin de ne point dépasser les 20% de violence sur un même ouvrage.
L’auteur arrive à construire un thriller poignant malgré ce fil ténu.
(par Marc Vandermeer)
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